Les petits dans la cour d’écrans

par Erwan Cario, Isabelle Roberts, Raphaël Garrigos

–Un front large comme un pare-brise, un AK-47 glissé dans la barboteuse, des membres inférieurs atrophiés et des pouces maousses comme des poêlons à raclette. C’est — en gros — le portrait bien trop souvent dessiné du lardon d’aujourd’hui, croulant sous l’avalanche des écrans : télé, console de jeux vidéo, ordinateur, Facebook, smartphone et désormais tablette. Nocive, l’avalanche, évidemment… Psychologies Magazine relaie d’ailleurs, ce mois-ci, l’appel à la vigilance de cinquante experts « face à l’utilisation abusive des écrans », accompagné de huit pages anxiogènes sur le sujet. Mais voilà qu’un rapport intitulé l’Enfant et les écrans vient faire un sort aux idées reçues. Oui, les jeux vidéo « peuvent stimuler de nombreuses compétences ». Oui, les réseaux sociaux « peuvent être un espace d’expérimentation et d’innovation ». Ce rapport n’est pas l’œuvre d’une bande de hippies geeko-libertaires, mais de l’Académie des sciences qui, sous la plume de Jean-François Bach, Olivier Houdé, Pierre Léna et Serge Tisseron (1), dessine « un chemin de raison », rappelant sans cesse l’évidence, à savoir la nécessité d’un encadrement parental et scolaire dans les activités numériques de ceux que Michel Serres appelle joliment les « petits poucets » et « petites poucettes ». Mesurée, renseignée, mais aussi enthousiaste vis-à-vis du numérique voire parfois fascinée, cette somme dresse la liste des « meilleurs services que nous puissions rendre à cet enfant du siècle nouveau ».

La vilaine télé

Bouh, la vilaine télé ! S’il y a un écran à propos duquel les choses ne changent pas, c’est bien le petit. Qu’on pourrait résumer ainsi : la télé, c’est pas pour les enfants. Et surtout pas les plus jeunes. Ainsi, indique le rapport, « l’exposition passive et isolée aux écrans — y compris l’exposition aux DVD spécialement commercialisés pour enrichir précocement le vocabulaire — n’aide pas les bébés à apprendre le langage ».

Les conclusions de l’Académie contredisent la supposée nocivité pour les enfants.
Instructions

S’il convient de prendre avec une certaine précaution des conclusions qui méritent encore validation, nul ne peut plus contester l’outil pédagogique essentiel que constitue le numérique en général, et les tablettes en particulier.
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