Catégorie : Philosophie

La personne humaine, au-delà des stéréotypes !

— Par Camille Loty Malebranche —

Êtes-vous Individu ou Personne ?

Dans la considération d’une espèce vivante, l’individu, on le sait, est le représentant phylétique, c’est-à-dire cet élément indivisible, unique manifestant les caractéristiques de l’ensemble de l’espèce concernée. L’individuation est comme une sorte d’entéléchie du vivant procédant de la phylogenèse pour se concrétiser par l’ontogenèse et la naissance. Pour l’espèce humaine, l’individu, représentant phylétique, est, dès le stade embryonnaire, la somme indivise pluridimensionnelle portant la promesse de la Personne à venir. La personne humaine est l’individu qui prend conscience de soi comme conscience qui se projette, donc su-jet, dimension se transcendant par la conscience et voulant se manifester par des valeurs accomplissantes.

Aborder la question de la personne dans un article ne peut-être qu’un exercice très partitif et dérisoire pour appréhender ce qui est au-delà des théories et qui excède tout contenu livresque possible. C’est Mounier qui, dans son personnalisme éthico-religieux donc métaphysique, précise simplement mais combien profondément le primat de la Personne humaine sur tout système, toute structure, dans sa proclamation : « en toute chose, la Personne Humaine doit primer ».

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Philosophie : parutions

Simone Weil et l’amour – Julien Vizet-Desjeux

  • Parution : 28/08/2025

  • Pages : 178 – Prix : 20,00 €

  • Thème : Philosophie de l’amour, métaphysique, mystique, connaissance

  • Résumé :
    Une lecture renouvelée de Simone Weil, où l’amour devient principe ontologique, épistémologique et cosmologique. L’auteur propose une métaphysique relationnelle dans laquelle l’amour relie Dieu, le monde et l’homme.

  • Idéal pour : Ceux qui s’intéressent à la spiritualité laïque, à la mystique chrétienne, ou à une refondation de la pensée philosophique sur l’expérience sensible et l’altérité.


Vivre en philosophe – P. Hoffmann, X. Pavie, M. Goarzin

  • Parution : 24/07/2025

  • Pages : 242 – Prix : 25,00 €

  • Thème : Exercices spirituels, sagesse antique, vie philosophique

  • Résumé :
    Entretiens autour de la pratique philosophique comme art de vivre, dans la lignée de Pierre Hadot. L’ouvrage questionne la portée existentielle de la philosophie antique aujourd’hui.

  • Idéal pour : Les amateurs de philosophie pratique, de stoïcisme, d’éthique du quotidien.


Mon ami Diogène – Gilbert McLaughlin

  • Parution : 03/07/2025

  • Pages : 214 – Prix : 22,00 €

  • Thème : Cynisme, bonheur, philosophie antique

  • Résumé :
    Une relecture accessible de Diogène de Sinope, comme figure subversive du bonheur, refusant les conventions pour vivre selon la nature.

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Rêve et Utopie: la Conquête et la Création!

 — Par Camille Loty Malebranche

Le rêve est une présence, un contenu du monde visé par une conscience n’y ayant pas encore accès; alors que l’utopie constitue une perspective de l’imagination active qui la suscite et la conçoit fictivement comme un projet en aspirant à la faire exister. Le rêve est donc volition de posséder ce qui est, l’utopie, l’envisagement d’un possible sans existence actuelle, à façonner et faire entrer dans l’effectivité.

Le rêve dont nous parlons ici, est le Rêve-projet que j’appelle téléologique au contraire du rêve onirique (le songe), partage avec l’Utopie, l’essence duelle d’impulsion et de projection vers l’avenir et le devenir, que l’un et l’autre constituent au niveau de la conscience humaine et de la volonté.

Le Rêve comme impulsion humaine, est projection vers la Conquête alors que l’Utopie, en tant qu’attraction imaginaire, est projection vers la Création.

