« La Femme des steppes, le flic et l’œuf », un film de Quanan Wang

Sortie en salles le 19 août 2020

Avec Dulamjav Enkhtaivan, Aorigeletu, Norovsambuu Batmunkh
Nationalité Mongol
19 août 2020 / 1h 40min / Comédie, Policier

Synopsis :
Le corps d’une femme est retrouvé au milieu de la steppe mongole. Un policier novice est désigné pour monter la garde sur les lieux du crime. Dans cette région sauvage, une jeune bergère, malicieuse et indépendante, vient l’aider à se protéger du froid et des loups. Le lendemain matin, l’enquête suit son cours, la bergère retourne à sa vie libre mais quelque chose aura changé.

La presse en parle :

Le Monde :
Divine idylle entre une bergère mongole et un policier. Le film de Wang Quan’an est moins un polar qu’une fable sur la force vitale. Le film a cette beauté spontanée des œuvres qui s’inventent dans le déplacement, par contact avec des espaces, des mœurs, des conceptions qui la dépassent. En atteste une mise en scène qui se réinvente sans cesse.

Sens critique :
Habitué de la Berlinale, où il a décroché l’Ours d’Or avec Le mariage de Tuya, Wang Quan’an y est revenu l’an dernier avec La femme des steppes, le flic et l’œuf (Öndög), chronique mongole qui fait toucher du doigt l’insoutenable infinitude de l’horizon et, partant, notre dérisoire condition humaine, à nous, les descendants des dinosaures. Le film est un voyage poétique

Inrockuptibles:
Sur fond d’enquête policière, une envoûtante traversée du désert dans la steppe mongole.
Le film s’ouvre sur une scène de crime. Le corps nu d’une femme gît au milieu des hautes herbes, quelque part en Mongolie. L’enquête débute à peine, mais on la sait déjà subsidiaire comme dans ces faux polars avec des flics nigauds et de plates intrigues. L’affaire sera certes résolue, mais elle vaut d’abord pour le symbole (il s’agit d’un féminicide et le film porte, en creux, la violence faite aux femmes) et joue aussi un rôle d’entremetteuse entre un jeune policier, chargé de veiller sur la dépouille, et une bergère, seule et armée, embauchée à son tour pour protéger la morte et le vivant.

Première :
Le nouveau film du réalisateur chinois du Mariage de Tuya est à l’image de ses personnages, débordant de surprises.[…] un film contemplatif assez envoûtant.

Mondociné :
Quanan Wang aborde et pense le cinéma juste autrement, il filme ce que tout le monde aurait coupé, il montre ce que tout le monde aurait jeté, ces moments d’attente, ces interstices, ces fins de scènes qui n’ont plus le droit d’exister sacrifiées sur l’autel du sacro-saint « rythme ». De cette langueur créée par cette mise en scène abandonnée à une quiétude immuable, naît une forme de poésie enivrante qui vient épouser la splendeur formelle de l’œuvre, l’autre point fort de La Femme des Steppes, le Flic et L’œuf.

Le Télégramme:
Une fable certes confuse, surtout dans sa deuxième moitié, mais relevée par la magnificence visuelle des images captées par le français Aymerick Pilarski et ses dialogues délicieux. Une invitation au dépaysement qui passe par l’acceptation d’une lenteur au final reposante.

Zibeline :
Wang Quan’an déploie dans ce film très contemplatif et méditatif une veine quasi-documentaire. La profondeur de champ, le recours accru aux plans larges s’impose comme le seul moyen de rendre compte de la sauvagerie froide du paysage, et de la force du lien humain qui peut lui faire obstacle. Il invente de nouveaux modes de narration où l’image et le mouvement s’avèrent des vecteurs de langage plus puissants que le dialogue. À cet égard, la magnifique photographie des steppes mongoles, protagoniste à part entière de l’œuvre, doit beaucoup à la patte du chef opérateur français Aymerick Pilarski.

Le Polyester :
La Femme des steppes… flirte avec la fable surréaliste dans ce décor d’une beauté absurde. Et que Wang embrasse comme fasciné : la lumière, du petit matin ou du crépuscule, est à tomber à la renverse, et le ciel occupe souvent 75% de l’écran jusqu’à nous propulser dans les nuages. Quelques lignes abstraites, comme un tableau de Rothko.