« Le racsme anti-Noirs est notre pandémie » : le vibrant plaidoyer de George Clooney

— Par Chloé Friedmann —

Bouleversé par l’affaire George Floyd, l’acteur de 59 ans a publié une tribune dans les colonnes du Daily Beast, le lundi 1er juin. Il y souligne le besoin d’un changement «systémique» au sein des États-Unis, et qualifie le racisme anti-noirs de véritable «pandémie».

Le doute n’est, désormais, plus permis : George Floyd est bel et bien mort des suites d’une asphyxie, a révélé une autopsie indépendante, le lundi 1er juin. Le décès de cet Afro-Américain de 46 ans serait dû, selon Antonio Romanucci, un avocat de sa famille, au «genou de l’officier maintenu» sur le cou de la victime, ainsi qu’au «poids des deux autres policiers sur son dos». George Floyd avait été arrêté à Minneapolis le 25 mai pour avoir tenté de payer ses courses avec un faux billet dans une épicerie, puis maintenu au sol par plusieurs agents de police.

Depuis la mort du quadragénaire, les États-Unis se sont embrasés, et de multiples célébrités se sont exprimées sur les violences policières perpétrées à l’encontre de personnes de couleur. Parmi elles, George Clooney, qui a publié une tribune sur le racisme anti-noirs dans les colonnes du Daily Beast, le lundi 1er juin. «Alors, que faire maintenant ?», s’interroge l’acteur en préambule. Avant d’évoquer les multiples affaires de violences policières à l’encontre de Noirs-Américains qui ont émaillé l’histoire du pays.

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« Nous prions pour que personne d’autre ne soit tué »

«Sommes-nous en 1992 ? a-t-il poursuivi. Venons-nous d’entendre un jury nous dire que les policiers blancs que nous avons vus une centaine de fois en vidéo, frappant Rodney King (un ouvrier du bâtiment devenu activiste, NDLR), n’étaient pas coupables de leur crime évident ? Est-ce 2014, quand Eric Garner a été exécuté pour avoir vendu des cigarettes, par un agent de police blanc qui l’a étranglé (…) ?» Le comédien de 59 ans a ainsi cité les noms de plusieurs victimes afro-américaines, avant d’évoquer l’affaire George Floyd.

«Nous l’avons regardé rendre son dernier souffle aux mains de quatre officiers de police, a-t-il expliqué. Maintenant, nous assistons à une nouvelle réaction de défiance envers le traitement cruel et systémique infligé à une partie de nos concitoyens, comme nous en avons observé en 1968, 1992 et 2014. Nous ne savons pas quand ces manifestations se calmeront. Nous espérons et prions pour que personne d’autre ne soit tué.»

La nécessité d’un « changement systémique »

George Clooney s’est, par ailleurs, montré plutôt pessimiste quant à la perspective d’un changement des mentalités. «Mais nous savons aussi que très peu de choses changeront», a-t-il ajouté. L’époux d’Amal Alamuddin Clooney a ainsi évoqué «la colère et la frustration» des manifestants. Un rappel, selon l’acteur, que son pays «a peu grandi depuis le péché originel de l’esclavage».

«Le fait que nous n’achetions plus ni ne vendions d’autres êtres humains n’est pas un badge d’honneur, a-t-il déclaré. Nous avons besoin d’un changement systémique au sein de nos forces de l’ordre et de notre système de justice pénale. Nous avons besoin de dirigeants et de politiciens qui reflètent une équité fondamentale à tous leurs citoyens. Pas de leaders qui attisent la haine et la violence (…)» Une référence à Donald Trump, dont le tweet menaçant – «Quand les pillages commencent, les tirs commencent» -, publié le 29 mai, a été perçu comme une incitation à la violence contre les manifestants. L’acteur a également comparé le racisme anti-Noirs à une «pandémie», en référence à l’épidémie de coronavirus qui sévit actuellement dans le monde.

« Le racisme nous infecte tous »

«C’est notre pandémie, a-t-il affirmé. Elle nous infecte tous, et en 400 ans nous n’avons toujours pas trouvé de vaccin. Il semble que l’on ait même arrêté d’en chercher un et que nous essayions de soigner la blessure individuellement. Et il est clair que nous n’y sommes pas très bien parvenus.» Le héros de Monuments Men (2014) a cependant estimé qu’il existait une solution à ce mal.

«Alors cette semaine, comme nous nous demandons ce qu’il faudra faire pour résoudre ces problèmes en apparence insurmontables, souvenez-vous simplement que si nous les avons créés, nous pouvons les résoudre, a-t-il conclu. Et il n’y a qu’un moyen pour ce pays de mettre en place un changement durable : voter.» De leur côté, d’autres célébrités, comme Jamie Foxx, Beyoncé ou encore Billie Eilish se sont elles aussi indignées de l’affaire George Floyd.

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Source : Le Figaro.fr