Simenn Matinik Doubout : Nou adan-y

— — Textes de Révolution Socialiste n° 320 —

SÉ PRIMIÉ FWA : une manifestation de rue sur le Chlordécone en France appelée par des organisations syndicales, des associations et mouvements divers, et soutenus par des partis politiques comme le Nouveau Parti Anticapiliste. Ce n’est pas encore la totalité du mouvement ouvrier et démocratique comme ça devrait l’être, vu la gravité du combat. Mais c’est à une toute autre échelle que les protestations précédentes.

SÉ PRIMIÉ FWA : c’est une mobilisation sur une semaine qui prend en compte tous les aspects du problème, avec un appel à toutes les forces sensibles à l’exigence de vérité, de justice, de réparation.

SÉ PRIMIÉ FWA : un préavis de grève est déposé pour le 28 octobre, journée phare de la mobilisation.

SÉ PRIMIÉ FWA : un appel à constitution de partie civile est lancé à une grande échelle, et dimanche 22, jour d’ouverture de la Simenn, des avocats ont passé la journée à expliquer, et à faire remplir des débuts de dossiers.

SÉ PRIMIÉ FWA : un large éventail de forces se retrouve au coude à coude dans une mobilisation légitime.

 SÉ PRIMIÉ FWA : des personnalités de Guyane, de Guadeloupe, de France participeront ensemble à l’action dans la foulée de JanMari Flower, de Lyannaj pou dépolyé Gwadloup, présent dimanche 22. Après lui, Jean-Victor Castor, député de Guyane, Fabien Roussel, secrétaire général du PCF et notre camarade Olivier Besancenot, un des porteparoles du NPA seront de la partie.

SÉ PRIMIÉ FWA : une soirée entière mercredi 25, sur la Savane, une manifestation culturelle kont chlordécone va associer peintres, poètes, slameurs, acteurs/trices de théâtre pour notre plus grand bonheur.

SÉ PRIMIÉ FWA : chaque soir un thème sera décliné avec la santé le mardi, l’agriculture le jeudi, les diverses plateformes et propositions de loi le mardi et enfin les perspectives le vendredi.

SÉ PRIMIÉ FWA : un échange public sera organisé entre les manifestant-e-s de Martinique et de Paris.

C’est parti : après toutes les soirées de débat, tout’moun an lari-a le 8 octobre. Rendez-vous à 8h à la maison des syndicats

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— Article du n°° 320 de Révolution Socialiste —

Il y a 40 ans à Grenade : L’assassinat d’une révolution

Entre le 14 et le 25 octobre 1983, la révolution grenadienne déclenchée quatre ans plus tôt par le renversement du dictateur Éric Gairy, a tragiquement volé en éclats. Ce fut le résultat d’une sordide démarche de militant·e·s enraciné·e·s dans leurs certitudes sectaires et peu ouvert·e·s aux débats démocratiques dans les moments difficiles d’un pays cherchant à construire un avenir collectif avec la population laborieuse.

Les Bernard Coard, Phillys Coard, Hudson Austin, Selwin Stratchan et autres ont la responsabilité colossale dans ce drame. Ils endossent le 14 octobre, l’arrestation de Maurice Bishop et de plusieurs de ses partisans dont Unison Whiteman, Jacqueline Creft. Ils mettent en place dès le 16 octobre, un implacable couvre-feu contre une population qui manifeste et se solidarise avec les mis en résidence surveillée. Ils ordonnent le 19 octobre, après la libération de Bishop par la population, la fusillade et l’exécution de ces mêmes dirigeant·e·s et de plusieurs dizaines de militant·e·s.

Ces putschistes et assassins fournissent alors au camp capitaliste (Ronald Reagan des USA) et ses alliés (Eugénia Charles de Dominique et le premier ministre de Barbade) le prétexte pour une invasion, en fait programmée depuis longtemps, et l’enterrement aux petites Antilles d’une tentative révolutionnaire très appréciée par les peuples de notre archipel. Le 25 octobre, le gendarme étasunien enterre les 55 mois de cet espoir porté par un gouvernement révolutionnaire qui a vécu de mars 1979 à octobre 1983.

Dès la prise du pouvoir le 13 mars 1979, le New Jewel Movement, Maurice Bishop, premier ministre du Gouvernement révolutionnaire de Grenade et ses camarades entament une série de réformes d’orientation socialiste et des prises de position internationalistes antiimpérialistes.

Dès le départ, le gouvernement révolutionnaire instaure la gratuité de la santé. Il fait un combat acharné contre l’analphabétisme dont le taux passe de 35% à 5%. Pour développer l’économie, le gouvernement frappe à la porte du tourisme, misant sur un nouvel aéroport à Pointe Salines. Ronald Reagan accuse Bishop de construire cet aéroport pour servir par l’intermédiaire des Cubains, de base aux avions militaires soviétiques. Dès lors, Reagan refuse toute proposition d’amitié des Grenadiens et planifie déjà l’idée d’une invasion de Grenade. Reagan maintient une agressive politique de défiance et refuse dans la plus totale in-humanité toute aide à l’île après le passage du cyclone Allen en 1980.

L’île malgré des expériences prometteuses dans les coopératives agricoles (muscade, arrow-root, café, salaison de poissons et c), connaît de fortes difficultés économiques. Dans ce contexte intérieur et international à partir de 1981, les dissensions s’enflent au fur et à mesure, entre le clan de Bernard Coard ouvertement pro-soviétique s’opposant au très populaire Bishop que l’on voit comme un pragmatique pro-cubain. En 1983, le comité central du New Jewel Movement composé d’une majorité de partisans de Bernard Coard, impose une co-direction du parti entre Coard et Bishop. Ceci aboutit le 13 octobre à la mise en résidence surveillée de Maurice Bishop.

L’engrenage conduit au couvre-feu, aux terribles fusillades et assassinats du 19 octobre et à l’invasion étasunienne.