Étiquette : Ndy Thomas

« Moi Chien créole », de Bernard Lagier, m.e.s. D. Bernard, jeu Ndy Thomas

Le 13 juillet 2022 à 19h30 au T.AC.

— Par Marie-André Brault —
Hurler à la lune
Profitant de l’obscurité qui délie les langues, un chien errant s’adresse à vous, raconte sa vie et surtout celle des hommes qui partagent son lot. Exclu, rejeté, méprisé ou tout simplement ignoré, le voici qui devient la voix des sans-voix. Ce chien créole – « ce pelé, ce galeux », disait-on du baudet de La Fontaine – imaginé par l’auteur martiniquais Bernard Lagier, s’il vit dans la fange et dit la détresse des laissés-pour-compte, raconte en cherchant la grandeur chez ces esseulés.

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Le texte de Lagier prend la forme d’un monologue polyphonique qui exige de l’interprète un va-et-vient entre les propos du chien et ceux de Titurpice, employé de la voirie sans envergure dévoré par l’amour, ou de Lacolas, petit voyou, poète des rues qui veut devenir quelqu’un pour honorer la mémoire de son père. À la faveur de la nuit et de l’alcool, le chien créole, croyant en l’importance de faire entendre ce qui est tu, se fait l’écho de leur parole pour retrouver ensuite sa condition de cabot.

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« Les revenants de l’impossible amour », à revoir.

— Par Roland Sabra —

Ne chantez pas la Mort, c’est un sujet morbide
Le mot seul jette un froid, aussitôt qu’il est dit
Les gens du show-business vous prédiront le bide
C’est un sujet tabou… Pour poète maudit
La Mort… La Mort…
Je la chante et, dès lors, miracle des voyelles
Il semble que la Mort est la sœur de l’amour
La Mort qui nous attend, l’amour que l’on appelle
Et si lui ne vient pas, elle viendra toujours
La Mort… La Mort…

Jean-Roger Caussimon

A l’entrée dans la salle, la scène est close, laissant dépasser en bordure quelques miniatures de tombes. En sourdine des chants, des mots, des cris, fusent par instant, incompréhensibles, et quand le rideau se lève il découvre une atmosphère de brumes nocturnes dans laquelle se noient quelques sépultures ornées de gigantesques croix papistes plus ou moins tordues au milieu desquelles on finit par apercevoir un pauvre bougre dépenaillé, armé d’une pelle, fossoyeur supposé, qui se terre et qui soliloque. Il est, Jean-Simon Brutus, une figure de Baron Samedi, à l’origine avec son épouse, Dame Brigitte, de la famille des Guédé, ces incarnations des esprits de la mort dans le vaudou haïtien.

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Petites Formes 2022 : Bolivar

— Par Selim Lander —
Les Revenants de l’impossible amour de Faubert Bolivar

L’édition 2022 du festival martiniquais des « Petites Formes » a commencé en fanfare, pourrait-on dire, par la création d’une nouvelle pièce de Faubert Bolivar. « Fanfare » ne doit pas être pris ici au pied de la lettre, même si la musique est très présente et sur le plateau avec deux musiciens (Daniel Dantin et Ghassen Fendri), l’un à la section rythmique, l’autre à la guitare électrique. Le mot est plutôt à prendre au sens plus général de ce qui révèle un éclat particulier. Et de fait, outre la musique, le décor, les costumes, l’aisance des comédiens, tout contribue à faire de cette pièce un spectacle total.

On ne présente plus Faubert Bolivar au public martiniquais. Sa dernière apparition publique date du mois de novembre dernier, lorsque sa pièce Il y aura toujours un dernier soleil fit l’objet d’une lecture publique – remarquée – par Alexandra Déglise /1. Il fit lui-même, naguère, une apparition en personne sur les planches de Tropiques Atrium où on put l’entendre défendre vaillamment des textes poétiques.

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« Les revenants de l’impossible amour », de Faubert Bolivar, m.e.s. Jean-Erns Marie-Louise

Mercredi 16 mars- 19h Tropiques-Atrium

Primé Meilleur texte dramatique 2017 par Textes En Paroles – G

« Connaissez-vous le dicton qui dit : « ne se rencontrent que les gens qui se sont donnés rendez-vous ». Il en va de même pour la mort, on croit qu’elle arrive par hasard, sereine, somptueuse, montrant le bout de chaque chemin de vie, parce qu’on ignore que l’on ne meurt que sur rendez-vous. Si. Si si. Si-si-siFaubert Bolivar

Note de mise en scène

Faubert Bolivar, est pour moi, un auteur de la même lignée que Franck Fouché, Jean Price-Mars, Jacques-Stephen Alexis, Félix Morisseau-Leroy… ils ont réussi à capter la réalité sociale Haïtienne pour la rendre universelle par la forme et la langue. 

Henry Gauthier-Villars tout comme Franck Fouché affirment que le théâtre est bien d’essence religieuse. Si étymologiquement, religieux signifie ce qui relie, le théâtre ne serait donc vraiment lui-même quand il reste fidèle à sa mission originelle servir un idéal social, réunir serait sa double fonction. Cette double mission dont parle Gauthier-Villars nous montre que le théâtre n’a d’autre objectif que d’opérer une série de déplacements qui vont du déroulement des pulsions élémentaires du corps, en passant par le rythme, par la dislocation de l’anatomie jusqu’à l’éclatement des forces premières occultes pour mettre à nu la vie dans sa transparence.

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