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Ça ira (1) Fin de Louis : 1789 comme au premier jour !

— Par Roland Sabra —

ca_irai_fin_de_louisELLE est constitutive de notre imaginaire collectif. ELLE est là tapie au fond de nos mémoires, silencieuse quand tout va bien, faisant retour insistante et omniprésente dans les périodes de crises. ELLE a donné au théâtre quelques uns de ses plus beaux monuments : au 19ème siècle Georg Büchner (1813-1837) nous fit don de « La mort de Danton », au 20è siècle le Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine nous offrit 1789, en ce début de 21 ème Joël Pommerat nous gratifie de Ça ira (1) fin de Louis. ELLE va advenir d’une crise financière (1787) à laquelle s’ajoute un sur-endettement de l’État proche de la faillite. ELLE, la Révolution, française par son lieu de naissance, universelle par son interrogation centrale autour de la démocratie est encombrée de représentations, de figures qui prennent le pas sur ce qu’elles ont aujourd’hui encore à nous dire et nous empêchent ainsi de les entendre. C’est sans doute pourquoi Joël Pommerat dans le travail collectif d’écriture et d’improvisation anonymise les personnages à l’exception de Louis XVI et de Marie-Antoinette respectivement dénommés Louis et la reine.

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Petites réflexions sans prétention

— par Janine Bailly—

Phedre(s) de Wajdi Mouawad, Sarah Kane et J.M. Coetzee mise en scene de Krzysztof Warlikowski au theatre de l'odeon du 17 mars au 13 mai 2016. Avec: Isabelle Huppert, Agata Buzek, Andrzej Chyra, Alex Descas, Gael Kamilindi, Norah Krief, Rosalba Torres Guerrero. (photo by Pascal Victor/ArtComArt)

Il semblerait qu’une mode sévisse actuellement au théâtre, comme si l’on était en manque d’œuvres originales à mettre en scène. Avec plus ou moins de bonheur, on « revisite » les œuvres du répertoire — sous certaines plumes il m’a même été donné de lire ce vilain verbe  de « dépoussiérer » —, on les adapte, on les change d’époques et de costumes, de lieux et de langages, on les résume et les allège ou les surcharge, on leur fait dire ce qu’au grand jamais elles n’auraient cru dire, irai-je jusqu’à écrire qu’on les triture et les tord et les malaxe en tous sens ? C’est là donc que se serait réfugiée une part essentielle de la créativité ? Ne boudons pas notre plaisir, ces manipulations font partie du jeu, et il est bel et bon que le metteur en scène prenne un point de vue qui lui soit propre, qu’il nous donne à voir le texte sous un angle singulier, et sous un éclairage qu’il aura privilégié, ceci à la condition que ce texte ne devienne pas qu’un simple prétexte.

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La Danse du diable

— Par Selim Lander —

caubere - la danse du diableQui ne connaît Philippe Caubère, cet acteur qui tourne avec ses seuls en scène – et cette Danse du diable, en particulier – depuis maintenant 35 ans ? Au fil de ces pérégrinations, le voici pour deux soirées en Martinique, quelques décennies après s’y être produit dans 1789, un spectacle du Théâtre du Soleil dirigé par Ariane Mnouchkine. La Danse du diable fut le premier épisode d’une geste de onze spectacles, d’une durée de trois heures chacun, qui racontait son enfance marseillaise et sa carrière théâtrale. Remanié, il s’inscrit désormais dans une nouvelle geste de huit spectacles, L’homme qui danse. Si cette pièce est donc bien rodée, ce grand comédien – qui fut un Molière inoubliable dans la pièce et le film éponymes – ne donne pas l’impression de répéter un texte appris par cœur. Il avoue d’ailleurs laisser toujours une certaine place à l’improvisation. La Danse du diable n’en est pas moins savamment construite ; on se plaît à retrouver au moment le plus inattendu une notation posée plus tôt. En trois heures de temps, Caubère fait défiler une galerie de personnages, plus ou moins réussis, il faut le dire, tous inspirés de souvenirs personnels de l’acteur.

