Étiquette : antisémitisme

« Islamo-gauchisme » à l’université, la réponse d’un sociologue

— Par Bernard Gorce —

Dans son rapport, Michel Wieviorka exprime ses réserves sur les usages politiques et militants de certains concepts sociologiques et dénonce l’influence du Printemps républicain ou de l’Observatoire du décolonialisme, accusés de manquer de nuance.

Il y a tout juste un mois, la ministre de l’enseignement supérieur Frédérique Vidal dénonçait « l’islamo-gauchisme » qui « gangrène » l’université. Après l’émotion, les polémiques et les pétitions, voilà enfin un premier élément de réponse argumentée par Michel Wieviorka, l’un des sociologues les plus au fait du racisme et des études dites « postcoloniales ».

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La ministre avait souhaité « un état des lieux de ce qui se fait en recherche en France sur ces sujets ». Le directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) s’est auto-saisi du sujet et adresse à la ministre un « rapport » qui intéressera tout autant le grand public.

La race au sens culturel, une « catégorie pertinente »

Le chercheur restitue d’abord les racines de ces études qui connurent une transformation dans les années 1960 aux États-Unis et explicite les concepts et approches tels que « racisme institutionnel », « intersectionnalité », « postcolonialisme » et « décolonialisme », etc.

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« Le Marchand de Venise »

— Par Selim Lander —

le-marchand-de-veniseLe Marchand de Venise n’est pas la pièce la plus jouée de Shakespeare. On peut le comprendre de deux manières. Le négatif : la faiblesse de l’intrigue qui repose sur une série de ressorts tous plus incroyables les uns que les autres. Certes, la comédie romantique n’est pas nécessairement subtile mais quand elle s’affranchit complètement des règles de la vraisemblance, on n’est pas obligé d’adhérer… sauf si c’est parfaitement interprété (ce qui ne sera hélas pas tout-à-fait le cas ici – cf. infra). Le positif : le véritable sujet qui est celui de l’intolérance, du racisme et des droits, dans ce cas, de la victime. Le sujet est universel, même s’il prend une résonnance particulière dans une ancienne « île des esclaves ». En l’occurrence, il s’agit du statut des juifs à Venise, à l’époque où la Sérénissime était le centre d’une « économie-monde » braudellienne, des juifs relégués dans leur ghetto où ils faisaient commerce de l’argent, un commerce alors interdit (en principe) aux chrétiens.

Donc un juif, un usurier, Shylock, qui a souffert toute sa vie du mépris de ses partenaires chrétiens et qui saisit la première occasion qui se présente pour se venger : il prêtera 3000 ducats à un marchand vénitien, qui ne l’a jamais traité qu’avec mépris, par un contrat stipulant que si le marchand fait défaut, le créancier pourra prélever sur sa poitrine, du côté du cœur, une livre de chair.

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Antisémitisme, les réseaux de la haine

 — Par Willy Le Devin et Dominique Albertini—
haineDÉCRYPTAGE
Au-delà des violences, graves, en marge des manifestations propalestiennes, le discours antijuif fait en France un inquiétant retour en force.

Après les violences extrêmement graves dont a été victime dimanche, à Sarcelles, la communauté juive – trois commerces brûlés et quinze vandalisés -, Libération dresse un inventaire des nouveaux acteurs de l’antisémitisme en France. Une tendance nauséabonde et dangereuse qui prospère sur les blessures sociales et identitaires de jeunes vivant notamment dans les quartiers populaires.

Les propalestiniens radicaux

L’annuaire de l’antisémitisme est délicat à dresser du côté des associations soutenant la cause palestinienne. Si, pour grande majorité, elles sont tout à fait sérieuses et responsables, plusieurs posent clairement problème. Le dilemme, pour les autorités, est de décrypter leurs discours et leurs motivations à l’heure d’empêcher un rassemblement. Qui interdire ? Comment étayer l’interdiction ? Où situer la limite entre une critique engagée de la politique extérieure israélienne – «Israël assassin» -, une simple défense du peuple palestinien – «Palestine vivra, Palestine vaincra» -, et un soutien au Hamas – «Vive le Hamas, Allah Akhbar» ?