Conquérant, le rêveur vise à acquérir voire conquérir ce qui existe au monde mais qu’il n’a pas encore.

Créateur, le penseur utopique – (qu’il faille éviter de confondre péjorativement avec les utopistes qui évoquent des chimères, sans élévation de pensée, sans proposition d’action) – projette tout bonnement de fonder dans le futur, ce qui n’est pas ou qui n’est connu au monde et du monde qu’au stade idéel sans encore de contenu effectif parmi l’humanité.

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Le Pragmatique et l’Humaniste

— Par Camille Loty Malebranche —

L’humaniste

Le drame du pragmatisme, est qu’il perçoit l’homme au prisme du rentable et de l’utile. Pour lui, le rentable est le seul schème de valeur parce qu’il apporte le profit. Et le pragmatique radical appelle cela de l’efficacité et de l’accomplissement. Le pragmatique vit donc la superstition du profit, cette « réussite » qui, pour lui, détermine le sens de l’être et le prix d’une vie humaine toujours banale et pécuniaire au regard obscur de la cécité vénale, la cupidité chrématistique de votre utilitarisme matérialiste!

Le pragmatique

Oui, je suis ainsi, parce qu’il est indécent et indélicat de bloquer la grandeur et les possibles de l’homme par la conscience-juge et les présomptions morales qui empêchent l’accumulation et la production des biens. Il faut user de l’homme pour qu’il produise la richesse s’il n’a pas assez de richesse à investir.

L’humaniste 

Apprenez à être riche de votre être, votre valeur est humaine et non marchande.
Allez, soyez homme avant d’être riche avant d’être grand!
L’homme, centre de valeurs, a Valeur d’être et de substance avant de relever de la mécanique sociale avec sa horde des foules et des choses! 

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Volonté et Désir: Pouvoir décisionnel ou Pulsion indomptée…

— Par Camille Loty Malebranche —

  Le désir est dénoncé à l’unisson par quasiment toutes les grandes spiritualités qui y voient un lien enchaînant l’esprit, maintenant l’homme prisonnier du charnel, l’empêchant de monter vers la vie et la vérité supérieure de son être. C’est à raison que le renoncement, ce détachement mental et spirituel du monde matériel par la conscience de l’esprit découvrant son étrangeté au monde – son statut d’extranéité dans le monde – perçoive le désir comme l’arme redoutable du Tentateur immonde, ruse de l’Ennemi abominable tapi dans les abysses liminaux, subliminaux, connus et inconnus, qui menace l’Homme d’aliénation métaphysique, de perdition ontologique et de toutes sortes de pièges existentiels.

La volonté est un constituant majeur de la liberté qui, sans elle, n’existe pas. Je dis que la conscience libre exprime sa liberté par trois schèmes d’assumation: 1) la volonté, 2) le choix volontaire, 3) la responsabilité. En fait, toute la liberté n’est que manifestation nuancée, pondérée et responsable du soi volontaire.

Ainsi établie, la chose est claire, la volonté est l’ossature de toute liberté humaine puisque le tempérament veule ou le malade aboulique, sont condamnés à obéir et à être soumis.

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De l’idée à l’idéal, la lanterne de la valeur.

— Par Camille Loty Malebranche —

L’idée en tant que perception finie érigée en conception, tout en étant accomplie en synthèse du sens, tout en étant un condensé d’acception, reste ouverte à des extensions. Elle est le centre de l’activité de l’homme comme juge établissant la signification à diverses échelles de la pensée et de l’action. L’idéal, quant à lui, est une transposition idéelle du désirable souhaitable perçu comme appel de l’inatteignable absolu (intemporel) de l’homme. Là, se profile la différence de l’idéal d’avec le rêve ou l’utopie qui reste un désir de choses ou de conditions généralement temporelles car le rêve et l’utopie respectivement restent pour l’homme de la conquête visée à venir, de la création projetée que le temps rendra, dans certains cas, effective. Le rêve et l’utopie ont un faciès d’extrinsèque alors que l’idéal tient du transcendant intrinsèque à l’évolution humaine, au progrès ontologique.