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« Regardez mais ne touchez pas ! »

regardez_pas_touchez-400« Regardez mais ne touchez pas ! »est une pièce de Théophile Gautier.
Cette comédie de cape et d’épée est un pastiche du drame romantique dans lequel l’auteur du Capitaine Fracasse ajoute la folie au lyrisme du théâtre de son époque. C’est une déclaration d’amour au théâtre !
Le metteur en scène Jean-Claude Penchenat révèle l’humour et la fantaisie étonnamment contemporains de cette comédie jamais jouée depuis sa création en 1847.
C’est une déclaration d’amour au cinéma de cape et d’épée !
Le cheval de la Reine d’Espagne s’est emballé. Il faut la sauver ! Mais tout homme qui touche à la Reine est puni de mort. Dona Beatrix, sa suivante, a promis sa main au sauveur de la Reine. Deux hommes se présentent comme tel : Don Melchior, imposteur fanfaron, et Don Gaspar, héros romantique. S’ensuivent courses poursuites, combats et duels entre ces deux rivaux.

Jean-Claude Penchenat
Cofondateur du Théâtre du Soleil avec Ariane Mnouchkine et comédien dans Capitaine Fracasse, La Cuisine, Le Songe d’une nuit d’été, Les Clowns, 1789 (le spectacle et le film), 1793, L’Âge d’or, ainsi que dans le film Molière.

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T.A.C. : la programmation 2015-2016

— Présentation par Michèle Césaire —

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Cela fait douze ans que l‘équipe du théâtre Aimé Césaire de Fort-de-France a relevé le défi de redonner vie à cette salle à l’Italienne de la Caraïbe. Pour y parvenir il a été proposé une programmation riche, un nouveau spectacle chaque mois d’octobre à juin, soit dix pièces présentées durant la saison et trente-quatre représentations tous publics.

La saison 2015-2016 sera dédiée aux grands écrivains mais aussi aux familles de théâtre et à la liberté d’expression. C’est cette alchimie qui produit de beaux spectacles et qui permet cette programmation foisonnante présentant de grands auteurs parce que nous défendons un théâtre de textes, sans oublier par le fait même, les familles de théâtre et les comédiens qui s’en font les interprètes.

Cette année nous aurons de grands plateaux et le plaisir de montrer des scènes habitées par de nombreux comédiens. C’est aussi une saison de créations dont trois Martiniquaises (La nuit des assassins, Cyclones et Oreste aime Hermione qui aime Pyrrhus qui aime Andromaque qui aime Hector qui est mort ).

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« Macbeth » de William Shakespeare,

— Par Michèle Bigot —

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Jusqu’au 13 juillet puis de nouveau à partir du 8 octobre 2014, mise en scène Ariane Mnouchkine, musique de Jean-Jacques Lemêtre, Théâtre du soleil, Cartoucherie de Vincennes

Le texte de Macbeth est joué dans la traduction d’Ariane Mnouchkine, coédité avec les Éditions théâtrales. Il s’agit donc non seulement d’une nouvelle traduction, mais d’une véritable relecture. ,Et pour fêter le cinquantenaire de la troupe du soleil, auront lieu, les 26, 27 et 28 septembre 2014 : trois représentations exceptionnelles du King Lear de Shakespeare, joué – seul en scène – par Wu-Hsing Kuo, acteur de Taïwan⋅
La tradition littéraire fait de Macbeth un drame où se mêlent les accents métaphysiques et la note poétique⋅
Certes la note tragique n’est pas perdue ; voici comment Hélène Cixous appréhende Macbeth (Ayaï ! Le cri de la littérature)) « Done, en anglais, le participe passé du verbe to do, faire, c’est fait⋅ C’est : c’est fait, c’est fini⋅ I am done, je suis fait⋅ Je suis cuit⋅ Foutu⋅J’en ai terminé⋅Done c’est le coup de glas, le tocsin mental de Macbeth⋅ What is done is done⋅ It cannot be undone⋅ Peut-on défaire ce qui est fait, peut-on dé-mourir, « désachever », dé-défaire ⋅ Non⋅Mais si⋅ La littérature peut refaire de la vie avec des cendres⋅ De la vie autre⋅ De la vie suivie, poursuivie⋅
L’inéluctable , inscrit dans la vie nourrit la veine de la tragédie, non moins que le deuil et toutes les pertes ; et pourtant, le tumulte de la vie, avec sa part de pragmatisme, d’ambitions, de désirs, sages ou débridés réclame ses droits dans cette lecture.

