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Coronavirus, faire face à l’urgence et passer à une autre phase

— Par André Lucrèce & Louis-Félix Ozier-Lafontaine, sociologues —
Nos observations et réflexions nous conduisent à penser que nous sommes passés aujourd’hui à une autre phase de l’épidémie qui affecte notre peuple. Les contaminations au coronavirus ne sont plus exogènes, c’est-à-dire contactés par des personnes venues de l’extérieur (touristes, croisiéristes, visiteurs occasionnels). Aujourd’hui, avec le développement du virus dans notre pays, elles sont endogènes : ce sont des Martiniquais qui contaminent d’autres martiniquais. Le virus Covid-19 est extrêmement contagieux et la contamination gagne chaque jour du terrain dans notre pays.
Ce qui se vit dans la phase dans laquelle nous sommes dorénavant, c’est le danger d’un nombre massif de contaminations et en conséquence un nombre important de décès concernant notre peuple. On doit donc comprendre que le confinement n’est pas une punition, mais un moyen de protection. C’est une question de vie ou de mort dans un contexte sanitaire déjà éprouvé par les empoisonnements massifs, notamment par le chlordécone.
Que chacun en prenne conscience : l’illusion de pérennité ne garantit en rien la survie. Partout, le caractère inédit et cruel de cette crise sanitaire, ainsi que leurs conséquences sur la vie quotidienne posent individuellement et collectivement de multiples problèmes idéologiques et philosophiques.

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«L’insécurité a amené les Martiniquais à s’armer pour se protéger»

Pour le sociologue Louis-Félix Ozier-Lafontaine, la campagne «Déposez les armes» sur l'île antillaise est une «opération qu’il faudra reproduire».

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Grenades, munitions, fusils de chasse et revolvers. En deux mois, les Martiniquais ont rapporté dans les commissariats et les gendarmeries du département plus de 460 armes à feu et environ 22 000 munitions. Une récolte considérable, fruit de la campagne «Déposez les armes» menée par la préfecture depuis le 1er février. Pour parvenir à une telle collecte, la préfecture a promis de ne pas poursuivre ceux qui rendaient leurs armes aux autorités, même si celles-ci étaient détenues illégalement.

Cette campagne, largement inspirée de celle menée en 2013 en Guadeloupe, intervient quelques semaines seulement après l’envoi d’une circulaire au procureur général de Fort-de-France par Christiane Taubira, le 2 janvier, dans laquelle la garde des Sceaux soulignait «l’importante circulation d’armes» brandies «pour des mobiles dérisoires». La plupart des meurtres commis dans le département en 2013 l’auraient d’ailleurs été par une arme à feu. Louis-Félix Ozier-Lafontaine, sociologue et auteur de plusieurs ouvrages sur les Antilles, décrypte les raisons de la prolifération des armes en Martinique et la campagne menée par la préfecture.

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