Quand la France s’embrase

— Le n° 306 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Il est bien facile de parler de mimétisme pour expliquer les troubles dans quelques cités de Martinique et de Guyane, troubles surgis après le déclenchement des émeutes que l’on sait en France ! Nous préférons souligner la sensibilité de fractions de la population à des événements liés au tir policier à bout portant qui a mis fin brutalement à la vie du jeune Nahel. Le motif de ce meurtre, le « refus d’obtempérer » d’un jeune à un contrôle policier, parle évidemment à beaucoup dans les colonies.

Chacun peut constater que plus le Pouvoir s’indigne que l’on parle de « violences policières », de racisme systémique, de police gangrenée par l’extrêmedroite, plus les drames révoltants comme celui de Nanterre se répètent, ou encore celui d’Alhoussem tué par un policier toujours pour refus d’obtempérer, le 14 juin à Angoulème. Et comme presque toujours, ce sont les vidéos (et pas le collègue à côté !) qui révèlent et documentent les circonstances de l’abominable, ainsi que le mensonge systématique.

Le côté répétitif de ces scénarios de l’horreur, est aussi frappant que le caractère systématique des réponses des gouvernants : ils ne reconnaissent que quand ils ne peuvent faire autrement, et cherchent bien vite à faire porter l’attention sur les réactions violentes à la violence insupportable, venant de forces dites « de l’ordre ».

Et à chaque fois, ces évènements débouchent sur de nouveaux crédits pour la police, sur de nouvelles législations pour faciliter l’usage policier des armes, comme si la loi sur la légitime défense ne suffisait pas pour couvrir un usage des armes approprié à la dite légitime défense !

Toutes les études montrent, comme le défenseur des droits le dit, qu’il existe un racisme systémique dans la police, racisme qui va au-delà des origines ethniques et englobe la discrimination liée aux lieux d’habitation. Tout cela se manifeste dans les contrôles au faciès, dans la discrimination à l’embauche, au logement, dans les boîtes de nuit, etc.

Le pouvoir refuse de porter le fer dans cette situation de gangrène installée, profonde, parfaitement connue. Parce que le pouvoir est au service des classes dominantes, que celles-ci se nourrissent de l’exploitation des classes subalternes, que les ingrédients les plus sûrs pour le maintien du système, s’appellent une police bien protégée, une population divisée par les discriminations et apeurée par les violences incontrôlées nées de colères légitimes.

Tout cela témoigne de l’immense responsabilité qui pèse sur le mouvement ouvrier et populaire, seul capable de prendre les choses à la racine et conduire l’œuvre de la transformation sociale.


Conférence de presse :

Simenn Matinik doubout- gaoulé kont chlordécone se présente

Mercredi 5 juillet à 10h à la Maison des Syndicats

Tout moun pé vini !

Dupont-Moretti, le chlordécone et la révolte des banlieues

Le secrétariat d’État aux colonies a été rattaché au ministère de l’intérieur. Il aurait pu l’être à celui de la justice. DUPONTMORETTI ne serait certainement pas mal à l’aise dans le costume pour illustrer l’hypocrisie, le double langage, le mépris bien mal déguisé à notre égard !

Regardez : le feu prend dans de nombreuses villes de France. DUPONTMORETTI monte au créneau. Il tempête. Il donne des ordres au procureur. Il exige des condamnations sévères des émeutiers. Il réclame même que l’on s’en prenne aux parents incapables de tenir leur progéniture. Ça, c’est le MorettI parlant de l’hexagone.

Traversons l’océan et retrouvons le même MorettI répondant à une journaliste lui demandant de réagir à un reportage suite à notre manifestation sur le chlordécone lors de son passage à la CTM. « Mais madame, je ne peux pas commenter une décision de justice ! Comment voulez-vous que j’intervienne dans l’affaire du chlordécone ? » Disant cela il ne faisait d’ailleurs que reprendre des propos tenus à l’occasion d’une interpellation d’un député sur le même sujet !

