L’éphéméride du 21 juillet

Neil Armstrong pose le pied sur la lune le 21 juillet 1969

Le 16 juillet 1969 à 13 h 32 UTC, le lanceur Saturn V, pesant plus de 3 000 tonnes, décolle du complexe de lancement 39 de Cap Canaveral en emportant Neil Armstrong et ses coéquipiers à bord du vaisseau Apollo 11. Au début du décollage, le pouls d’Armstrong atteint un maximum de 109 battements par minute. Il trouve le premier étage de la fusée très bruyant, beaucoup plus que celui des fusées Titan II GLV utilisées pour Gemini 8. Par contre, le module de commande et de service Apollo lui semble particulièrement spacieux par rapport à la capsule Gemini. Certains spécialistes pensent que le volume habitable disponible est à l’origine du « mal de l’espace » qui a frappé les membres de l’équipage de la mission précédente, mais aucun des équipiers de l’équipage d’Apollo n’en souffre. Armstrong en est particulièrement heureux, car il était sujet, enfant, à la cinétose et pouvait avoir des nausées après de longues périodes de mouvements.

Après un transit entre la Terre et la Lune d’une durée de quatre jours sans anomalie, Armstrong et Aldrin embarquent à bord du module lunaire Apollo, baptisé Eagle pour entamer leur descente vers le sol lunaire. L’objectif d’Apollo 11, mission pionnière, est de limiter les risques. Pour l’atterrissage, l’équipage a pour consigne de privilégier la sécurité par rapport à la précision[réf. nécessaire].

L’ordinateur de bord gère le pilote automatique, assure la navigation et optimise la consommation de carburant (optimisation sans laquelle il serait difficile de se poser avec la faible quantité de carburant disponible). Sa puissance est équivalente à celle d’une calculatrice bas de gamme des années 2000.

Durant la phase de descente, l’équipage est gêné par une alarme « 1202 » émise par l’ordinateur de bord, et qui en simulation était d’un type menant habituellement à l’annulation de la mission. Le jeune Steve Bales, l’un des programmeurs de l’ordinateur de bord, présent à Houston, détermine que l’alarme correspond à une saturation mémoire et peut être ignorée, et après 30 longues secondes Houston confirme que la mission peut se poursuivre. Une analyse plus approfondie révèlera que cette saturation provenait des signaux du radar de rendez-vous qui était inutile dans la phase de descente et aurait dû normalement être désactivé à ce stade de la mission. Or à la suite d’une erreur dans la préparation à Terre, la liste de contrôle que devaient suivre Armstrong et Aldrin ne mentionnait pas la nécessité d’effectuer cette désactivation (ultérieurement Steve Bales sera reçu à la Maison Blanche par le président Nixon et remercié d’avoir ainsi sauvé la mission).

Accaparé par ces alarmes, Armstrong laisse passer le moment où, selon la procédure, il aurait dû exécuter une dernière manœuvre de correction de la trajectoire. Le LEM dépasse de 7 km le site sélectionné pour l’atterrissage (« Site no 2 ») et s’approche d’une zone encombrée de rochers. Armstrong n’a pas le temps d’étudier la situation avec Houston et de reconfigurer l’ordinateur de bord. Il prend le contrôle manuel du module lunaire pour survoler à l’horizontale le terrain à la recherche d’un site adapté à l’atterrissage. À Houston on est inquiet de la durée anormalement longue de l’atterrissage, et l’abandon de la mission est de nouveau envisagé. Lorsque s’affiche le signal indiquant qu’il ne reste plus que 60 secondes de carburant, le LEM est désormais très proche du sol et soulève un nuage de poussière qui gêne la visibilité. Armstrong avait déjà posé le simulateur du LEM, le LLTV, avec moins de quinze secondes de carburant restant à plusieurs reprises et était par ailleurs convaincu que le module lunaire pouvait résister à une chute de 15 m en cas de besoin. À la recherche d’une zone non accidentée, Armstrong fait avancer le LEM en rasant le sol dans la direction de sa fenêtre afin d’avoir le nuage derrière lui et de garder de la visibilité, pendant qu’Aldrin indique l’altitude, la vitesse horizontale et les secondes de carburant restant.

Le module lunaire Eagle se pose dans la mer de la Tranquillité le 20 juillet 1969 à 20:17:40 UTC (15 h 17 min 40 s CDST, heure de Houston)38, avec 20 secondes restant39 du propergol réservé à l’atterrissage, à 7 km du lieu prévu à l’origine40.

Les premiers mots d’Armstrong destinés au contrôle de la mission sont : « Houston, ici la base de la Tranquillité. L’Aigle a aluni… » Armstrong et Aldrin se félicitent d’une poignée de main et une tape dans le dos avant d’entamer la liste de contrôle destinée à vérifier que le module est prêt pour un décollage d’urgence si la situation le justifie41. À Houston, le capcom Charlie Duke s’exclame : « Reçu, Tranquillité. Nous comprenons que vous êtes au sol. Vous aviez un paquet de types en train de devenir bleus. On respire à nouveau, merci », trahissant la nervosité qui régnait au contrôle de mission.

