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Politique muséale : la location des œuvres d’art

— Par Michel Herland —

La publication dans Le Monde du 13 décembre 2006 d’un point de vue, de Françoise Cachin, Jean Clair et Roland Recht dénonçant la politique de location d’œuvre d’arts menée par le Louvre, a créé une sorte d’effervescence qui déborde désormais le monde des musées puisque la pétition de soutien au point de vue en question a déjà recueilli plus de 3000 signatures émanant des milieux les plus divers.

Les journaux ont largement fait écho à cette polémique, rappelé que deux des auteurs du point de vue, n’ont pas hésité eux-mêmes à monnayer les prêts des œuvres dont ils vaient la charge, la première en tant que responsable de la collection de l’Orangerie, le second comme directeur du musée Picasso. Au-delà de cette polémique, reste une question de fond posée par les trois auteurs qui considèrent que « l’utilisation commerciale des chefs d’œuvre du patrimoine national » serait moralement choquante.

De prime abord, on ne voit pas très bien ce que la morale vient faire là-dedans. La France – qui demeure la première ou la deuxième destination touristique mondiale – ne fait que cela : commercialiser son patrimoine, sans que personne y trouve à redire.

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La grande escroquerie du Palais de Tokyo

— par Michel Herland —

Le débat sur l’art contemporain fait déjà rage et l’on devrait sans doute se retenir d’y intervenir lorsqu’on ne possède pas les patentes et certifications reconnues dans un univers où l’on se retranche d’autant plus volontiers derrière l’élitisme esthétique que l’on est forcément conscient du regard goguenard de la majorité du public. Il y a des moments, néanmoins, où critiquer devient un devoir civique. Et l’exposition actuellement en cours au palais de Tokyo (à Paris, jusqu’au 14 janvier) est une telle caricature de ce que peut produire l’art ( ?) contemporain que l’on ne saurait passer outre au devoir d’indignation.

Pour les lecteurs qui ne seraient pas familiers avec cette forme d’expression artistique, il faut préciser qu’on n’attend pas des artistes contemporains qu’ils proposent du « beau ». Ou bien le beau en question ne peut être que le sous-produit, généralement non désiré, de la démarche de l’artiste. L’art contemporain se doit d’être troublant ; il s’agit de choquer (et bien souvent de choquer « le bourgeois »). Cet art prend le plus souvent la forme d’ « installations » : on confie à l’artiste une pièce ou une partie de pièce dans le musée, espace dans lequel il a la liberté de disposer dans l’ordre ou le désordre qui lui conviennent le mieux une série d’objets, parfois fabriqués pour la circonstance, parfois simplement rassemblés là et c’est alors de leur juxtaposition que doit naître la surprise, le trouble, puisque ce sont là les ressorts principaux de cette sorte d’art.

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Michel Onfray ou les contradictions d’un hédoniste

 

par Michel Herland

La réédition récente en Poche « Biblio essais » de deux ouvrages de Michel Onfray qui traitent directement de morale – en schématisant, d’abord le rapport à soi (La sculpture de soi – la morale esthétique, Grasset 1993 et Le Livre de Poche 2005, ci-après SS), puis le rapport aux autres (Politique du rebelle – traité de résistance et d’insoumission, Grasset 1997 et Le Livre de Poche 2006, PR) – est l’occasion de s’interroger sur la portée d’une œuvre plébiscitée par ce qu’il est convenu d’appeler le grand public cultivé mais souvent décriée par les philosophes patentés (1). De livres en livres, Michel Onfray se consacre à détruire les préjugés de toute sorte qui nous empêchent, selon lui, de vivre bien, et à proposer à la place une éthique hédoniste. Nul ne contestera l’intérêt de l’entreprise, d’autant qu’elle passe par la mise en évidence d’auteurs souvent injustement méconnus de l’histoire de la philosophie, tous ces marginaux en lesquels M.O. se retrouve davantage que dans les grands auteurs du programme. Il récuse en effet tout autant l’idéalisme de Platon ou de Hegel que le matérialisme de Marx et l’existentialisme sartrien.

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L’Éthique selon Edgar Morin

 

Edgar Morin, La Méthode 6 – Éthique, Paris : Seuil, 2004.

 par Michel Herland

 

On ne présente pas Edgar Morin, personnalité éminente de l’intelligentsia française, auteur d’une cinquantaine d’ouvrages parmi lesquels quelques essais sociologiques qui ont fait date (Les Stars, 1957, La Rumeur d’Orléans, 1969) et surtout une somme, La Méthode (1981-2004) dont le projet, fort ambitieux, ne vise pas moins qu’à changer notre regard sur le monde, sans rien dissimuler de sa complexité, grâce à une démarche systémique. En passant, malgré tout, peut-être un peu vite sur l’objection d’ordre épistémologique qui se présente d’emblée : Comment une telle méthode considère-t-elle la distinction qui existe inévitablement entre l’objet réel, éminemment complexe en effet, et l’objet de la connaissance, le « modèle », nécessairement simplificateur (1) ?  La reconnaissance de « la différence entre la réalité empirique et la forme théorique » (2) étant le point de départ de la démarche scientifique, toute tentative pour la tirer du côté du concret comporte donc un risque du point de vue de sa pertinence.

 Dans le 6ème et dernier volume de la Méthode (3), Edgar Morin (E.M.)

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« Lettres sur la Justice sociale à un ami de l’humanité » de Michel Herland

 

justice_sociale— Par Jacques Brasseul —

(Paris, Ed. Le Manuscrit, 2006, 334 p).

 

Le dernier ouvrage de Michel Herland, professeur à l’Université des Antilles-Guyane en Martinique, se présente comme une suite de onze lettres. Les dix premières présentent les principales théories concurrentes en matière de justice sociale. Sur la base de cette analyse comparée, la dernière lettre présente un certain nombre de propositions concrètes.

 

La méthode retenue par M.H. consiste à focaliser sur les quelques auteurs qui ont développé explicitement une théorie de la justice, à faire ressortir les logiques internes de chacune et le type de politiques qui en résulte. Il multiplie les citations, ce qui offre le double avantage de nous permettre de contrôler ses interprétations et de nous mettre en contact direct avec des manières d’écrire très diverses, suivant l’époque et le tempérament des auteurs considérés. Pour qui n’a jamais rien lu de l’« inventeur d’idées » génial que fut Charles Fourier, par exemple, la découverte de son style farfelu sera toute une expérience !

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