La publicité dans nos boîtes aux lettres explose, son coût aussi

— Par Arthur Berdah —
pas_de_poubUne enquête de l’UFC-Que Choisir se veut alarmante sur la hausse de la publicité non adressée. Avec ses conséquences financières et écologiques.

«Consternant». C’est la conclusion de l’enquête réalisée en avril 2014 par l’UFC-Que Choisir sur la publicité non-adressée. En dix ans, et malgré le lancement de la campagne nationale de réduction de la pollution publicitaire des boîtes aux lettres «Stop-Pub», l’association de consommateur constate une hausse de 35% du poids des publicités reçues. C’est effectivement grâce à une enquête menée sur le mois d’avril, en lien avec le réseau environnement de l’UFC-Que Choisir, que 748 bénévoles de l’association ont pu dresser ce constat⋅ En 2004, le poids moyen sur un mois de la publicité recensée dans les boîtes aux lettres tournait effectivement autour de 2 kg par ménage.

Aujourd’hui, ce sont 2,7 kg de publicité que les ménages reçoivent en moyenne sur un mois⋅ «Nous nous attendions à ce qu’il y ait une baisse ou au moins une stabilisation de ce chiffre, mais certainement pas une hausse. Depuis 2008-2009, les pouvoirs publics ont un peu lâché la sensibilisation autour de la question». Tout le monde n’est cependant pas logé à la même enseigne puisque les 236 bénévoles de l’UFC-Que Choisir ayant participé à l’étude munis d’un autocollant «Stop-Pub» apposé à leur boîte aux lettres ont observé eux une baisse de 83% de la publicité non-adressée dans leur courrier, la voyant passer de 72 prospectus à 12.
Un enjeu économique et écologique

Selon les résultats de l’enquête, les enseignes de bricolage-jardinage et la grande distribution cumuleraient 69% des envois de publicité non-adressée. Carrefour, Leclerc, et Système U, qui en concentrent à eux seuls 36%, ont ainsi respectivement distribué sur le mois d’avril 9,2, 6,1 et 5,9 prospectus dans chaque boîte située dans la zone de chalandise de l’un de leurs magasins. Pourtant Carrefour se targue d’une «réduction de 16% de la quantité de papier utilisée pour les prospectus, et de l’utilisation dans 100% des cas de papier recyclé ou certifié PEFC ou FSC (certification de gestion forestière durable et norme de bois contrôlé, NDLR)». De même, Leclerc s’est lancé dans une opération «Zéro prospectus», qui ambitionne de supprimer complètement le prospectus sur papier au profit du numérique d’ici 2020 .

L’association assure en outre que cette politique de publicité non-adressée impacte les prix de ventes des produits des sociétés qui y font appel. «Les 2,9 milliards d’euros dépensés en budget publicitaire se répercutent forcément à un moment sur le prix des biens. Alors certes, ils équivalent à quelques centimes sur les produits, et sont donc indolores. Mais si on amalgame le tout en divisant ces 2,9 milliards par le nombre de ménages, la pollution publicitaire représente pas moins de 176€ par an» calcule Nicolas Mouchnino. Et de poursuivre sur le «désastre écologique» que révèlent les résultats de l’enquête. «Un cinquième du papier qui arrive sur le marché français va à la publicité non-adressée. Et si certaines personnes pensent, en triant leur déchet, que le papier sera recyclé, il est important qu’elles sachent que ça n’est pas toujours le cas. Contrairement à nos voisins allemands, où le taux de recyclage avoisinne les 75%, le notre n’est que de 49%. C’est donc plus de la moitié des 69 200 tonnes mensuelles distribuées qui sont gaspillées», déplore-t-il enfin.

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