Premier pas sur la Lune

Le plan de vol établi par la NASA prévoyait une période de repos de l’équipage immédiatement après les vérifications qui suivaient l’atterrissage. Mais Armstrong demande que la sortie extravéhiculaire sur le sol lunaire se fasse plus tôt. Les deux astronautes doivent s’équiper et lorsque Armstrong et Aldrin sont prêts à sortir il s’est écoulé près de six heures depuis qu’Eagle s’est posé sur la Lune. La cabine est dépressurisée et l’écoutille est ouverte. Armstrong descend d’abord en utilisant l’échelle située sur le flanc du module. Arrivé au dernier échelon il déclare « Je vais descendre du LEM (module lunaire) maintenant ». Avant de se tourner et de poser son pied gauche sur la surface lunaire, le 21 juillet 1969 à 2 h 56 minutes UTC43, il prononce la phrase restée célèbre qu’il avait préparée quelques heures auparavant : « That’s one small step for [a] man, one giant leap for mankind » ce qui peut se traduire par « C’est un petit pas pour [un] homme, [mais] un bond de géant pour l’humanité ».

Note sur la citation : le « a » dans « step for [a] man » est indiqué entre crochets car il n’a pas été prononcé (ou entendu) à l’époque, ce qui créait un pléonasme car man (l’homme) est synonyme de mankind (l’humanité). Néanmoins, si les médias français titraient à l’époque « Un petit pas pour l’homme, mais un bond de géant pour l’humanité », le sens des paroles d’Armstrong, mettant en parallèle son petit pas et le bond de géant pour l’humanité que représentait l’arrivée de l’espèce humaine sur la Lune, était implicitement parfaitement compris. Armstrong dit plus tard : « j’espère que l’Histoire me pardonnera d’avoir enlevé la syllabe et comprendra que ce ne fut pas volontaire. Même si la syllabe ne fut pas dite, elle aurait aussi bien pu l’être ». Une analyse numérique de l’enregistrement audio, réalisée par l’informaticien australien Peter Shann Ford, révélerait la présence de la syllabe « a » manquante46, qui aurait été inaudible en raison des limites technologies des communications de l’époque. Ford et James R. Hansen, biographe d’Armstrong, ont présenté ces résultats à Armstrong et aux représentants de la NASA47 mais l’article de Ford a été publié sur son propre site Web et non dans une revue soumise à relecture par des pairs scientifiques. Des linguistes comme David Beaver et Mark Liberman considèrent avec scepticisme les affirmations de Ford. Quoi qu’il en soit, Armstrong a exprimé sa préférence pour que cette citation soit écrite avec le « a » entre parenthèses et la transcription de ses paroles sur le site de la NASA est conforme à ce souhait
orsque Armstrong fait son annonce, les échanges radio entre l’équipage et la mission au sol sont diffusés en direct par la Voix de l’Amérique, par la BBC ainsi que par de nombreuses autres radios dans le monde entier. On estime que près de 450 millions d’auditeurs sur une population mondiale estimée de 3,631 milliards de personnes suivent la sortie d’Armstrong49 en direct, soit 13 % de la population mondiale.

Vingt minutes après la sortie d’Armstrong, Aldrin pose à son tour le pied sur le sol lunaire. Les deux hommes dévoilent une plaque commémorant leur vol, fixée sur l’étage de descente qui doit rester sur le sol lunaire puis plantent le drapeau des États-Unis. Celui-ci possède une armature faite d’une tige métallique pour le maintenir horizontalement faute d’atmosphère et donc de vent. L’apparence ondulée, chiffonnée, identique sur toutes les photos, vient de la manière dont il avait été plié et emballé pendant le voyage50. Sur Terre, une discussion eut lieu sur la pertinence de planter un drapeau, mais ce point n’a pas préoccupé Armstrong qui pensait que tout le monde aurait fait de même. Slayton avait averti Armstrong qu’ils recevraient une communication spéciale, mais ne lui avait pas dit que ce serait le président Richard Nixon qui serait en contact avec eux, juste après la mise en place du drapeau.

Il n’existe que cinq photos d’Armstrong sur la Lune : le déroulement des tâches était programmé à la minute et la majorité des photos devaient être réalisées par Armstrong à l’aide de l’unique appareil Hasselblad disponible. Après avoir aidé à mettre en place les expériences scientifiques du Apollo Lunar Surface Experiments Package, Armstrong effectue une brève excursion vers un cratère situé à 60 m à l’est du module lunaire et qui est East Crater. C’est la plus longue distance parcourue durant la mission. La dernière tâche d’Armstrong est de laisser un petit paquet d’objets en mémoire des défunts cosmonautes soviétiques Youri Gagarine et Vladimir Komarov, et des astronautes d’Apollo 1 « Gus » Grissom, « Ed » White et Roger Chaffee. Le temps consacré à la sortie de l’équipage d’Apollo 11 sur le sol lunaire a été limité à environ deux heures et trente minutes ; c’est la plus courte sortie des six missions Apollo. Les sorties des missions suivantes seront de plus en plus longues et, à titre d’exemple, l’équipage d’Apollo 17, la dernière mission lunaire, passera plus de 21 heures à explorer la surface lunaire.

Source : Wikipedia