La mort tombée du ciel

— Par Stéphane Sahuc —

Les images qui nous arrivent du Pakistan sont effroyables et terrifiantes. Des vagues d’eau brunâtre qui s’engouffrent dans des lits de rivière trop étroits, des montagnes liquides qui débordent détruisant tout sur leur passage. Rien ne résiste, les bâtiments, les ponts, les routes sont engloutis et déjà le bilan humain dépasse les 1 000 morts. Depuis le mois de juin, le pays est victime d’inondations monstres provoquées par les pluies de mousson. Avec un tiers du Pakistan actuellement sous les eaux, personne n’échappe à la catastrophe. Il y a ceux touchés directement et qui ont tout perdu. Ils sont plus de 33 millions dans ce cas, soit un Pakistanais sur sept. Mais l’ensemble de la population en subit les conséquences. Les routes coupées, les infrastructures fragilisées compliquent la vie dans tout le pays. Les approvisionnements sont ­réduits, les produits alimentaires de base voient leurs prix grimper en flèche. Et la situation pourrait encore s’aggraver.

Pour les Pakistanais, la mousson, même lorsqu’elle n’est pas d’une ampleur exceptionnelle, est devenue depuis des années synonyme de destruction et de mort. Mais cette année, l’ampleur des précipitations remet en lumière le désastre du dérèglement climatique. La situation au Pakistan comme la succession de catastrophes de cet été en France et dans le monde nous démontrent une fois de plus que les phénomènes extrêmes et exceptionnels deviennent l’ordinaire sur l’ensemble de la planète.

Pour faire face à une telle situation, il n’y a pas d’autre choix que d’agir radicalement, à l’échelle de la planète, pour diminuer les émissions de gaz carbonique et lutter contre les effets dévastateurs de leur concentration. L’argent existe qui pourrait permettre d’accélérer cette action et, dans le même temps, aux sociétés d’imaginer des solutions pour limiter l’impact des catastrophes, qui vont continuer. À commencer par ces centaines de milliards d’euros engrangés par les géants de l’énergie ou de la pharmacie. Des multinationales qui n’ont comme seul ­horizon que la maximisation et la sécurisation de leurs profits.

Source : L’Humanité.fr
https://www.humanite.fr/planete/editorial/la-mort-tombee-du-ciel-761685