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Tribune: l’héritage antisémite de Dieudonné

antisionismeQuel est l’intérêt pour les antisémites d’assimiler le peuple juif au sionisme?

—Par Jean-Paul Gautier, historien, spécialiste des extrêmes droites, coauteur de la Galaxie Dieudonné : pour en finir avec les impostures (Éditions Syllepse, 2011).—

« Derrière la forme apparemment politiquement correcte d’un antisionisme qui se veut fédérateur, Dieudonné développe, en fait, un antisémitisme de plus en plus marqué et virulent (les dernières attaques contre Patrick Cohen). La thématique antisioniste lui permet d’éviter les foudres de la justice qui, c’est bien connu, «est aux mains des juifs». Le monde tel qu’il le voit est un monde sur lequel les juifs règnent en maîtres sur la pensée et le discours. Un monde aux mains du « puissant lobby des youpins sionistes » (AFP, 4 juin 2009). Ainsi, il a accusé François Hollande lors de sa récente visite en Israël de «s’être prosterné devant ses maîtres».

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« On n’éteint pas la haine par décret »

— Par Pascal Bruckner (Essayiste)—

antiracisme-325L’écrivain antillais Frantz Fanon aimait à rapporter les paroles de son professeur de philosophie : « Quand vous entendez dire du mal des juifs, dressez l’oreille, on parle de vous. » Un antisémite était forcément un négrophobe, englobant l’un et l’autre dans une même animosité.

On sait qu’en France comme aux Etats-Unis Noirs et juifs ont partagé une même solidarité d’exclus : ils étaient ces invisibles de la société, bannis de l’espace public réservé aux seuls WASP (Blancs anglo-saxons protestants). Cette belle unité s’est fracassée : le juif n’est plus « le frère de malheur », selon Frantz Fanon, mais celui dont la tragédie, en l’occurrence la Shoah, ternit la mienne et m’empêche d’être son frère.

MÉMOIRES BLESSÉES EN CONCURRENCE

Il y a eu des génocides avant 1942 et toute l’histoire de l’humanité est l’histoire d’un crime contre l’humanité. Tout se passe comme si l’Holocauste avait ouvert un espace d’interprétation : dans un cas, c’est un événement ouvrant à l’intelligence des crimes de masse, et qui permet de regarder d’un autre œil l’extermination des Amérindiens, des Aborigènes australiens, des Arméniens, des Herrero en Namibie, les crimes du colonialisme et l’abomination de l’esclavage ; dans l’autre, une théologie négative qui fait des juifs et d’eux seuls les agents d’une élection maudite.

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Christiane Taubira condamne vivement le « pitoyable bouffon » Dieudonné

—Par LEXPRESS.fr, —

dieudon_bouffonLa ministre de la Justice Christiane Taubira publie un texte dans lequel elle s’attaque sans concession à Dieudonné et ses idées. Elle y privilégie la sanction à l’interdiction et appelle les citoyens à lutter.

Christiane Taubira mène une attaque en règle contre Dieudonné. Dans une tribune sur le Huffington Post publiée ce vendredi, la ministre de la Justice condamne les « pitreries obscènes d’un antisémite multirécidiviste », le « complice, après coup, de ce crime contre l’humanité » qu’est la Shoah, un « pitoyable bouffon ».

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Dieudonné fait ressurgir un antisémitisme postcolonial

— Par Jean-Loup Amselle (Anthropologue, professeur à l’EHESS) —

dieudonne_quenelle-325Même si des objectifs de stratégie politique personnelle, on peut l’estimer, ne sont pas absents de la campagne menée par Manuel Valls à l’encontre de Dieudonné, l’écho rencontré par celui qui n’est plus tant un comique qu’un homme politique, nécessite une analyse ne se contentant pas de reprendre les réflexions classiques sur l’antisémitisme français des années 1930.

En effet, la proximité de Dieudonné avec Jean-Marie Le Pen, et donc avec le vieil antisémitisme français, a obscurci la nouvelle configuration au sein de laquelle se déploie l’humour très spécial du locataire du Théâtre de la Main d’or.

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