« La Petite » : un film qui explore les complexités de la GPA sans prendre parti

Sortie sur les écrans en Martinique le 22 septembre !

« La Petite », u, film de Guillaume Nicloux
Par Fanny Chesnel, Guillaume Nicloux
Avec Fabrice Luchini, Mara Taquin, Maud Wyler
20 septembre 2023 en salle / 1h 33min / Drame
De Guillaume Nicloux
Synopsis :
Joseph apprend que son fils et le compagnon de celui-ci viennent de périr dans un accident. Ils attendaient un enfant via une mère porteuse en Belgique. Que va devenir leur futur bébé ? Joseph en est-il le grand-père légitime ? Porté par la promesse de cette naissance qui va prolonger l’existence de son fils, le sexagénaire part à la rencontre de la jeune flamande au caractère farouche et indomptable…

Madinin’Art en parle :
« La Petite, » le dernier film réalisé par Guillaume Nicloux et interprété par Fabrice Luchini, a marqué les esprits lors de son ouverture au Festival du film francophone d’Angoulême. Contrairement à ce que l’on pourrait s’attendre, ce long métrage ne s’inscrit pas dans la tendance actuelle des comédies légères. Fabrice Luchini a tenu à souligner ce point, insistant sur le fait que « La Petite » ne s’inscrit pas dans la tyrannie du film comique, mais qu’il s’agit plutôt d’un mélodrame profond qui pose des questions essentielles et qui suscite une large gamme d’émotions, allant des larmes aux sourires.
L’histoire se concentre sur Joseph, un sexagénaire campé par Luchini, qui reçoit la terrible nouvelle de la mort de son fils et de son compagnon dans un tragique accident d’avion. Cependant, la situation se complique davantage, car le couple attendait un enfant grâce à une mère porteuse en Belgique. La gestation pour autrui (GPA) est strictement interdite en France, mais en Belgique, elle se trouve dans une zone grise juridique, ni totalement légale ni explicitement interdite, ce qui permet la réalisation de telles pratiques.
La décision de Joseph d’honorer le désir de son fils décédé le pousse à partir à la recherche de la femme qui porte l’enfant. Cette quête s’avère être un véritable périple, soulevant des questions cruciales sur les droits parentaux et la légitimité de Joseph en tant que grand-père potentiel. Rita, la mère porteuse, incarne une facette complexe de la GPA : elle considère cette pratique comme un moyen de subsistance, mais n’a aucune intention d’élever l’enfant elle-même.
« La Petite » adopte une position neutre dans le débat sur la GPA. Le film présente deux perspectives opposées sans prendre parti. D’un côté, il y a Rita, qui voit la GPA comme une source de revenus, et de l’autre, Joseph, motivé par un amour profond pour son fils défunt. Le film expose ainsi les différentes opinions sur la GPA, un sujet qui divise la société, certaines personnes la considérant comme une exploitation des femmes et une objectivation des bébés à naître, tandis que d’autres estiment qu’il faut respecter le choix des femmes de porter un enfant pour autrui.
Fabrice Luchini, qui incarne Joseph, n’a pas d’opinion tranchée sur la GPA. Il connaît des personnes des deux camps et préfère ne pas prendre position. Par conséquent, le film sert de toile de fond pour explorer les différentes perspectives sans imposer de jugement.
« La Petite » offre une réflexion émouvante sur la filiation et la recherche de réconciliation entre un père et son fils décédé. Le film évite le pathos excessif et propose des performances remarquables, en particulier celle de Luchini et de Mara Taquin, qui incarne Rita. Bien que le film présente quelques lourdeurs dans sa réalisation, il aborde honnêtement un sujet rarement traité au cinéma et invite le public à réfléchir sur les complexités de la GPA et de la filiation sans prendre parti. C’est un voyage émotionnel captivant qui éclaire les nuances de ce débat sociétal important.