Les compensations versées aux propriétaires d’esclaves par la France au XIXe siècle rendues publiques

—Par Coumba Kane et Julien Bouissou —

Une équipe de chercheurs du CNRS a publié la liste des bénéficiaires des indemnisations décidées par la IIe République à la suite de l’abolition de l’esclavage de 1848.

Cent cinquante-trois ans après l’abolition définitive de l’esclavage en France, le 27 avril 1848, une équipe de chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) a mis en ligne, vendredi 7 mai, dans le cadre du projet « Repairs », une base de données détaillant les indemnités versées par l’Etat français aux propriétaires d’esclaves. Des informations qui permettent de mieux comprendre la société esclavagiste de l’époque et de retracer l’origine d’investissements qui ont donné naissance à des dynasties entrepreneuriales ou des entreprises qui existent encore aujourd’hui.

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Contrairement aux idées reçues, les 10 000 propriétaires d’esclaves qui ont reçu à partir de 1849 des indemnités de 126 millions de francs or (1,3 % du revenu national, soit l’équivalent de 27 milliards d’euros d’aujourd’hui) n’étaient pas tous des colons blancs. « La loi d’abolition du 27 avril 1848 est à l’origine d’une confusion sémantique, explique Myriam Cottias, chercheuse au CNRS à la tête du projet de recherche “Repairs”. On peut y lire que les “colons”, c’est-à-dire des Blancs, doivent être indemnisés, alors que ce sont les propriétaires d’esclaves, dont certains sont de couleur, qui reçoivent les indemnités. »

Selon les calculs de Jessica Balguy, doctorante à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), 30 % des propriétaires d’esclaves en Martinique étaient noirs ou métis, pour la plupart des petits propriétaires. Parmi eux, on retrouve certains affranchis, appelés « libres de couleur », ayant racheté leurs enfants ou petits-enfants sans avoir les moyens de payer les taxes à l’Etat pour les émanciper. Les femmes occupent également une place significative parmi les bénéficiaires de l’indemnité coloniale. « On compte parmi ces femmes beaucoup de veuves de colons et des célibataires qui possédaient quelques esclaves », explique la chercheuse…

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