Étiquette : festival

Le Martinique Jazz festival 2017

— Par Selim Lander —

Un aperçu limité aux deux soirées qui se sont déroulées dans la grande salle de l’Atrium, aperçu très partiel d’un festival qui aura permis d’écouter en divers endroits de la Martinique une vingtaine d’ensembles plus ou moins étoffés. Les deux soirées de gala dans la salle Aimé Césaire ont permis chacune, comme il est désormais de tradition, de découvrir successivement deux ensembles différents. La chanteuse d’origine guadeloupéenne Tricia Evy a précédé l’Africain Ray Lema le 1er décembre. Le lendemain, le « souffleur » américain Kenny Garrett a succédé à sa compatriote l’organiste Rhoda Scott. Deux soirées éclectiques et de bonne facture. Ray Lema joue du piano et ajoute parfois sa voix chaude et grave. Son quintette rassemble un guitariste (basse), un saxo, un trompettiste, un batteur. Kenny Garrett est un surdoué du saxophone, admirateur de John Coltrane, qui accompagna Miles Davis pendant plusieurs années avant de prendre son envol. Accompagné par un pianiste, un contrebassiste, un batteur, un percussionniste, il se revendique de genres musicaux très variés et séduit particulièrement dans ses solos qui balancent entre virtuosité et lyrisme.

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L’Afrique filmée tout court à Clermont-Ferrand

— Par Muriel Steinmetz —
regards_d_afriqueDeux cinéastes malgaches, un Ivoirien et une Sénégalaise explorent, brièvement l’âpre vie quotidienne de leurs pays respectifs.

Clermont-Ferrand, envoyée spéciale.  La section Regards d’Afrique présente onze films déclinés en deux volets. De Madagascar, deux courts métrages de qualité s’emparent de sujets sensibles. Le Petit Bonhomme de riz, de Rianando Ludovic Randriamanantsoa, capte sur le vif une communauté de gens très pauvres, dont un petit garçon (Gege Rasamoely) qui crève l’écran. Face à la prostration de ses aînés, le gamin se démène et ruse en se nichant sous les étals du marché pour percer les sacs de riz dont il récolte le contenu dans sa casquette. C’est filmé à bout portant au plus près des visages. L’effet de vérité est confondant.

D’un autre Malgache, Gilde Razafitsihadinoina, le court métrage les Enfants de la périphérie donne à voir en parallèle la vie des écoliers d’un village misérable et la condition des casseurs de cailloux. Cette condition faite de gestes durs et répétitifs ne laisse aucune place à l’école.

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Jane Campion va donner du sens au festival de Cannes

—Par Dominique Widemann —
JaneCampionLa réalisatrice néo-zélandaise présidera le jury du 67e Festival de Cannes. Double Palme d’or, pour son court métrage pour Peel en 1986, puis pour le long métrage pour La leçon de piano en 1993, elle devient la première femme réalisatrice présidente du jury.

Il y a un an, la Quinzaine des réalisateurs avait décerné à Jane Campion le carrosse d’or,  pour l’ensemble de son œuvre. Dominique Widemann, journaliste critique à l’Humanité, lui avait alors consacré un portrait, Jane Campion, le cinéma expérience sensorielle. Nous le republions:

Avant de remettre à Jane Campion le prix de la reconnaissance de son travail par hommes et femmes de métier réunis au sein de la Société des réalisateurs de films (SRF), initiatrice de la Quinzaine, une de ses œuvres a été projetée, Top of the Lake. Quête de limites émotionnelles aux délicats croisements des genres, polar et emprise psychologique, exploration des relations familiales, affinités et dissonances, Jane Campion poursuit ses thématiques en une nouvelle cristallisation.

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Avignon : Jean-Paul Delore, Anne Teresa de Keersmaeker

Fin du IN, pour ce qui nous concerne, avec deux événements bien éloignés du théâtre.

— Par Selim Lander —

Dieudonné Niangouna dans Sans Doute

« Oratorio électrique, spectacle musical, théâtre fragmentaire » : telles sont quelques-unes des expressions qui reviennent à propos des productions de Jean-Paul Delore (qui dirige « Carnets Sud/Nord, laboratoire itinérant de créations théâtrales et musicales »). Il est présent cette année dans le IN avec le spectacle Sans Doute, par l’intermédiaire de Dieudonné Niangouna, comme l’on sait l’un des deux « artistes invités » cette année. Ce dernier paye d’ ailleurs de sa personne dans le spectacle, en tant que comédien (et danseur) vedette : heureuse l’occasion ainsi fournie à ceux qui, comme nous, n’avaient pas encore eu l’occasion de découvrir son remarquable talent d’acteur, de se rattraper.