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« V’là la jeune garde qui s’avance sur les tréteaux »

— Par Roland Sabra —

Les rencontres théâtrales académiques ont joué les prolongations les 09 et 10 mai 2007 grâce à la complicité de Michèle Césaire qui a mis à disposition la salle du théâtre de Foyal pour que les parents de nos chères têtes crépues ou non, blondes ou non puissent découvrir l’étendue des talents de leurs progénitures. Ceci est à prendre au sérieux, car il faut les avoir entendus disserter allègement sur l’étonnante modernité de Marivaux par exemple, il faut les avoir vus investir l’espace scénique avec un bonheur parfois inégal mais souvent inégalé pour ne pas douter de l’existence d’un potentiel théâtral non négligeable en Martinique. Ces adolescents là s’y connaissent en théâtre et ils pourraient en remontrer à plus d’un «critique».Les sections théâtre dans les établissements scolaires fonctionnent en partenariat avec des comédiens, metteurs en scène, gens de la scène. Jandira Bauer, d’origine brésilienne et qui vit depuis de longues années en Martinique est une de ceux-là et à ce titre elle a accompagné, guidé, suscité plus d’une vingtaine de travaux d’élèves présentés au début du mois de mai dans la salle Frantz Fanon de l’Atrium.

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Jovenel Moïse, « fléau de Dieu » 

« Où vont tous ces enfants dont pas un seul ne rit?
Ces doux êtres passifs que la fièvre maigrit?
Ces filles de huit ans qu’on voit cheminer seules?
Ils s’en vont travailler quinze heures sous des meules :
Ils vont, de l’aube au soir, faire éternellement
Dans la même prison, le même mouvement. »

(Victor Hugo, Mélancholia)

— Par Robert Lodimus —

Le crépuscule tombait déjà sur le paysage voilé et enneigé. Un immense tapis blanc recouvrait les rues crevassées, dégoudronnées à certains endroits. Au Canada, le mois de février n’est-il pas réputé pour son humeur impassiblement rigoureuse? À cette période de l’hiver, la température oscille souvent entre moins 40o et moins 50o Celsius. De quoi faire geler le sang d’un chameau en quelques secondes. Quand il vente et grêle, les gens peuvent ressentir jusqu’à moins 600 sur la peau fragile et sensible. La plupart des personnalités fortunées et des retraités privilégiés qui habitent dans les régions nordiques s’envolent à destination du Sud dès la fin de novembre. Notamment en Floride où ils disposent d’une confortable résidence secondaire.

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La Mort pour la Vie ou Mourir pour Vivre : Chapitre XIV (Partie II)

— Par Robert Lodimus —

Chapitre quatorze, deuxième partie

Chapitre XIV

Le houngan Oracius, d’une certaine façon, faisait partie des victimes de la violente « campagne antisuperstitieuse » de 1939 à 1942 que le clergé catholique, appuyé par le gouvernement d’Élie Lescot, déclencha contre la pratique du vaudou. Des péristyles furent pillés, saccagés et incendiés. Déjà, en 1896 et en 1913, des Lettres pastorales dénonçaient le culte des dieux africains comme une courroie de propagation, d’uniformisation, d’universalisation de la superstition et de la magie noire. D’éminents intellectuels, parmi lesquels Jacques Roumain, s’insurgèrent contre ces mesures scandaleuses qu’ils avaient qualifiées d’entrave à l’émancipation de la culture nationale. Le père Raphaël Moreau, aux côtés de Monseigneur Robert, était à la tête de ce mouvement de destruction des temples vaudou des paysans et parlait de la nécessité « d’évangéliser la culture ». Cependant à la grande surprise des prêtres colonialistes, ces persécutions brutales ne firent que raviver, fortifier les croyances des masses populaires dans le vaudouisme. Les serviteurs des « lwa », dispersés dans les mornes, les plaines et les vallées, n’abdiquèrent point leurs droits légitimes et inaliénables devant les exigences dictatoriales imposées par la Cité du Vatican.

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Ina Césaire (1942 – 2025)

Ina Césaire, dramaturge, ethnographe et professeure d’université, est décédée le mardi 24 juin 2025, en Martinique, à l’âge de 83 ans.

Née en 1942, elle était la fille d’Aimé Césaire, poète et homme politique, et de Suzanne Roussi Césaire, essayiste. Elle grandit dans un environnement intellectuel marqué par l’engagement littéraire et politique, où les questions de mémoire, de culture et d’identité sont centrales.

