Étiquette : Bernard-Marie Koltès

DEAL : une magistrale mise en demeure de la fraternité du désespoir.

— Par Dominique Daeschler —

Dans la solitude des champs de coton marque le début du long compagnonnage de l’auteur Bernard-Marie Koltès avec Patrice Chéreau . Ce texte est la source d’inspiration de Deal. Jean Baptiste André s’en empare , pour nous donner, entre cirque, théâtre, danse, un spectacle criant d’intelligence et de talent sur la relation à l’autre, sur le désir d’altérité et son rejet.

Dans un lieu improbable, deux hommes, entre chien et loup, errent, se voient, se heurtent, se parlent : sans qu’on ne sache jamais – et ce n’est pas innocent -ce qu’il y a à vendre. S’établit un rapport marchand entre vendeur et client, un deal un peu louche, dans un dispositif scénique carré qui joue joliment de la quadrature du cercle. On se cherche, on se rencontre, on s’esquive, on se détourne : chasse à l’autre mâtinée de danses, d’acrobaties, de bouts de textes proférés dans le souffle de l’effort. Debout ou au sol, le mouvement dit à la fois le refus de l’autre et son désir, le désir du désir de l’autre : juste, pas juste, oui, non.

→   Lire Plus

La Nuit juste avant les forêts interprétée par Jacques-Olivier Ensfelder : Incandescent !

b-m_k« Chacune de tes paroles s’encombre d’un débris de mes rêves. » Aimé Césaire (1)

Par Selim Lander – Rien de plus tentant pour un comédien de théâtre que le monologue : seul en scène, donc assuré d’avoir le premier rôle, il ne craint pas de se faire voler la vedette par un camarade. Surtout – pour peu que son personnage soit suffisamment riche – il est en position de donner toute sa mesure, en visitant tous les registres, du sérieux au comique, de l’enfant au vieillard, du masculin au féminin, du sage au fou. Or le texte de Bernard-Marie Koltès possède tout ce qu’il faut pour faire briller les mille facettes d’un acteur doué.

→   Lire Plus

Une performance de Jacques-Olivier Ensfelder, entourée d’artifices inutiles

"La nuit juste avant les forêts" à Fort-de-France

 Modifié le 02-02-2014

j-o_ensfelderJacques-Olivier Ensfelder ( photo) fait montre d’un grand talent dans «La nuit juste avant les forêts ». Il portait en lui ce texte comme on garde un mystère. Depuis de longues années. Au fond du cœur. Étranger à lui-même et si proche, comme un enfant qui vous déchire de trop vous ressembler. Il porte le texte qui souvent l’emporte. C’est une bataille douce et douloureuse qu’il livre sur scène, dans une chorégraphie amoureuse avec les mots, les sonorités, les registres de langage, la musicalité de la phrase. Les scansions, les découpes qu’il opère dans le texte, se construisent comme témoignages de fidélité et de reconnaissance, comme preuves d’amour à l’auteur trop tôt disparu. Seul en scène il convoque la multitude des rencontres éphémères, des amoures sans lendemains, des déceptions d’une demande infinie dont l’objet toujours se dérobe à ne pouvoir être nommé. Sec et nerveux, violent et précis le phrasé épouse et enlace le propos, lui accorde des plages de repos, de calme précaire sur fond d’inquiétude sans cesse renaissante.

→   Lire Plus