Près de 40 % des mesures coercitives prises dans le cadre de l’état d’urgence et contestées devant une juridiction administrative ont été jugées illégales en 2016.
Assignations à résidence, perquisitions administratives, saisies de documents : près de 40 % des mesures coercitives prises dans le cadre de l’état d’urgence et contestées devant une juridiction administrative ont été jugées illégales en 2016, a-t-on appris jeudi au Conseil d’État. « Les juridictions administratives dans leur ensemble ont été saisies en 2016 de nombreux recours portant sur des mesures prises sur le fondement de l’état d’urgence », a expliqué mardi le vice-président du Conseil d’État, Jean-Marc Sauvé, lors de la présentation du rapport 2017 de la plus haute juridiction de l’ordre administratif.
« Au total, les tribunaux administratifs ont été saisis de 863 affaires pour lesquelles, dans près d’un tiers des cas (32,8 %), ils ont prononcé des annulations ou des suspensions, totales ou partielles, des décisions contestées », a-t-il détaillé. Le Conseil d’État a quant à lui rendu 112 ordonnances sur le fondement de l’état d’urgence. Dans près de 40 % des cas, la décision initiale du ministre de l’Intérieur a été remise en cause, soit que le ministère ait abrogé lui-même la décision prise, soit que le Conseil d’État ait suspendu en totalité ou partiellement la mesure, a indiqué le haut magistrat.

Nuit houleuse à l’Assemblée. Pourtant, de l’inefficacité manifeste de l’état d’urgence pour lutter contre les actes terroristes et les prévenir, relevée par les divers rapports parlementaires dont le plus récent rappelait que « les mesures prises pendant l’état d’urgence n’ont pas été évoquées par les spécialistes de la lutte contre le terrorisme comme jouant un rôle particulier dans celle-ci », il n’a été que très peu question. Encore moins, évidemment, des dérives que ce régime d’exception contient et produit.
La droite a mené hier l’offensive sécuritaire à l’Assemblée nationale, réclamant la prolongation pour « au moins » six mois de l’état d’urgence. Le gouvernement cède : droits de rassemblement et de manifester, libertés individuelles… au-delà de la lutte contre le terrorisme, c’est l’État de droit qui est menacé.
Les députés français ont adopté lundi soir par 103 voix contre 26 l’article premier du projet de loi qui inscrit dans la Constitution l’état d’urgence. Ils s’attaquent ce mardi à l’examen de l’article 2 qui étend la déchéance de la nationalité française…
Dans un rapport consacré à « l’impact disproportionné de l’état d’urgence« , Amnesty demande au gouvernement de prouver l’efficacité de ces mesures, en cas contraire de renoncer à sa prolongation. L’ONG a rassemblé de nombreux témoignages montrant les violations des droits humains commises au nom de ce régime d’exception.