L’idéal tend à la création du meilleur possible, nous l’avons dit ailleurs, c’est un ferment du mélioratif, une sorte de levain dans l’action humaine qui exprime la perfectibilité humaine. Toute idée du bien personnel ou collectif nourrie par un esprit sain selon une vision saine sera porteuse d’un idéal comme attraction finalitaire de la vision du penseur qui en accouche.

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Optimisme et pessimisme, des modalités du réalisme.

— Par Camille Loty Malebranche —

En spiritualité, au schème métaphysique, le pessimisme est un déni de conscience, une déchéance dans l’incroyance car la foi est optimisme toujours suprarationnel, force et énergie de victoire sur le mal parce que fondée sur la confiance en la Toute-Puissance, l’Amour total et la Promesse d’agir de Dieu. J’y reviendrai. Dans l’exposé qui suit, c’est sur la condition sociale de l’optimisme et du pessimisme que je vous convie à méditer.

Au niveau de l’opération mentale pour agir, ce qu’on peut appeler la proactivité abstraite qui précède le passage à l’acte, l’optimisme lucide, (pas le délire de l’entreprise folle sans considération des faits de la conjoncture où l’on agit) en tant que tendance à vouloir réussir, suggestion intérieure du succès de l’action que l’on projette ou encore, que l’on est en train d’entreprendre, est une force, une complice de toute conscience agissante pour qui il décuple les chances. De cela, il est évident que le pessimisme, prédisposition à la surenchère des obstacles et donc à l’autofreinage, fait figure de raidissement conscientiel qui ralentit la propension à l’action, mine la volonté et peut empêcher sinon l’action, à tout le moins conditionner celle-ci pour l’échec ou pour un succès qu’il réduit, diminue comme par un manque à gagner.

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Du Jugement – Nuance et Amalgame

— Par Camille Loty Malebranche —
La nuance est avant tout l’inflexion logique, contextuelle, finalitaire voire téléologique de l’essence que l’on recherche dans le phénomène d’un fait, d’une situation pour son jugement objectif et équitable, alors que l’amalgame confond pernicieusement contingences et nécessités, brasse tout, préjuge de tout dans des associations mentales-herméneutiques dénaturantes souvent discriminatoires, toujours monstrueusement menteuses ou idéologiques. L’amalgame est un agent logique déviant du sens, trope de désignification de tout ce qu’il mélange.

Dans l’analyse et le questionnement, tout le pari de la conscience-juge misant sur la vérité, c’est de parvenir à appréhender et discerner les nuances dans le jugement des faits et situations. Il s’agit d’éviter la mésalliance d’une obsession de vérifier ses préjugés et de découvrir en même temps la vérité. Sans les nuances, la saisie du monde est toujours un amalgame ou une confusion coulée dans le béton monstrueux des contrevérités et erreurs, toutes ces aberrations pires que les plus méchants mensonges car dans le mensonge on est trompé alors que par absence de nuance dans le jugement, on se trompe soi-même, se gruge dans la plus cinglante autodéviance.

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Rivalité, vanité violente d’egos égaux en leur banalité…

— Par Camille Loty Malebranche —

Le besoin de rivalité tient en général de la trivialité d’une sensibilité d’asthénie existentielle, de banalité de soi qui pousse aux conflits de personnalité comme pour se signifier à soi-même. La rivalité ne naît que lorsque deux individus mutuellement banals, réciproquement insignifiants se cherchent une différence non dans l’intrinsèque mais par la vanité de critères qualitatifs plats sans importance. Dans le cas contraire, il y aura agressivité, haine de la part du taré en mal de conflits mais pas de rivalité, même en cas d’agression infligée à celui qu’il prend pour cible, qui, néanmoins devra se défendre si nécessaire…

Deux imbéciles qui achètent des voitures chères pour se « mesurer » comme si une voiture était une unité de mesure du mérite humain, deux femmes qui exhibent leur arrière pour voir laquelle attirera plus de regards mâles sont l’illustration du nivellement vulgaire et de caniveau de l’objet extrinsèque de la rivalité qui est toujours insanité d’égos égaux dans leur banalité, vanité de la bassesse du sentiment, platitude du regard sans vision, misérabilisme de la conscience lamentable.