Formée en ethnologie, Ina Césaire entame une carrière universitaire en France. Spécialiste des cultures créole et peule, elle enseigne à Paris, à la Sorbonne, mais aussi à Moscou et aux États-Unis. Elle est directrice de recherches au CNRS, où elle mène des travaux sur les cultures caribéennes, avant d’être nommée chargée de mission à la conservation du patrimoine de Martinique. Elle réalise également des films ethnographiques, notamment sur les rites du Mercredi des Cendres et de la Toussaint.

Son œuvre littéraire, composée de contes, de pièces de théâtre, de romans, de poésie et d’essais, s’ancre dans une volonté constante de transmission culturelle. Elle recueille et publie des contes traditionnels martiniquais et guadeloupéens, souvent en version bilingue créole-français. Ses ouvrages comme Contes de mort et de vie aux Antilles (1976), Contes de nuits et de jours aux Antilles (1989) ou Zonzon Tête Carrée (1994) rendent compte, à la fois avec humour et acuité, des dynamiques sociales, linguistiques et genrées des sociétés antillaises.

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Martinique : agenda culturel des jours qui viennent… et plus encore!

Samedi 12 juillet (15h)
Dimanche 13 juillet 2025 fin à 23h59
The Reggae Therapy Festival 2025
Stade Louis Achille – Fort-de-France ️
Le Reggae Therapy Festival revient pour sa 3ᵉ édition en Martinique. Cet événement musical dédié au reggae se tiendra au Stade Louis Achille à Fort-de-France les 12 et 13 juillet 2025. Deux jours de concerts live avec des artistes internationaux et locaux, accompagnés de nombreux exposants et restaurateurs.
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Samedi 12 juillet à 17h30 précises
Soleil Couchant en Musique Classique
Le Petibonum : 05 96 78 04 34
Avec QCM (Quatuor Classique de Martinique)
le Soleil n’attend pas … (CARBET)
Entrée Libre | Pour dîner, il est fortement conseillé de réserver directement au restaurant : Pour faire d’autres heureux …. pensez à partager cette info à vos amis

Samedi 12 juillet à 19h30
Dimanche 13 juillet à19h30
« Le Sacre du Printemps » de Yang Liping
Tropiques-Atrium Fort-de-France
Le Festival de Fort-de-Francede Fort-de-France présente une réinterprétation moderne et originale du célèbre ballet Le Sacre du Printemps de Igor Stravinsky, par la chorégraphe chinoise Yang Liping.

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L’éphéméride du 13 juin

Découverte de l’Île de la Jeunesse par Colomb le 13 juin 1494
Naissance de Virginie Despentes le 13 juin 1969

L’île de la Jeunesse (en espagnol : Isla de la Juventud) (île des Pins jusqu’en 1978) est la plus grande île cubaine après l’île de Cuba, et la sixième plus grande des Caraïbes. Comme c’est depuis 1830 un lieu de détention et de relégation (lieu dit de « rééducation » depuis 1960) et le site de la prison de Presidio Modelo, elle est considérée comme une municipalité spéciale administrée directement par le gouvernement central de Cuba, et non comme une province du pays.

Géographie
L’île de la Jeunesse est située à 100 km environ au sud-ouest de l’île de Cuba, dont elle est séparée par le golfe de Batabanó (en), et se trouve presque directement au sud de La Havane et de Pinar del Río. Elle s’étend sur environ 55 km du nord au sud et sur 65 km d’est en ouest.

Histoire
On connaît peu la civilisation pré-colombienne de l’île, mais une série de grottes près de la plage de Punta del Este ont préservé 235 anciennes peintures réalisées par la population indigène.

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« Entre Jacques Roumain et David Bontemps »

Une originale et magistrale conférence-concert de la SRDMH

— Par Robert Berrouët-Oriol(*)

[Mais que le langage de la musique…seul réunisse les caractères contradictoires d’être tout à la fois intelligible et intraduisible, fait du créateur de musique un être pareil aux dieux, et de la musique elle-même le suprême mystère des sciences de l’homme, celui contre lequel elle bute, et qui garde la clé de leur progrès. (Claude Lévi-Strauss, Mythologiques, t. I : « Le cru et le cuit », 1964.)  

