Situation d’urgence permanente.

— Par Florent Grabin, Président de l’Association Écologique  P.U.M.A. —

La politique publique en Martinique est très souvent gérée dans l’urgence, ou par mimétisme avec ce qui se passe au niveau national. En ce moment l’actualité nous informe sur les effets du dérèglement climatique qui agit sur la France et dans le monde entier.

Ce n’est pas faute d’avoir été mis en garde par les différents rapports du GIEC qui précisent que nous vivrons des aléas climatiques de plus en plus puissants, avec des conséquences incalculables en termes social, économique, environnemental et sanitaire, aujourd’hui les images parlent d’elles-mêmes.

Forts de ces informations, nous, PUMA, avons en 2017, invité le Professeur Jean JOUZEL du GIEC à venir en Martinique afin de nous faire un diagnostic sur les risques qui nous menaceront.

Nous avons informé la population, les élus, toutes tendances confondues, sur l’urgence de mettre en étude différents scénarios, afin de protéger les biens et les vies sur tout notre territoire. Ce qui est inquiétant, c’est que la procrastination dominante (tendance à remettre au lendemain ce que l’on doit faire par paresse, négligence, etc.) qui sévit dans nos services ne nous permet pas de préparer la population à faire face à ce qui nous attend.

Où sont passés : l’anticipation, le bon sens et la conscience politique ?

Nous nous dirigeons vers différentes catastrophes : le manque d’eau pour l’agriculture, la boisson, l’élévation du niveau de la mer, les cyclones, les inondations, la canicule, etc. Quand on pense que nous avons eu localement un ‘’Ministre de l’écologie’’ indépendantiste qui a siégé dans nos instances dirigeantes, nous aurions souhaité qu’il produise ses prévisions et autres bilans sur ce sujet, voilà un des élus qui a la faculté de procrastiner sur des sujets importants, tout comme ceux qui ont eu en charge l’Agenda 21, ce qui nous a fait perdre du temps.

Pour faire face à ce long processus politique, il n’est pas trop tard, nous, PUMA, avons toujours milité : pour l’anticipation de la gestion du stockage de l’Eau dans les bassins de nos rivières, pour l’entretien de nos rivières, de nos forêts, pour la réparation des réseaux d’Eaux et assainissement, pour la programmation de digues de protection des zones inondables, l’interdiction de l’exportation de nos matériaux de carrières, c’est exactement ces propositions que nous entendons au niveau national.

Le dérèglement climatique est visible, il faudra s’attendre à une grande mutation avec des désagréments que nous devrons gérer. Différents remparts sont à prévoir avec une politique ambitieuse pour faire face aux nombreux chantiers pour le réaménagement de tout notre territoire.

Il y a des études qui prédisent que des millions d’êtres humains vont devoir déménager et devenir des réfugiés climatiques, les premiers concernés seront les habitants du littoral des Îles, dans ces conditions, nous sommes concernés par ce phénomène qui est très documenté scientifiquement.

Nous ne devons pas commettre les erreurs du passé qui dans de nombreux domaines nous ont conduits à l’irréversible, d’autant que nous avons des forces vives qui ne demandent qu’à être activées pour faire les propositions qui s’imposent à nous.

L’Eau et la production agricole sont des ressources stratégiques, le bon sens nous impose une anticipation et la mise en place d’une pédagogie sur leur prévention à destination de la population. Nous devons nous pencher sur le retour d’expérience des pays qui subissent ces aléas, afin de nous adapter à la cette situation nouvelle pour agir vite et fort.

Les politiques publiques au niveau national sont actuellement en préparation pour favoriser une adaptation aux réalités locales, gageons que nos dirigeants s’inscriront dans ce mouvement, Pour Une Martinique Autrement, afin de ne pas administrer dans la situation d’urgence permanente.