Martinique : Où est la démocratie participative ?

— Par Florent Grabin, président de l’association écologique P.U.M.A. —

Le mardi 14 novembre 2023, la CTM a invité au Palais des Congrès de Madiana, les socio-professionnels à découvrir ses grands projets. Le monde du BTP largement représenté est très en attente de l’ouverture de ces projets, dont la visibilité nous a largement fait défaut ces dernières années ; Dans le même temps il était très remonté contre l’élu en charge des travaux d’infrastructures, ce qu’il faut retenir, pour intervenir dans ce type de rencontre, c’est que ceux qui interpellent n’ont plus rien à perdre. Au vu de l’importance du sujet, nous vous avions informés de notre contribution en plusieurs volets.

Lors de cette présentation, nous n’avons pas été surpris par l’absence de la démocratie participative, très prônée par tous ces élus lors des prises de paroles publiques, au-delà du discours, la réalité est toute autre. Le sentiment implacable des dirigeants est dominant, dans ce préambule nous étions face à : ‘’j’ai décidé que nous allons faire…’’, cette formule n’est, évidemment pas faite pour la cohésion nationale.

Nous nous félicitons de la prise de décision de mettre en application l’adaptation du Code des Marchés Publics à la réalité locale, ce qui correspond au début de la prise en compte d’une des revendications de PUMA, vieille de 29 ans. Une fois de plus, comme bon nombre d’organisations nous n’avons pas été invités, nous dérangeons, donc il est préférable de nous éviter. Cependant contrairement à de nombreuses ‘’voix de son maître’’, nous restons fidèles à nous-mêmes Pour Une Martinique Autrement, nous ne sommes pas adepte du coup de menton.

Nous avons toujours fait la démonstration qu’il y avait dans notre économie un dysfonctionnement de la commande publique, qu’à terme on serait dos au mur. Les faits sont là, têtus, il y a : de très nombreux marchés infructueux, un fossé abyssal dans les investissements publics, sans oublier le cortège d’entreprises en liquidation judiciaire avec très souvent de la créance publique dans leurs bilans. Est-il trop tard pour cette initiative politique ? Non, il ne faut jamais renoncer quand il faut sauver ce qui peut encore l’être.

Depuis de nombreuses années sont dénoncés les retards de payement des travaux, ce qui pénalise les entreprises. La dégradation de ces payements est inacceptable, voire honteux pour notre territoire, gageons que nos dirigeants vont honorer leur signature dans les propositions qui sont annoncées. Cependant, nous ne savons toujours pas comment les autres acteurs vont se positionner à savoir :

  1. Les banques,
  2. Les organismes sociaux et fiscaux
  3. Les fournisseurs
  4. Les syndicats

Bref, toute la chaîne qui compose l’économie de la commande publique. Comment sera mis en œuvre le financement des opérations ? Concernant les Petites et Moyennes Entreprises, un organisme public sera-t-il mis en place pour soutenir le financement de démarrage des opérations ?

D’expérience, nous savons que le législateur a tout prévu pour mener à bien la réussite d’une opération, qui passe par la confiance entre les différents partenaires. Du fait des politiques politiciennes de certains, nous avons perdu des années pour comprendre qu’il faille impérativement permettre de passer la première barrière avec un QR Code identifiant, confidentiellement la première enveloppe ; Quand l’entreprise est retenue, les attestations fiscales et sociales lui sont réclamées, si elle ne peut pas les présenter, elle signe une convention-transaction avec ces organismes pour le remboursement des dettes et le prélèvement de l’encours par prélèvement à la source, le tout accompagné par un Transport d’Huissier, conformément à l’Article L 1690 du Code Civil.

Sans vouloir jouer au cabri de service, le principe de réalité nous oblige à avoir le sentiment de se trouver face au résultat de plus de 20 ans de mauvaise politique économique. Il faudra énormément de courage, de responsabilité, de volonté pour mener à bien le chantier politique de la Commande Publique. Nous osons espérer que les agents de la CTM, des Collectivités, des services sociaux et fiscaux auront un autre regard sur nos entreprises en intégrant qu’ils sont au service des administrés. Que les vrais prix soient la base de la relation entre les partenaires, finie la notion du moins disant, qui est très souvent en dessous de la réalité, ce qui engendre des déséquilibres de l’économie des marchés.

Pour réussir cette opération, il faudra mettre de l’ordre au niveau des différents agents, de certains responsables politiques en charge de l’évaluation des travaux. En clair mettre fin à l’entre-soi cancer de la vie publique. Selon nous, c’est l’occasion de créer une passerelle entre les entreprises et ces différents services, où certains devront faire de l’immersion pour comprendre le bon fonctionnement des uns et des autres.

Enfin il est opportun de créer un comité de sages composé d’entrepreneurs ayant vécu l’expérience de la commande publique afin de mettre en place une grande communication pour éviter le désenchantement général.

Nous faisons confiance à la sagesse de nos dirigeants, en indiquant qu’il est temps de se réveiller, Pour Une Martinique Autrement, avant qu’il ne soit trop tard.   

Pour l’association écologique PUMA

Le Président

Florent GRABIN