Le 25 mai 2025, au Conservatoire de musique de Montréal, la Société de recherche et de diffusion de la musique haïtienne (SRDMH) a offert aux mélomanes et amateurs de musique savante haïtienne une originale conférence-concert logée dans les plissures de la haute couture musicale, « Entre Jacques Roumain et David Bontemps ». À la jonction de la poésie de Jacques Roumain et des exceptionnelles compositions musicales de David Bontemps, il s’est agi d’un spectacle où dès les premiers instants l’expression « l’or pur de la relation du texte et de la musique » a pris tout son sens (Christian Flavigny, « La mise en musique du poème », revue Corps & Psychisme, numéro thématique « La voix », 2007/4 n° 48).

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Nicole Croisille (1936 – 2025)

La chanteuse, comédienne et danseuse Nicole Croisille est décédée le 4 juin 2025 à Paris, à l’âge de 88 ans, des suites d’une longue maladie. Artiste aux multiples talents, elle laisse derrière elle une carrière de plus de six décennies, marquée par une grande diversité de styles et de registres.

Née le 9 octobre 1936 à Neuilly-sur-Seine, Nicole Croisille était la fille unique de Jean Croisille, accompagnateur de voyages, et de Germaine Decorde, pianiste amatrice. Elle grandit dans un environnement sensible à la musique classique, bercée par les œuvres de Chopin et Liszt que sa mère jouait à la maison. Formée dès son plus jeune âge à la danse classique, elle manifeste très tôt un fort désir de scène, malgré les réticences de son père. Adolescente, elle découvre le jazz dans les caves de Saint-Germain-des-Prés, une révélation qui influencera durablement son parcours.

À la fin des années 1950, elle se forme au mime auprès de Marcel Marceau et intègre sa troupe pour une tournée en Amérique du Sud en 1957, puis aux États-Unis en 1960. Passionnée par les comédies musicales américaines, elle enchaîne les engagements outre-Atlantique : meneuse de revue à Reno, chanteuse au Playboy Club de Chicago, participation à la tournée des Folies-Bergère à New York.

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La Mort pour la Vie ou Mourir pour Vivre : Suite du chapitre XIII

— Par Robert Lodimus —

(Suite du chapitre XIII)

LES ÉCHANGES

Tout d’un coup, Richard l’emporta sur Silas. La main de sa conscience ébranlée, de son cerveau perturbé, de son esprit troublé, le tout plongé dans un bassin de confusion caustique, corrodante, depuis sa fuite héroïque, désempoigna cette rampe de tergiversation qui lui faisait dandiner à la manière du  bateau de Rimbaud. Richard se sentit éjecter de sa caverne de scepticisme. Les ombres s’évaporèrent. L’univers intelligible, comme dans un conte de fée, s’ouvrit devant ses paupières froissées. Un frisson de révolte, de la tête à la nuque, traversa son corps aminci et momifié. Il venait de découvrir « les chemins de la liberté » : cette route véritable capable de conduire les pas des pauvres jusqu’aux écluses de la régénérescence spirituelle et matérielle. Richard enleva son chapeau de paille, qui ressemblait à un canotier de montagnard, et exposa ses cheveux courts et bouclés au soleil des revers de l’existence humaine. Ses regards, pareils à un panoramique effectué au moyen du kinétographe de Thomas Edison et William Kennedy Dickson, exécuta un mouvement célère de la droite vers la gauche.

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La Mort pour la Vie ou Mourir pour Vivre : Chapitre XI

— Par Robert Lodimus —

Chapitre XI

LES DÉCÈS

Pauline et Francesca avaient repris leur périple en sens inverse pour retourner à La Roche. À pas mesurés, avec la lenteur d’une tortue ou d’un escargot – on aurait dit des chevaux qui avaient perdu leurs fers dans la montagne – elles foulaient le sentier sinueux et étroit, qui, vu d’en haut, s’apparentait à une corde de sisal déployée dans la forêt clairsemée, partiellement dégarnie de sa faune et de sa flore. Malgré tout, on pouvait entendre les bruits des battements d’ailes d’une petite colonie d’oiseaux effrayés par le rapprochement des voyageuses. Le handicap de Pauline ralentissait l’allure de la marche. Un soleil presque éteint, recouvert d’un voile transparent de pâleur, fouettait avec ses rayons tièdes la terre farineuse, étampée par les traces de pas presque effacées des caravanes rurales qui se déplaçaient quotidiennement de la paysannerie à la ville, de la ville à la paysannerie. Les aiguilles de l’horloge de la nature indiquaient les morceaux de temps qui s’évanouissaient les uns après les autres comme les vagues de la mer. Le message amphigourique du « bokor » troublait leurs mémoires comme les eaux d’une rivière agitées par un troupeau d’éléphants.