Donc, Moretti peut donner des ordres à des procureurs, réclamer une justice ferme, se rendre dans les commissariats pour s’assurer qu’il n’y aura pas de faiblesse dans la répression judiciaire lorsqu’il s’agit de la France, pardon, de l’hexagone !--, mais quand il s’agit de la chaîne abominable de crimes du chlordécone, il ne se donne même pas le droit de commenter !

Ce serait comique, si cela n’illustre le total mépris à l’égard des peuples colonisés que nous sommes !

 

Une flamme olympique au coût pharaonique…

Comme de nombreuses collectivités de France, la Martinique via la CTM se voit attribuer l’inacceptable « privilège » payé au prix fort de quelque 180.000 €, de voir la flamme olympique des Jeux Olympiques de 2024 à Paris, « traverser » notre territoire. Un coût pharaonique et inadmissible, à l’heure où l’argent manque chez nous pour satisfaire bien des besoins de la population y compris dans le domaine sportif.

De nombreux élu·e·s en France ont refusé de payer, au motif légitime de ne pas faire porter à leurs populations, ce choix décidé sans débat populaire par un cercle étroit de décideurs, sous la houlette à l’époque du tandem Hidalgo-Sarkozy.

L’alibi que cette traversée porterait un plus médiatique et touristique, est largement démenti par l’expérience de jeux antérieurs (Athènes, Sydney, Pékin…)!

İl y a mieux et plus urgent à faire avec ces 180.000 euros.

Fort-de-France le 26 juin 2023

 

Pizza+ : Qui doit payer ?

Après la mobilisation de la CDMT le vendredi 23 juin, les salariés sont entrés en grève pour obtenir l’annulation d’un avertissement injuste et injustifié infligé à une salariée, après un incident datant du 14 janvier 2023. Ce long délai témoigne des tergiversations voire de l’entêtement de l’employeur, de la patience des salariés et finalement de la nécessité de la grève. Celle-ci a duré jusqu’à la signature d’un accord de l’employeur pour le retrait de l’avertissement dans la soirée du lundi 26 juin après une longue négociation.

Cet accord ne comprend pas le paiement des jours de grève, ce qui explique que l’arrêt de la grève ne signifie pas la fin du conflit. Que la direction ait perdu de conséquentes recettes du fait de la fermeture aux clients est un fait, mais elle doit s’en prendre à elle-même, et non punir les salariés solidaires d’une collègue victime et non coupable.

Le 14 janvier, la salariée avait été victime de propos injurieux, de menaces physiques d’un cadre sans aucune raison valable (voir RS précédent). La salariée traumatisée a subi un arrêt pour accident de travail, qu’elle a dû renouveler par la suite.

Entretemps, la salariée reçoit un avertissement qu’une intervention de la CDMT semblait avoir rejeté. Devant l’inertie de la direction qui donne toutes les apparences de couvrir l’agresseur, la CDMT écrit, le CSE réclame, mais la direction répond que le retrait « est à l’étude », que le supérieur hiérarchique a aussi une sanction, mais ne le montre à personne !

Face à l’éternité de cette « étude », à l’absence de réponse, l’action a été décidée, réalisée et a obtenu le résultat ci-dessus rapporté.

Ce mouvement légitime, très majoritaire a été soutenu par des militant·e·s d’autres entreprises, et approuvé par de très nombreux passants de ce centre commercial très fréquenté. Cela est plus que mérité. Il n’est pas si courant de voir une grève de solidarité pour le retrait d’un avertissement injuste, à la légalité plus que douteuse.

L’employeur ne doit pas croire que la messe est dite. Une pétition des salariés réclame le paiement intégral des jours de grève.

Yo ni rézon ! Pa ni moli !

 

Un actif français sur quatre , cloué dans les inégalités

L’observatoire des inégalités précise qu’une proportion de huit (8) millions de personnes en situation de mal-emploi en France, ne sont pas comptabilisées comme chômeur·e·s. Ce sont des salarié·e·s précaires, des personnes en CDD courts, en intérim, en alternance, en boulots dits extra, ou simplement sans emploi. Elles et ils, représentent de fait, un quart des actifs français que l’on masque dans les statistiques officielles.