Perplexité !

—Par Jacky Dahomay —

bananeSuite à la publication de cette expertise de l’Inserm et étonné du silence du corps médical concernant le problème de l’épandage aérien, j’ai interrogé trois médecins que je connais. Ce qui est frappant, c’est qu’ils m’ont tous répondu : « et la banane, Jacky, qu’est-ce que tu en fais ? ». J’en déduis que pour eux la banane  est un signifiant fort, qui passe avant  la santé. Comment expliquer cela ? De quoi la banane est-elle  le nom ? Est-ce un signifiant phallique ? Cela renvoie-t-il au  « nom du père » dont parle le psychanalyste Jacques Lacan ? Je ne peux l’affirmer, n’étant ni psychanalyste ni guère versé en lacanisme. Notons tout de même  que c’étaient trois hommes et qu’un seul  élément  de l’expertise de l’Inserm les inquiétait, le risque possible de cancer des testicules !

Il faudrait donc que je poursuive mon enquête, forcément limitée on doit honnêtement le  reconnaître. Et puis, beaucoup de nos élus sont médecins. Le plus original et qui m’a  le plus marqué est le  maire de Capesterre-belle-eau, l’une des communes les plus touchées par l’usage des pesticides dans la banane. Pour contredire l’arrêté préfectoral qui interdit la pêche dans les eaux de sa commune, il organise des concours de pêche sur le littoral de sa commune. Que veut-il prouver à ses administrés ? A sa décharge, on pourrait croire qu’il  veut conjurer le sort. Cela peut renvoyer à on ne sait  quel art ethnique traditionnel mais  surtout pas à l’art  de la médecine. J’ai eu une pensée quelque peu  amicale pour Pierrot Marcelle notre préfète me demandant ce qu’elle peut bien penser de ce maire-médecin d’une commune aux eaux polluées. Enfin, un dirigeant syndicaliste connu  m’a tranquillement affirmé que notre lutte contre l’épandage aérien est juste –ce qui en premier temps m’a réconforté- mais  il a ajouté que comme j’avais eu l’occasion de critiquer son organisation syndicale dans le passé, son conseil  syndical a décidé de ne pas  soutenir le combat que nous menons.

Je dois dire que je suis un peu interloqué par tout cela et voilà que je pense à l’ami Toto. Stop ! me suis-je dit, tu risques d’avoir des insomnies. Consultée, mon médecin,  femme pleine de sagesse m’avertit de faire attention, que la vie est comme un couloir tapissée de peaux de banane alors que je croyais que la vida es una milonga comme le chante Hannibal Troilo dans Pa que bailen los muchachos (Pour que dansent les garçons). Elle me conseille vivement de  quitter la Guadeloupe quelques temps. Ce que je fais. Je  serai de retour à la fin du mois.

JD.