Quelle que soit l’étiquette qu’on lui accole, Sans Doute ne se présente en tout cas pas comme une pièce de théâtre. Douze comédiens / musiciens / chanteurs sont alignés face au public, avec l’équipement requis pour jouer de la musique électronique ou électro-acoustique. Les chants cependant seront le plus souvent traditionnels. La composition du plateau est éclectique avec six nationalités et sept langues différentes, réunies au gré des résidences de Jean-Paul Delore en Afrique, an Amérique du Sud, au Brésil, au Japon.

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Avignon : « Swamp Club » de Philippe Quesne

—Par Selim Lander

Swamp Club 1Swamp Club de Philippe Quesne est passé par Vienne et Berlin avant Avignon. Une grande tournée internationale suivra. Ce metteur en scène a donc une solide réputation et des soutiens dans le monde du théâtre contemporain. Aussi était-on particulièrement curieux de le voir à l’œuvre. Il a lui-même comparé ses spectacles à « des études entomologiques, dans lesquelles on pourrait observer des êtres humains évoluer comme au microscope » – une remarque citée par Marion Siefert dans le programme du festival. Elle ajoute que Philippe Quesne « sculpte ses thématiques plus qu’il ne les écrit, trouvant son inspiration aussi bien dans la peinture et les arts graphiques que dans les aléas du réel et de la création collective ».

En pénétrant dans la salle de Vedène, grande et moderne, où Swamp Club est programmé, on est tout de suite séduit par le décor qui occupe tout le plateau. À jardin, une salle cubique, toute vitrée, sur pilotis, au-dessus de la marre qui donne son titre à la pièce. À cour, en haut d’une pente, une sorte d’entrée de mine ou de souterrain, légèrement surélevée, étayée de billots de bois et, devant, écrits avec des morceaux de bois les deux mots swamp et club.

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Avignon : Kwahulé, Kacimi, Marivaux

Par Selim Lander –

Le IN - Cloître St LouisEn Avignon le festival bat son plein. Les rues de la ville sont envahies par les amateurs de théâtre et par les comédiens qui s’efforcent de les convaincre de venir assister à « leur » spectacle qui promet tant de merveilles. Les affiches s’étagent sur les murs, accrochées partout où c’est possible, aux grilles, aux fenêtres et aux moindres poteaux. Les chiffres donnent le vertige : 1258 spectacles différents aux OFF et 66 au IN, lequel a depuis longtemps débordé de son lieu historique, la cour d’honneur du palais des Papes et envahi cloîtres, lycées, etc. Un nouveau lieu, une construction nouvelle, a ouvert cette année, la FabricA, dédié aux résidences et aux répétitions. En dehors des représentations proprement dites, le festival est marqué par divers événements et de nombreux débats à destination des professionnels comme d’un public plus large. Ainsi, le lundi 15 juillet, le IN s’interrogeait sur « Comment sortir de la crise de l’avenir ? », tandis qu’au OFF on débattait sur « Culture et numérique – le prix de la gratuité ».

Mais l’on se rend en Avignon d’abord pour le théâtre.

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Tintouin au Congo

 

Pendant 4 jours, le festival Étonnants Voyageurs s’est posé dans le pays très répressif de Denis Sassou-Nguesso avec près de 90 écrivains venus parler littérature, Afrique et liberté d’expression. Reportage à Brazzaville.

 

Elle est congolaise, elle est romancière et elle n’était pas prévue au programme. Surtout pas pour l’inauguration du premier festival Etonnants Voyageurs de Brazzaville. Mais ce 14 février, dans un grand auditorium encadré par deux portraits du président Denis Sassou-Nguesso qui font de la réclame «pour une république unie et indivisible», le discours de l’ambassadeur de France venant de succéder à celui d’un représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie, on commençait vaguement à s’assoupir quand soudain Gilda Moutsara, 38 ans, grimpe sur scène, attrape le micro sous le nez du ministre de la Culture et réveille tout le monde en plaidant avec véhémence la cause de « 400 familles sinistrées qui dorment dans la cour de la mairie de Makélékélé » depuis les terribles inondations de décembre: 

Nous sommes un pays pétrolier, nous avons des richesses.
Pourquoi les Congolais souffrent?
J’interpelle ici les autorités!»
 

Malaise chez les officiels locaux ; tumulte enthousiaste dans le reste de la salle, bourrée de lycéens en uniformes.

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