Les très hauts revenus ne connaissent pas la crise

— Par Kevin Boucaud —

richessesLe dernier rapport de l’INSEE sur les revenus et le patrimoine des ménages français révèle que les inégalités continuent d’augmenter, la crise semblant être passée pour les plus hauts revenus.

La crise ne touche pas forcément tous les Français. C’est en tout cas ce que révèle la dernière étude (voir le document en PDF ci-dessous) sur les revenus et le patrimoine des ménages de l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) qui porte sur l’année 2011. L’Institut montre que malgré la crise, les plus hauts revenus continuent de croître fortement (après une année de recul en 2009) ce qui a évidemment pour conséquence d’accentuer les inégalités. Cette progression est autant due à une augmentation soutenue des plus hauts salaires que des revenus du patrimoine.

Les 6 10 000 personnes les plus riches (1 % de la population), qui ont gagné plus de 93 000 euros en 2011, ont vu leur revenu croître de 7,1 % depuis 2004. En comparaison, le revenu médian – c’est-à-dire, qui sépare la population en deux parties égales – a progressé de moins de 2 % sur la même période, passant de 18 100 euros à 19 500. Mais la différence est surtout plus nette chez les 1 % d’individus les plus aisés, où on assiste à un véritable décrochage des très riches par rapport au reste du groupe. Ainsi, les 61 000 revenus les plus élevés (supérieurs à 256 000) ont progressé de 23 % et les 6 100 premiers (supérieurs à 810 700) de presque 43 %.

Si en 2009, année qui a suivi la crise, les écarts se sont réduits, car les revenus des 10 % plus riches ont reculé, alors que les revenus inférieurs ont légèrement augmenté, les choses ont ensuite repris leur cours. Les revenus des 6 100 individus les plus riches ont enregistré une hausse de 20 %. Les plus aisés ont ainsi retrouvé dès 2011 un revenu supérieur à celui d’avant-crise, alors que les autres catégories de revenus ont connu un vrai coup de frein (+2,7 % pour l’ensemble de la première moitié). Au total, le seuil de revenu pour appartenir aux 0,01 % les plus riches était 41 fois plus élevé que le revenu médian en 2011, alors que ce rapport n’était que de 31 % en 2004.

Ces inégalités sont autant dues à des inégalités salariales, qu’à des différences patrimoniales. En effet, il ressort de l’étude que les 10 % les plus riches tirent 29,9 % de leur revenu disponible (c’est-à-dire diminué de la majeure partie des impôts directs), contre 12,3 % pour la moyenne. Un constat qui rejoint celui du dernier best-seller de l’économiste Thomas Piketty, « Le Capital au XXIe siècle » qui déclare que « nous sommes redevenus une société d’héritiers comme il ya un siècle ».

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Document à télécharger:
Rapport de l’INSEE
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