— Par Jean Samblé —
En Haïti, la situation humanitaire atteint un niveau critique. Selon le dernier rapport SOS Enfants publié par l’UNICEF, près de 680 000 enfants ont été contraints de fuir leur foyer à cause de la violence, un chiffre presque doublé en un an. Aujourd’hui, plus de 1,3 million de personnes sont déplacées à travers le pays, victimes d’un climat d’insécurité généralisée et de l’effondrement des services essentiels.
La capitale Port-au-Prince est en grande partie sous le contrôle de groupes armés, entravant l’accès des familles à la nourriture, aux soins, à l’éducation et à l’eau potable. Les enfants, en première ligne, subissent les conséquences d’une crise multiforme et prolongée : écoles fermées, hôpitaux débordés, violences, exploitation et faim. Selon les dernières estimations, 3,3 millions d’enfants ont désormais besoin d’une aide humanitaire, contre 3 millions en 2024.
« Les enfants en Haïti vivent une double tragédie : déracinés par la violence, puis abandonnés dans des lieux précaires où ils manquent de tout », alerte Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF. « À chaque déplacement, ils perdent un peu plus de leur enfance. »
Le rapport révèle que plus de 246 sites d’accueil abritent les personnes déplacées. Pourtant, un tiers de ces sites ne disposent pas d’infrastructures de base, exposant les femmes et les enfants à de graves risques d’abus, de violence et d’exploitation. Dans de nombreux cas, des écoles servent d’abris d’urgence, perturbant l’éducation de près de 500 000 élèves.
L’UNICEF, malgré les défis sécuritaires, continue d’intervenir sur le terrain :
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86 000 enfants souffrant de malnutrition ont été pris en charge cette année,
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117 000 personnes ont reçu des soins de santé,
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et 140 000 personnes ont eu accès à de l’eau potable.
De plus, 178 enfants ont été démobilisés et réintégrés à la vie civile grâce à un protocole commun avec le gouvernement haïtien.
Mais ces efforts sont loin de suffire.
Un appel urgent à la solidarité internationale
L’UNICEF appelle la communauté internationale à intensifier de toute urgence son soutien. Des ressources financières et logistiques supplémentaires sont nécessaires pour :
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protéger les enfants déplacés,
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assurer leur accès à l’éducation, à la santé et à la nutrition,
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rétablir les services de base,
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garantir l’acheminement de l’aide humanitaire,
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et investir dans une stabilisation durable centrée sur les enfants.
Sans un engagement fort, des programmes essentiels pourraient être interrompus, privant des centaines de milliers d’enfants de la protection dont ils ont désespérément besoin.
« Il est encore temps d’agir pour sauver une génération », conclut Catherine Russell. « Les enfants d’Haïti ne peuvent plus attendre. »