La nouvelle saison au théâtre Aimé Césaire

Premier spectacle : « Ponce Pilate – L’histoire qui bifurque », d’après le récit éponyme de Roger Caillois

Représentations au Théâtre Aimé Césaire, du 29 au 31 octobre 2020

Télécharger le programme de la saison 2020-2021

Le Livre : 

Imaginons que Ponce Pilate ait décidé de faire libérer Jésus. Ainsi le sauveur est sauvé par le courage inattendu d’un fonctionnaire romain, connu pourtant pour sa prudence, sinon pour sa faiblesse. De sorte que Jésus vit jusqu’à un âge avancé, qu’il n’y a pas de christianisme et que presque aucun des événements des deux derniers millénaires ne se produit. Pilate n’a d’estime que pour la sagesse. Il se méfie des religions. Mais est-il sage de compter sur la sagesse pour transformer le monde ? C’est un des multiples problèmes que pose un ouvrage dont l’intérêt touche à la psychologie, à la philosophie de l’histoire et surtout à la théologie, entendue d’ailleurs en un sens très laïc, comme une branche spécialisée des mathématiques.

La Pièce

Faut-il condamner à mort celui qui se prétend le Messie ? Ne vaut-il pas mieux une injustice qu’un désordre, sacrifier le bon sens à la raison d’État ? Ponce Pilate, procurateur de Judée, lucide mais vieillissant et veule, est perdu dans le flot de réflexions éthiques et politiques. Le metteur en scène nous entraîne dans le cheminement intellectuel du fonctionnaire romain, dans les méandres du doute qui l’assaille, entre ses journées d’auditions et ses nuits d’insomnies. Xavier Marchand  utilise pour la première fois des marionnettes aux visages expressifs, confectionnées par Paulo Duarte, et manipulées à vue par cinq comédiens talentueux et touchants. Le récit en devient haletant, parfois ludique, en résonance avec l’épineuse question, toujours d’actualité, du rapport du politique au religieux. 

Le mot du metteur en scène Xavier Marchand 

J’ai connu l’existence de ce texte en lisant l’autobiographie de Luis Buñuel, Mon dernier soupir. Il parle peu de littérature, plutôt de ses souvenirs, de ses amitiés diverses et variées, mais évoque néanmoins ce livre de Roger Caillois comme l’ayant profondément marqué. Cela m’a donné l’envie de le lire. En effet, ce récit prenant échafaude une réflexion qui va en se densifiant, arrive à son paroxysme pour se terminer par une pirouette uchronique en guise de conclusion. L’écriture possède une vertu dramatique forte qui recoupe un certain nombre de questions que je me pose. Et me les posant, je me suis dit que ces questions, tout un chacun peut se les poser. 

L’équipe 

Adaptation & mise en scène Xavier Marchand
Comédiens-manipulateurs  : Xavier Marchand, Noël Casale, Guillaume Michelet, Sylvain Blanchard & Mirjam Ellenbroek
Marionnettes  : Paulo Duarte
Scénographie  : Julie Maret
Création vidéo  : Jérémie Terris
Costumes  : Manon Gesbert & Célia Bardoux
Lumière  : Julia Grand
Régisseur lumière  : Marc Seigneuric
Musique  : Yom/extraits de l’album Le Silence de l’Exode (Buda musique 2004) 

Extraits de presse :

– Le Figaro (Armelle Heliot) 

C’est si beau que l’on ressent la chaleur du soir, l’atmosphère lourde, la paix. C’est si pur que l’on écoute ce texte admirable comme si l’on était hors du temps. L’écriture superbe subjugue. Les voix, accents compris, la musique, enchantent. 

– Toute la culture.com (Mathieu Dochtermann) 

Un spectacle profondément bouleversant, mais qui fait également appel à l’intelligence du spectateur, sur beaucoup de plans : psychologie, sociologie, politique, théologie […] 

 La Croix (Elodie Maurot) 

Avec une belle créativité, Xavier Marchand incarne ce texte par le jeu de marionnettes, petites têtes sculptées prolongées de longs voiles fluides. Tenues par des marionnettistes présents sur scène, elles ont leurs mains, lesquelles évoluent comme dans un mime. Ce procédé scénique incarne avec subtilité une réflexion sur les faux-semblants et les faux-fuyants, sur la versatilité de la conscience, sur le visage que l’on donne à voir et les pensées qu’on dissimule […]

Un fauteuil pour l’orchestre.com (article de Nicolas Brizault)

Ponce Pilate, l’histoire qui bifurque, raconte les nuits blanches de ce procurateur romain face à cette permission terrible qu’on lui demande, celle d’assassiner légalement un homme, peut-être un peu étrange, certes, mais pas bien méchant et qui surtout gêne ici ou là et qu’il faut donc « effacer » pour que tous puissent dormir tranquilles et rassurés. Toute cette histoire, ces quelques jours tendus, avec la foule en colère pas très loin, nous est donc racontée avec des marionnettes portées, un masque et un demi costume, simplement un tissu quelconque mais jouant de ses plis avec majesté, cachant à demi celui ou celle qui porte et fait vivre, parler Ponce Pilate, Procula, Hanne et Caïphe, Mardouk, quelques soldats, sans oublier ce jeune trentenaire aux cheveux longs, si perturbant et doux, que Ponce Pilate a l’idée géniale, pour ses propres intérêts, de faire passer pour un Messie bien curieux, un roi de foire tout juste bon à recevoir coups de fouets, crachats et quolibets. On se laisse plus que prendre par cette véritable œuvre d’art de Xavier Marchand. Les marionnettes partagent le terrain avec leurs « porteurs », et avec celles et ceux, tout à faits contemporains, qui viennent raconter l’histoire, préciser les tensions et les errances, les peurs, les doutes de Ponce Pilate, les rêves de sa femme, les cris de la rue. La simplicité est pure jusqu’aux décors, blocs simples qui deviennent palais, jardins ou prisons […]  

Présentation du livret de la saison : Texte d’Édouard Glissant, Traité du Tout-Monde (1997)

« On nous dit, et voilà vérité, que c’est partout déréglé, déboussolé, décati, tout en folie, le sang le vent. Nous le voyons et le vivons.
Mais c’est le monde entier qui vous parle, par tant de voix bâillonnées.
Où que vous tourniez, c’est désolation.
Mais vous tournez pourtant. » 

Les spectacles

– Ponce Pilate, d’après Roger Caillois du 29 au 31 octobre

– Le dorlis de ces dames, de Jocelyn Régina, du 19 au 21 novembre 

– Songbook, petite sœur de la pièce « Noire », concert dessiné de Lucie Nicolas. Spectacle tout public à partir de 11 ans, du 10 au 12 décembre

– Hugo. L’exil, la rage, le rêve, Paul Fructus, du  21 au 23 janvier

– Moi, fardeau inhérent , de Guy Régis Jr. Daniely Francisque, du 25 au 27 février

– Bernarda Alba from Yana, d’après Fédérico Garcia Lorca, du 11 au 13 mars

– Les Gravats, Compagnie La Mouline, du 15 au 17 avril 

– Mois du théâtre amateur  : mai

– Sonmiziksonpawol, cabaret littéraire, de Annick Justin Joseph, honneurs et  hommage à Henri Brival, du 17 au 19 juin 

– Rasin Kas, Production éducation culture, mise en scène et direction artistique Nelson-Rafaell Madel, les 26, 28 et 29 juin