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La Mort pour la Vie ou Mourir pour Vivre : Chapitre V

— Par Robert Lodimus —

Chapitre V

LE DÉFI

« Ne sais-tu pas que la source de toutes les misères de l’homme, ce n’est pas la mort, mais la crainte de la mort. »

                                         (Épictète)

     La nuit avait enlevé son masque horrifiant sur la « trombine » stupéfiée, médusée, atterrée  de la nature amochée. Le jour se leva sans clarté sur les hameaux qui ceinturaient La Roche, et qui n’avaient pas non plus résisté aux assauts des vents dévastateurs et à la frénésie du déluge mortifère. La localité dans son ensemble offrait aux regards tout ébahis une scène de délabrement indescriptible, un théâtre de désolation dantesque, un tableau de déliquescence apocalyptique, un spectacle de débâcle effarant, un panorama de décrépitude impensable, un champ de ruines incroyable, un cirque de décadence inimaginable. Cette fois-là, le village avait réellement cassé ses épines dorsales et il était amputé de ses jambes et de ses bras fluets. Il eût été vraiment difficile pour lui de se relever, et de se remettre à clopiner, à boiter voire à marcher comme avant. Dans cet environnement dépérissant, devenu encore plus invivable par les malheurs soudains, les rescapés avec leur profil de morts-vivants, comme on en voyait dans les romans de Bram Stoker, n’avaient même pas imaginé l’avenir, tellement ils le voyaient porteur d’incertitude démoralisante.

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La Mort pour la Vie ou Mourir pour Vivre : Chapitre III

— Par Robert Lodimus —

Chapitre III

LA ROCHE

Au sein de ce hameau défraichi, dressé dans la paume géante de cette portion de territoire du nord-ouest, une espèce d’invention sinistre greffée comme une bronche obstruée sur un poumon malade, les jours se bousculaient et se ressemblaient tous. La neurasthénie, le concept inventé en 1869 par le neurologue américain George Miller Beard pour décrire l’état de fatigue, d’anxiété et de déprime des individus, se répandait en ces lieux comme du sablon sur une chaussée goudronnée. Les habitants, étranglés par la misère, l’ennui et le découragement, partaient, s’éparpillaient dans les régions limitrophes; ou pire encore, se balançaient au bout d’une corde… Mérinord, le raccommodeur des filets de pêche, fut retrouvé pendu à un chêne. Ociana, la mère de ses quatre enfants en bas âge, venait de quitter la bicoque pour aller faire les trottoirs à la ruelle Robert Geffrard, située dans l’un des quartiers miséreux de la métropole, à moins d’un kilomètre du quai Hammerton Killick. La Roche, dans son nouvel emplacement, peinait à se relever de la violente tempête qui avait surpris les villageois étendus sur leurs couches supplicieuses.

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« Black Label », en streaming & replay gratuit sur Culturebox

Disponible jusqu’au 01/08/2025

Diffusé le 20 mars 2025 à 23h01 sur Culturebox, Black Label est un spectacle qui fusionne poésie, musique et danse pour rendre hommage à l’engagement antiraciste et à la lutte pour l’égalité. Inspiré par le recueil Black-Label de Léon-Gontran Damas, publié en 1956, ce spectacle met en lumière les voix de la négritude, tout en traversant les époques et les luttes, des premières revendications de la charte du Manden en 1222 aux mouvements contemporains comme Black Lives Matter.

Sous la direction du metteur en scène David Bobée et porté par l’acteur et rappeur JoeyStarr, le spectacle réunit plusieurs artistes  : la musicienne jazz Noëmi Saint-Aimé, le chanteur et danseur Nicolas Moumbounou, ainsi que Jules Turlet, chansigneur, qui traduit l’intégralité du spectacle en langue des signes. Ensemble, ils offrent une interprétation puissante des écrits antiracistes les plus marquants, allant de Léon-Gontran Damas à Aimé Césaire, en passant par Malcolm X et Tracy K. Smith.

À travers une fresque visuelle mêlant images d’archives (traites négrières, colonisation, violences policières), Black Label interroge les origines et les réalités des diasporas africaines. Chaque mot, chaque geste, chaque note s’imbrique pour former un cri contre l’oppression et la déshumanisation des peuples noirs, un hommage à l’histoire collective et à la lutte pour la dignité.

