La journaliste et romancière québécoise Denise Bombardier est morte

Féministe engagée, la Québécoise s’était opposée, seule, en 1990 lors de l’émission littéraire « Apostrophes » à Gabriel Matzneff, dont les écrits faisaient l’apologie des relations sexuelles avec les enfants et les adolescents.

Denise Bombardier, née Marie Yvette Louise Denise Bombardier le 18 janvier 1941 à Montréal et morte le 4 juillet 2023 dans la même ville, est une polémiste, chroniqueuse, romancière, essayiste, productrice et animatrice de télévision québécoise. Elle a travaillé pour la chaîne de télévision francophone Radio-Canada pendant plus de 30 ans.

Biographie
Formation
Denise Bombardier était la fille de Jean-Louis Bombardier, radio-technicien, et de Simone Desormiers. Ils résidaient dans la paroisse St-Denis située sur le Plateau-Mont-Royal à Montréal.

Denise Bombardier obtient un baccalauréat en arts en 1964, une maîtrise en science politique de l’Université de Montréal en 1971 et un doctorat en sociologie de la Sorbonne en 1974.

Son intérêt pour la politique se manifeste aussi par un engagement militant. En 1963, elle agit en tant que présidente de la section de l’Université de Montréal du Rassemblement pour l’indépendance nationale.

Carrière télévisuelle
Radio-Canada
Elle commence sa carrière comme recherchiste pour l’émission télévisée Aujourd’hui de Radio-Canada. À partir de 1975, elle anime plusieurs émissions telles que Présent international, Hebdo-dimanche, Le Point, Entre les lignes et Noir sur blanc (de 1979 à 1983). Elle anime Trait-d’union de 1987 à 1988, tout en contribuant à d’autres émissions : Aujourd’hui dimanche (de 1988 à 1991) et L’Envers de la médaille.

Dans son émission Noir sur blanc, première émission d’affaires publiques animée par une femme au Québec, elle a reçu le premier ministre du Canada Pierre Elliott Trudeau, l’écrivain Georges Simenon, la première ministre d’Israël Golda Meir, le président français Valéry Giscard d’Estaing et son successeur, François Mitterrand.

Polémiques
Affaire DSK
En octobre 2011, elle co-écrit avec la journaliste française Françoise Laborde Ne vous taisez plus (éd. Fayard), à la suite de l’affaire Dominique Strauss-Kahn, pour dénoncer le machisme en France. Ce livre « est né des échanges informels qu’ont eues les deux femmes durant l’affaire DSK, où la Française et la Québécoise comparaient les réactions de leurs cultures respectives devant le geste sexuel fait par l’ancien président du FMI, Dominique Strauss-Kahn, alors potentiel candidat présidentiel, auprès d’une femme de chambre immigrée à New York ». Dans le cadre de la publication de cet ouvrage, elle est invitée à participer à quelques émissions de télévision populaires au Québec dont Les Francs-tireurs, Bazzo.tv et Tout le monde en parle. Par ailleurs, le chroniqueur du quotidien de la ville de Québec, Le Soleil, lui rend un hommage personnel en lui accordant « l’étoile du match ». En février 2012, le site Acrimed accuse Françoise Laborde et Denise Bombardier de plagiat pour cet ouvrage, ce que démentent les auteures. L’éditeur de l’ouvrage, Fayard, est reconnu coupable et se voit donc contraint de payer une somme de 35 000 euros (équivalent à 47 600 $ CA). Cette amende ne touche pas les deux auteures.

Affaire Matzneff
En décembre 2019, l’éditrice Vanessa Springora raconte sa relation sous emprise, à 14 ans, avec l’écrivain alors quinquagénaire Gabriel Matzneff dans son ouvrage Le Consentement qu’il avait lui-même retracée dans La Prunelle de mes yeux, un volume de son journal paru en 1993 et qui couvre la période allant du 13 mai 1986 au 22 décembre 1987. À cette occasion, Denise Bombardier revient sur sa confrontation avec Matzneff lors d’Apostrophes, l’émission de Bernard Pivot sur la chaîne française Antenne 2, en mars 199014, où elle avait été la seule personne présente sur le plateau à affronter Gabriel Matzneff, qui présentait un de ses livres relatant ses activités pédophiles15. Elle déclare, le 26 décembre 2019, à un journaliste du quotidien québécois Le Devoir, propos repris par France Info, que le milieu littéraire et la presse française s’étaient couchés pendant 30 ans devant un pédophile et un prédateur sexuel déclarant dans ses livres « sodomiser des mineurs », qu’elle a été alors la victime d’une calomnieuse polémique et qu’une conspiration du silence faisait que ses ouvrages n’étaient plus recensés.

 

Josyane Savigneau, membre du jury Femina et ancienne patronne du Monde des Livres, soutient toujours le pédocriminel Matzneff en 2019 et qualifie Denise Bombardier de « purge » qui participe à une « chasse aux sorcières ».

Le 10 janvier 2020 Le Journal de Montréal publie un article de Denise Bombardier intitulé « Être à la mode » où, à partir d’hyperboles et de métaphores sur la mode des tatouages, elle cible les déviants sexuels criminels se positionnant en victimes. Par la suite, sur les réseaux sociaux, des tatoués, dont Pénélope McQuade, réagiront au premier degré à ces propos.

Autres polémiques
Elle a sévèrement critiqué dans ses chroniques journalistiques et à la télévision, la télé-réalité, surtout Star Académie sous la conduite de Julie Snyder. Pourtant, elle travaille comme médiatrice lors des débats de la cuvée 2005.

Elle s’est en outre intéressée à la place de la religion dans l’histoire et dans l’actualité culturelle du Québec.

Le 12 janvier 2016, dans Le Journal de Montréal, Bombardier a affirmé que 53% de la population québécoise serait analphabète et que le Ministère de l’Éducation serait en cause. Elle a abordé le terme Crime contre l’esprit, et cet article a engendré une grosse polémique sur les réseaux sociaux.

En 2019, elle dirige un documentaire, Denise au pays des Francos, sur son expérience dans les régions francophones hors Québec, au Manitoba, en Ontario et en Acadie. Ce documentaire suit un passage à l’émission Tout le monde en parle en 2018, où elle tient un discours très accusateur à l’endroit des Franco-Canadiens.

Le 21 octobre 2019, à l’émission de radio La soirée est (encore) jeune, Bombardier déclare que la plupart des femmes n’ont pas confiance en elles. Charles Lafortune contredit ces propos avec colère.

Vie personnelle
Durant les années 1980, elle fréquente l’homme politique Lucien Bouchard.

En août 2003, elle se marie avec James « Jim » Jackson.

Mort
Denise Bombardier a passé les deux derniers week-ends avant sa mort à la Maison de soins palliatifs Saint-Raphaël à Montréal. Elle est décédée vers 6 heures du matin le 4 juillet 2023 des suites d’un cancer fulgurant. Elle est partie entourée des membres de sa famille dont son mari James Jackson, son fils Guillaume ainsi que sa sœur Danièle