Chlordécone : agir en justice, agir dans la rue, réussir la Simenn Matinik Doubout !

— Le n° 315 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Ce fut une trés bonne réunion de rentrée avec la participation du député Marcelin Nadeau et plusieurs de ses conseillers, et bien entendu, l’avocate Virginie Mousseau, dont la compétence et la motivation sautent aux yeux. Ainsi, Simenn Matinik Doubout-Gaoulé kont chlordécone a réenclenché la préparation de la semaine du 22 au 28 octobre, comme un nouveau temps fort de la mobilisation contre le non-lieu, pour la justice et les réparations des crimes chlordécone.

Mercredi 13, une conférence de presse a permis de lancer en grand la bataille pour la constitution de partie civile de centaines de Martiniquais·e·s. Un document élaboré avec les avocats engagés dans cette bataille, permettra à toutes les organisations et à toutes les personnes qui le souhaitent, de mettre un premier pied dans la procédure de constitution de partie civile. Cet aspect avait été négligé en première instance. Il s’agit, en appel contre le nonlieu, de réparer cette lacune et, comme dit le document de Simenn Matinik Doubout, de « rendre palpable » l’implication du plus grand nombre dans l’aspect judiciaire d’un combat qui nous concerne tous et toutes.

Les premiers retours des personnes informées sont positifs. Passons à l’acte.
Vendredi 15, un meeting organisé avec la municipalité du Gros-Morne rassemblait une bonne soixantaine de personnes parmi lesquelles le maire Gilbert Couturier et plusieurs de ses conseiller·e·s, et bien entendu des responsables de l’organisation, dont le conseiller territorial Clément Charpentier-Titi. Un public attentif a participé au débat jusqu’à une heure avancée.

L’engagement du maire de mettre un bus à disposition de la population pour la grande manifestation du 28 octobre, a bien entendu retenu l’attention.

Ces premières actions sont un encouragement à mettre les bouchées doubles pour la suite qui est déjà là !

 

Face à la Simar, le combat doit être collectif

Nous avons plusieurs fois évoqué le combat des salarié-e-s de CONCİERGERİE SERVICES contre les plans de la Simar. Cette lutte a permis de sauver des emplois, d’améliorer la feuille de paye, même si de vrais problèmes demeurent quant aux activités.

Nous avons aussi expliqué que les salariés de la Simar d’un côté, et de l’entreprise de propreté Clean Bulding de l’autre, devaient se mettre résolument aux côtés de ceux et celles de Conciergerie-Services pour opposer un front uni aux menées de la Simar.

En effet, le but global des chefs de la Simar est de faire des économies au profit de cette structures, aux dépens des salariés de toutes les structures et des locataires. Les services aux locataires sont diminués, l’emploi est menacé et les conditions de travail sont dégradées immédiatement et pour plus tard. Moins de personnels consacrés à l’aspect social dans ce domaine, mais aussi aux tâches de propreté qui seront réparties autrement.

Dans la nouvelle phase du combat qui concerne plus immédiatement celles et ceux de Clean Bulding, il est indispensable qu’ils obtiennent un soutien actif des salariés de la Simar mais aussi des décideurs politiques dont le rôle est important quant aux choix du « bailleur social ».

Le conseil d’administration a les moyens de s’opposer au plan scélérat des nouveaux donneurs d’ordre de la Simar. Ce front uni administrateurs, travailleurs/ses des sociétés concernées, de la Simar et de Clean Bulding, peut facilement avoir raison de l’entêtement de la Simar. C’est une question de conviction et de volonté.

 

Polémiques et unité d’action face à l’ennemi !

Nous n’avons jamais été, nous ne sommes pas et nous ne serons jamais pour l’enterrement du débat politique, de la confrontation des idées et des stratégies. Les masses prolétariennes dont nous nous réclamons, ont besoin, plus que toute autre classe, de voir clair au travers des débats contradictoires que toute situation complexe rend indispensables.

Ces débats n’ont pas grand chose à voir avec le choc des ambitions personnelles, attisées par les intérêts matériels plus ou moins significatifs, marchant au rythme des batailles électorales et au son du bal des égos. Les conflits de ce genre ne sont pas un adjuvant inévitable des débats nécessaires, mais un frein à ces débats comme à l’action que les discussions doivent éclairer.

Nous ne sommes pas encore vraiment sortis de la guerre entre les blocs Gran Sanblé et Allians Matinik. L’idée assez farfelue que la marche décoloniale ne se réalisera que quand l’un des deux camps aura terrassé l’autre, n’est pas tout à fait morte. C’est ce qui permet aux adversaires de toute décolonisation de sortir du bois avec leur sotte accusation que Letchimy serait un dangereux indépendantiste « anba fèy », et de reprendre la vieille rengaine réactionnaire contre tout écart de l’immobilisme colonial au nom de la peur du « largage ».

Ce retour d’une parole de droite décomplexée après des années de silence lié à leur alliance « de gestion » (sic), devrait alerter toutes les forces cherchant le changement. Au lieu d’utiliser tout et n’importe quoi, pour des polémiques enfiévrées (le drapeau, la langue, etc.) dans lesquelles les arguments sont cocassement réversibles en fonction des cibles, il serait vital que tous les camps comprennent que l’heure n’est pas aux « coups » et aux contre-coups, mais bien au vrai débat sur les urgences, sur les objectifs, les stratégies, les plans de lutte.

Un tel débat doit sortir du vase clos du microcosme politique. Il doit impliquer les masses, seules juges véritables des combats qui sont à mener ici et maintenant, ou qui sont à programmer pour demain. Les travailleuses, les travailleurs de notre pays ont par leurs luttes et souvent de gros sacrifices déjà fait avancer beaucoup de choses ici. Rien de grand ne se fera sans leur participation et leur contrôle. Encore faut il qu’ils et elles soient les premiers à le comprendre et à s’organiser en conséquence.