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Voyage féérique au Macoutistan, le « pays » du grand poète et romancier Gary Klang…

— Par Robert Lodimus —

Le 27 février 2025, les parents, les collègues et les lecteurs de Jean-Pierre Basilic Dantor Franck Étienne d’Argent, alias Frankétienne, l’ont accompagné à sa dernière demeure avec une profonde tristesse. L’enfant de « Ravine-Sèche » allait célébrer sa quatre-vingt-neuvième année d’existence le 12 avril prochain, dans une capitale en lambeaux, méconnaissable, pariatisée, livrée pieds et mains liés, – comme le Fils de l’Homme à Hérode Antipas –, aux lycanthropes d’Hadès et de Perséphone, le dieu et la déesse des enfers. Franck Étienne a traversé, – pour reprendre le jargon utilisé dans le vaudouisme –, sans avoir accompli son rêve : obtenir le prix Nobel de littérature. Peut-être, entrera-t-il dans l’histoire à l’instar de l’écrivain suédois nobélisé à titre posthume en 1931, Erik Axel Karlfeldt, – quoique celui-ci l’eût refusé de son vivant en 1918 –, pour son ouvrage Cor d’Automne (Höstorn), paru pour la première fois en 1927. Car, dans bien des cas, la mort n’est pas arrivée à gommer l’opiniâtreté des « obsessions subjuguantes ». Et puis, « mieux vaut tard que trop tard !»

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Au TNB, Lacrima, une histoire contemporaine des larmes

— par Janine Bailly —

Caroline Guiela Nguyen : « À travers une histoire contemporaine des larmes, nous menons une réflexion sur les émotions humaines et leurs expressions à notre époque .» 

Que dans Saigon, elle remonte le cours du temps vers le passé colonial du pays de ses origines, que dans Fraternité, elle nous projette dans un futur dystopique, Caroline Guiela Nguyen, voyageant dans l’espace et le temps, toujours se penche sur notre humanité souffrante, pour dire qu’au-delà des drames et des larmes se tissent entre les êtres d’indéfectibles liens. Attentive à ceux que par habitude ou indifférence on oublie de voir et voudrait tenir dans l’ombre, elle revendique un théâtre de l’émotion, à la fois engagé et poétique, mais qu’aucun didactisme ne vient entacher. Parce qu’on la sent sincère, que tout dans ses propositions respire l’authenticité, on croit à ce qu’elle nous montre, autant que l’on entre en empathie avec ses personnages – des personnages que l’on se plaît plutôt à identifier comme des personnes réelles, car si peu fictifs ! 

Réunissant sur scène, dans l’esprit de Vilar ou encore à la façon du Théâtre du Peuple de Bussang, comédiens professionnels et amateurs, donnant à entendre les diverses langues des pays traversés – et l’on appréciera que par le biais de la traduction l’une des comédiennes nous permette d’entendre et “comprendre” le tamoul –, Caroline Guiela Nguyen nous plonge avec Lacrima, qui à l’été 2024 fit naître l’émotion au Festival d’Avignon, au cœur du monde de la haute couture.

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Hommage de James Noël à Frankétienne

Les obsèques nationales du grand poète et plasticien haïtien Frankétienne, mort à 89 ans, auront lieu le 27 février à Port-au-Prince. Son ami et compatriote James Noël lui rend hommage dans un texte inédit, publié le 26-02-25 dans le journal « L’Humanité ».

Pour brûler, Frank brûlait, en soleil de midi sur la peau des tropiques.

20 février 2025, Frankétienne a fait le grand saut dans le fond bleu, cet espace sans bornes qui lui semblait déjà si familier. C’est un paradoxe quand cela concerne l’homme le plus vivant d’Haïti, l’incandescence et l’irrévérence (en rêve errant) poussées à son extrême : poète visionnaire, dramaturge, romancier, chanteur, acteur artiste plasticien qui vivait surtout de sa peinture. Né le 12 avril à Ravine Sèche des suites d’un viol d’un riche américain sur une servante adolescente, Jean-Pierre Basilic Dantor D’Argent, dit Frankétienne est élevé par une mère analphabète. Loin de sombrer dans les trous noirs qui s’érigeaient en pièges devant lui, il a appris à dompter les orages afin d’avaler l’univers.

