Pourquoi ce silence sur le dysfonctionnement de la chloration de l’eau du robinet ?

Par Florent Grabin, président de l’association écologique P.U.M.A.
Il y a des silences qui pèsent lourdement, dont les conséquences sanitaires, sont incalculables.

Le 20 mai 2025 nous avons alerté par courrier Monsieur le Président du Conseil Exécutif de la CTM, que nous avions été informés par une indiscrétion qu’entre le mois d’avril et mai 2025, qu’il y a eu un dysfonctionnement de chloration dans la production de l’Eau de Vivé au Lorrain.

Nous lui avons fait comprendre notre émoi face à un éventuel risque sanitaire si cette information s’avérait exacte. Dans le même temps nous avions relevé dans un article : Les fortes pluies perturbent la distribution de l’eau potable dans le Nord-Atlantique, qu’il y avait un mensonge par omission. Pourquoi ne pas avoir parlé de la chloration qui est un élément capital pour désinfecter l’eau lors de son stockage et transport ?

Le 20 mai 2025, nous avions saisi Monsieur le Préfet de Région de la Martinique sous le même thème en lui adressant la copie du courrier CTM, tout en lui précisant : nous vous saurions gré de bien vouloir nous communiquer la courbe de chlore injectée entre avril et mai 2025 avant distribution dans le réseau. Nous tenons à porter à votre connaissance que selon nos sources de nombreux réservoirs n’ont pas, à cette période, reçue la dose légale de chlore.

Dans le même temps, nous avions demandé de bien vouloir diligenter une enquête à partir du tableau de chloration qui est l’élément pouvant donner factuellement le taux de chlore injecté dans la production d’eau ; de nous communiquer les résultats pour nous permettre de rassurer la population. Depuis nous n’avons reçu aucune réponse à notre demande.

Pourquoi ce silence gardé ?

Cet épisode nous a rappelé la triste période où avec Pierre DAVIDAS (actuellement décédé) nous dénoncions la pollution à la Chlordécone. Après sa mort, nous PUMA, avions connus ce même comportement administratif. Aujourd’hui la population paye une lourde facture sanitaire.

Pourquoi ce silence ? A-t-on peur de revivre ces moments de mensonge par omission qui nous avait été imposé à l’époque ?

Quand on sait qu’il existe un important maillage du réseau de distribution, nous nous interrogeons sur la consommation de cette eau, en se demandant quelle est la population concernée réellement par cette eau ?

Dans l’affirmative nous attendons des autorités que soit prise la sanction la plus forte afin d’éviter toute récidive.

La chloration est un moyen simple et efficace pour désinfecter l’eau en vue de la rendre potable, transport afin de garantir sa bonne protection. Elle consiste à introduire des produits chlorés (pastilles de chlore, eau de javel) dans de l’eau pour tuer les micro-organismes qu’elle contient. Si l’eau n’est pas régulièrement désinfectée au chlore, le biofilm peut provoquer dans la nitrification, des problèmes de santé et la corrosion des canalisations. 

Nous PUMA, s’est battus pour que la chloration soit faite en poste intermédiaire dans le réseau de distribution afin de la garantir. Cette opération de désinfection de l’eau distribuée est une obligation dans le traitement des eaux par le fermier en charge de sa production. Il procède journalièrement a un autocontrôle soumis à validation à l’ ARS.

Ni la Collectivité, ni la Préfecture ne nous a répondu. Dans ces conditions, comment interpréter cette absence de réponse de notre demande ?

Comment comprendre que le principe de précaution n’a pas été activé par l’ARS ?

Cette contamination de l’eau potable de Vivé est une pollution par des Bromates. Elle avait donné lieu en juillet 2019, à des mesures de restriction des usages de l’eau. Les Bromates proviennent d’impuretés présentes dans le désinfectant chloré utilisé pour le traitement de l’eau.

A cette époque la CTM et son exploitant avaient été invités à mettre en place un nouveau procédé de traitement pour réduire substantiellement le risque d’apparition de bromates dans l’eau traitée et fournir une eau conforme aux exigences sanitaires à la population. (Voir avis)

En 2025, ce même exploitant semble se retrouver dans la semblable complexité de la gestion de la chloration. Cet état de fait de non-maitrise de ce traitement par ce fermier est constaté à Saint-Martin, Guadeloupe et Saint-Barthélemy. Pourquoi lors de mise en concurrence pour le renouvellement de ce marché d’exploitation de l’usine de Vivé, la CTM n’a pas été suffisamment vigilante ?

Qui procède à la vérification du taux de Chlore défini par l’OMS. Selon le Ministère de la santé l’eau du robinet destinée à la consommation humaine, fait l’objet de contrôles permanents. Ils permettent de garantir une consommation sûre : l’eau distribuée en France est de bonne qualité conformément aux niveaux définis par l’Union Européenne fondés sur les évaluations menées par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Cela fait des années que nous battons pour la bonne qualité et distribution de l’eau, les autorités savent que nous PUMA, ne sommes pas naïfs, alors pourquoi prendre ce risque de tenter de passer sous silence ce dysfonctionnement ?

Gageons que quand la lumière sera faite, que nous n’allons pas découvrir qu’il y a eu de nombreuses victimes de ce défaut de chloration. Que le fermier en charge de cette production viendra publiquement annoncer la vérité Pour Une Martinique Autrement.

Pour l’association écologique PUMA

Le Président

Florent GRABIN