Étiquette : Compagnie Marbayassa

« Candide, l’Africain » : un bien commun

— Par Roland Sabra —

candide_africain-2Candide : Croyez-vous que les hommes se soient toujours mutuellement massacrés comme ils le font aujourd’hui ?

Martin : Croyez- vous que les éperviers aient toujours mangé des pigeons quand ils en ont trouvé ?

Candide : Oui, sans doute

Martin : Eh bien ! si les éperviers ont toujours eu le même caractère, pourquoi voulez-vous que les hommes aient changé le leur ?

Lire Candide aujourd’hui c’est plonger dans l’actualité. Candide et Pangloss, Cunégonde et Paquette, Martin et Cacambo ? Des guerres, des atrocités, des régimes totalitaires ou illusoires, le règne de l’obscurantisme et du fanatisme religieux, des tremblements de terre, des inquisiteurs, l’Europe centrale, Paris, Lisbonne, Buenos-Aires, l’Eldorado, Constantinople, Venise, partout Candide tombe de Charybde en Scylla. Et ce parcours est un « Voyage au bout de la nuit. » Tout comme il y a du Candide chez Bardamu il y a aussi, anachronisme mis à part, du Bardamu chez ce Candide. Cette même perte de l’innocence.

Voltaire, considéré comme un des plus grands dramaturges européens en son temps ne survit sur les tréteaux que par ce Candide mille et une fois adaptés depuis sa parution.

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Baâda le malade imaginaire : ou de l’assujettissement ?

— Par Roland Sabra —

argan__toinetteArgan :
Je lui commande absolument de se préparer à prendre le mari que je dis.
Toinette :
Et moi, je lui défends absolument d’en faire rien.
Argan :
Où est-ce donc que nous sommes ? et quelle audace est-ce là, à une coquine de servante, de parler de la sorte devant son maître ?
Toinette :
Quand un maître ne songe pas à ce qu’il fait, une servante bien sensée est en droit de le redresser.

 

L’encre de Molière n’est pas encore sèche. La Compagnie Marbayassa dans Baâda le malade imaginaire en fait la démonstration. Le spectacle s’est joué à guichets fermés deux années de suite à Avignon, il a fait stade comble à Bamako, il s’est produit à La Réunion , en Guyane, à Ouagadougou, Francfort, Bruxelles… et Fort-de-France. Comme toutes les œuvres fortes, elle donne lieu à une foison de clés de lecture. Celle que nous propose la compagnie Marbayassa peut-être même à l’insu de l’intention première de la mise en scène, et qui semble émerger du jeu des comédiens est celle d’une dialectique entre maître et servante (Argan et Toinette), et au-delà d’une façon plus globale d’une problématique de l’assujettissement.

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Baâda, le malade imaginaire : contre obscurantisme et charlatanisme

Jeudi 6 octobre 2016 à 20 h Tropiques-Atrium

baada_le_malade_imaginaireSuccès 2014-2015 Rencontre entre Molière et l’Afrique ! Sept comédiens-danseurs, un fauteuil et la musique pour tout décor dans cette adaptation fidèle où le comique de Molière est ponctué par des intermèdes dansés aux rythmes d’instruments africains. M. Purgon est féticheur, Argan et Toinette un couple surprise, et tous les personnages sont des notables de la société africaine. Cette comédie universelle, montée au Burkina Faso, enfonce le clou contre nos peurs et les charlatans qui en font commerce.
Un musicien pince les cordes d’une Kora, entre à cour. Il s’assoit et le reste de la troupe surgit et lance, magnifique de grâce et d’énergie l’ouverture musicale et dansée. -Toinette Toinette !
crie Argan et le texte de Molière nous revient aux oreilles avec sa malice et sa drôlerie.
L’adaptation de Guy Giroud n’est pas une idiote tentative d’acclimatation de l’oeuvre de Molière mais une lecture fidèle et du texte et de son esprit. SI le docteur est un féticheur il ne s’agit seulement d’autoriser au comédien un jeu plus global. Chez Giroud, les comédiens ne jouent pas seulement avec le haut du corps.

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