On peut voir, déceler les germes de sa puissance créatrice en ouverture de L’oiseau Schizophone, explosion de langages, de métaphores qui n’appartiennent qu’à lui dans l’univers du tout-monde en spirale : « Au vertige de ma terre saoulée de catastrophes, au naufrage de mon île suspendue sans réchappe au balancier de la mort… », « rien ne rive hors de saison de pure raison, la mort active la dérision que rien ne meurt quand tout arrive en paradoxe.

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L’éphéméride du 3 février

Édouard Glissant  » soleil de la conscience » antillaise meurt à Paris le 3 février 2011

Édouard Glissant, né le 21 septembre 1928 à Sainte-Marie à la Martinique et mort le 3 février 2011 à Paris, est un écrivain, poète et philosophe martiniquais. Fondateur entre autres des concepts d’« antillanité », de « Tout-monde » et de « Relation », Glissant repense également la notion de créolisation mais aussi les catégories de la métaphysique ainsi que les modalités du dialogue des cultures, à l’aune de son prisme relationnel. Surtout connu pour Le Discours antillais (1981), Édouard Glissant est l’auteur d’une œuvre conceptuelle et littéraire colossale, et d’une bibliographie dense. De Soleil de la conscience (1956) à l’Anthologie de la poésie du Tout-Monde de 2010, il s’est illustré dans tous les genres, roman, poésie, théâtre, essais philosophiques. Souvent classée parmi les théories du postcolonialisme, la pensée de Glissant est irréductible à une école ou un courant fixe, ayant toujours redéfini les modèles d’une vision du monde en quête de son mouvement.

« Distinguished professor » en littérature française à l’Université de la ville de New York (CUNY), Édouard Glissant est directeur du Courrier de l’Unesco de 1981 à 1988 et président honoraire du Parlement international des écrivains en 1993.

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Labadijou : un festival itinérant en Martinique

1er & 2 Février au Vauclin
— Dossier de presse —

Ce moment où le soleil se cache pour laisser place aux spectacles de la nuit…
Deux week-ends. Deux communes. Des spectacles. C’est l’histoire d’un festival itinérant partant à la rencontre de nouveaux publics.
Mylène Emica et Nelson-Rafaell Madel se rencontrent en 2003 au sein de l’option théâtre du lycée Schoelcher en Martinique. Durant plus de dix ans, leurs chemins se construisent en parallèle: Mylène est chargée de projet et développement culturel sur le festival culturel de la ville de Fort-de-France et directrice artistique de SeizeMètresCarrés une structure mettant en place des résidences artistiques ; quant à Nelson-Rafaell, il est comédien et metteur en scène de théâtre et dirige la compagnie Théâtre des Deux Saisons.
Tout au long de leurs parcours respectifs, et des projets menés, iels n’ont cessé.es de questionner le territoire Martinique à travers la Culture. Dès 2018, iels entament un échange sur la création d’un événement culturel en Martinique qui pourrait toucher des publics éloignés (dans tous les sens du terme) de la création artistique.

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« L’Or », d’après Blaise Cendrars

Jeudi 16 janvier, Vendredi 17 janvier & Samedi 18 janvier à 19h30 au T.A.C.

Spectacle musical Adaptation, mise en scène et jeu Xavier Simonin

Adapté et mis en scène par Xavier Simonin, L’Or, le chef-d’œuvre de Blaise Cendrars, est un spectacle qui nous plonge dans une épopée à la fois héroïque et tragique. À travers l’histoire vraie de Johann August Sutter, un aventurier suisse devenu l’un des hommes les plus riches du monde avant de tout perdre, Cendrars nous raconte une aventure humaine d’une grande intensité, marquée par l’espoir, l’ambition et la ruine. Ce roman publié en 1925 est l’une des œuvres majeures de l’écrivain, qui abandonne ici la poésie pour se consacrer à la fiction romanesque, tout en conservant son goût pour l’aventure et les récits flamboyants.

Xavier Simonin, acteur et metteur en scène prolifique avec une carrière de plus de trente ans, a su s’emparer de ce récit épique et de ses enjeux universels. De ses premières créations comme L’Or et Les Raisins de la colère qui ont tourné dans de nombreux pays, à ses plus récentes productions comme Oreille Rouge (inspirée de l’œuvre d’Eric Chevillard), Simonin mêle avec brio théâtre classique et enjeux contemporains.

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