À propos de la Weltliteratur ( littérature universelle) et de la religiosité goethéenne
— Par Michel Pennetier —
Je commencerai mon propos en vous lisant un poème du « divan » qui évoque l’ état d’âme de Goethe lorsqu’il commença à écrire cette œuvre.
Dans le présent, le passé
La rose et le lys nimbés
De rosée matinale
Fleurissent dans le jardin proche.
A l’arrière plan, buissonneux et familier
Le rocher se dresse vers les hauteurs.
Et entourée d’une haute forêt
Couronnée par un château-fort
S’étend la courbe des sommets
Jusqu’à ce qu’elle se réconcilie avec la vallée.
Et l’air est parfumé comme jadis
Quand nous souffrions d’amour
Et que les cordes de notre psautier
Se disputaient avec le rayon matinal.
Puisque les forêts croissent éternellement,
Prenez courage à leur présence,
Ce dont vous avez joui jadis,
Peut profiter à d’autres
Personne ne nous reprochera
D’être égoïstes.
En chaque génération
Il faut savoir jouir de la vie.
Et avec ce chant et ces propos
Nous voici de nouveau chez Hafez
Car il est de bon aloi
D’apprécier l’accomplissement du jour
Avec ceux qui savent en jouir.



L’Allemagne a eu son grand poète et la magie son épopée: cette épopée, c’est le drame gigantesque de Faut. Goethe était initié à tous les mystères de la magie philosophique, il avait même pratiqué dans sa jeunesse la magie cérémonielle. De ces tentatives audacieuse, il écrivit Faust. Faust est le magnifique commentaire d’une des plus belles pages de l’Évangile. Le génie humain représenté par Faust, prend pour valet l’esprit du mal, qui aspire à devenir son maître, il épuise vite tout ce que l’imagination met en joie dans les amours illégitimes, il traverse les orgies de la folie et du charme souverain de la beauté. La nouvelle Eve a lavé avec le sang d’Abel la tache du front de Caïn et elle pleure de joie…