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All that jazz!…

— Par Patrick Mathelié-Guinlet —

poeme_ziziqueNoires et blanches

se déhanchent

en ondulant des anches,

se métissent

et tissent

vaille que vaille,

maille à maille,

maille à partir,

la trame

de leur âme

triste

d’artiste

qui s’envole

– tapis perçant

mes tympans –

de la gueule

cuivrée des saxophones.

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22 mai : poèmes de Patrick Mathelié-Guinlet

le_22_mai22 MAI 1848

I

L’or rouge de l’Afrique a menotté mes yeux
pour toujours obsédés par le son du tambour.
Ces mains battant la peau de joie ou de douleur
dont déborde le cœur des hommes de couleur
conjurant tous les dieux des jungles et des cieux
pour oublier le poids de leur destin trop lourd,
racontant l’épopée d’un trajet sans retour,
d’un exil au delà des terres des ancêtres,
subissant sous le joug insensible de maîtres
cruels l’injustice du légal code noir
qui fait dans la terreur d’un monde sans amour
l’espérance de vie rimer au désespoir.
C’est pourquoi aujourd’hui vient le besoin d’écrire,
d’exorciser enfin le triste souvenir
afin que désormais avec moi puisse dire
tout homme sensé : “L’ESCLAVAGE, JAMAIS PLUS !”

II

Mon île n’est pas née de nébuleuses
mais bien plutôt de la mer houleuse.
22 Mai ! Ce beau jour
vit se briser les chaînes…
N’est-ce pas le bon jour
pour enterrer les haines ?
Et si sont remisés
et les fouets et les fers,
c’est pour qu’enfin jaillisse
aujourd’hui la lumière.
22 MAI 1848

Si se sont libérés
les poignets et les pieds,
cela n’est pas assez
pour crier : « Liberté !

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À Betzi, Marajo, Rosile,

Décembre 59

decembre_59Ils avaient cru qu’en devenant département,
c’en serait fini du mépris, de la misère,
oubliant hélas que toujours le colon ment…
La fermeture des usines sucrières
menant à l’exode rural, pas de travail,
le racisme des colons français fonctionnaires
avaient encore plus agrandi cette faille.
Déçus dans leur espoir, tous ces jeunes frustrés
dans les rues de Foyal exprimaient leur colère.
Ils en avaient assez en chiens d’être traités,
seul le nom de leur laisse avait été changé.
Ils pensaient qu’ils seraient français à part entière,
entièrement à part ils s’étaient retrouvés.
Lors, non content de ne pas tenir ses promesses,
la République avait lâché ses C.R.S.
racistes qui, par la police secondés,
avaient chargé la foule avec brutalité.
Trois morts étaient tombés, fleur de notre jeunesse,
pour défendre à tout prix la dignité bafouée
et la liberté du peuple martiniquais.
À Betzi, Marajo, Rosile, honneur, respect !
Aujourd’hui d’autres leurres à nos choix sont offerts,
alors songeons aux déconvenues du passé
et sachons voir ce qui peut se cacher derrière
afin que nos martyrs ne soient point morts en vain…

Patrick MATHELIÉ-GUINLET

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Autiste, un poême de Patrick Mathélié-Guinlet

 

Je ne vois rien

mais ne suis pas aveugle…

Je n’entends rien

mais je ne suis pas sourd

ni muet, pour autant

je ne dis rien

mais n’en pense pas moins…

Et ce monde où je vis,

où je me réfugie,

certes vaut bien le tien !

Tu parles de folie

quand tu ne comprends rien…

Mais c’est la jalousie

qui fait parler ainsi

lorsque ta vie tu rêves

et que souvent t’en crèves

des rêves inassouvis

alors que j’ai choisi

de vivre dans les miens

que j’aime à la folie !

Change donc ton regard

car mon indifférence,

en fait, à ton égard

est juste une apparence,

plutôt ma différence

et d’or est mon silence…

C’est pas une maladie,

différent je le suis,

mais on peut être amis

dans un monde enrichi

si, au lieu de rejet,

vient un peu de respect.

Lors, à bon entendeur

si tu ouvres ton cœur,

l’autiste te salue…

 

Patrick MATHELIÉ-GUINLET

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