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Le néant du néant… 

— Par Camille Loty Malebranche —

 Tout néant étant néant de quelque étant en sa singularité et jamais de la grande configuration matérielle et immatérielle de l’être en général, l’entendement humain ne peut que regarder de près l’impossibilité de l’absence dans cet ordre de la Présence qu’est l’Être. Présence qui évoque le monde dans tous ses schèmes possibles : matériel, immatériel, physique et métaphysique, connu et inconnu, connaissable et inconnaissable…

 À ce stade de notre réflexion, il faut saisir que l’Être est Nature qui – malgré ses conditions et spécificités matérielle ou immatérielle, tangible ou intangible – reste perceptible. L’Être est Nature, c’est-à-dire présence constituée comprise d’une manière telle, que même quand elle est indéfinie voire indéfinissable, on peut quand même préciser ce qu’elle n’est pas, par pressentiment et éprouvement de ce qu’elle est, de ce qu’elle inspire.

Nous savons que tout ce qui est, constitue une présence et est donc impossibilité pour le postulat même d’un néant comme antithèse ontologique. Le néant devient donc absence d’un étant spécifique, un non-être étantitaire et non une antithèse ontologique. Le néant ne peut et ne saurait s’imposer à l’être qui le renvoie au néant, à l’impossible. 

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Avenir et Devenir

— Par Camille Loty Malebranche —

Toutes les fois qu’un homme refuse l’amorphisme du donné, le statu quo accepté sans recul par la foule, pour l’interrogation ou l’action du possible, il incarne au présent, le devenir assumé, il s’érige en forgeur de temps faisant et défaisant l’avenir, conquérant conscient de destin. À l’échelle humaine, le devenir porte toujours l’empreinte de l’attitude active ou passive.

La différence entre avenir et devenir, est que l’avenir constitue le temps neutre sans durée ni signification avec pour seul sens, le futur froid et vide alors que le devenir est le temps ontologique, le temps humain, inchoatif au rythme des choix de l’homme.

La voie inhérente à la liberté de l’homme est la domestication de l’avenir pour concevoir et construire le devenir personnel, à la taille de la projection de soi, de l’édification de soi. Loin du moulage et du préfabriqué mental de l’idéologie, moulage des consciences qui prévaut contre la liberté, planifie et façonne l’humain comme simple réceptacle et programme qu’exécute la cybernétique sociale des situations, parler du devenir, ce champ éminent de la liberté dans la téléologie, prend la face d’aventure osée, de foi en la nature transcendante et spirituelle de l’homme voire de volontarisme auto-accomplissant.

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Le Concept: énoncé cognitif, synthétisant et abstrayant.

— Par Camille Loty Malebranche —

 Le concept est essentiellement la saisie de ce qui se dégage du vécu, c’est la thèse abstractive et idéelle de départ qu’élabore l’entendement sur ce qu’il prend en étude pour l’appréhension théorique des schèmes abstrait ou concret de la connaissance humaine. Le concept est le porteur de l’éprouvement du sens du monde rendu en idée et langage… Le concept est la synthétisation langagière et idéelle d’une intuition subjective ou d’une observation objective.

Au niveau de l’observation objective, le monde du concept n’est autre que la sphère de l’abstraction interrogeante qui, loin de se détacher du concret, l’envisage à travers l’activité intellectuelle qui le conçoit par condensé identifiant et nominalisant, passant par l’exploration analytique dont le concept est éminemment la synthèse profonde et cognitive… Sans oublier la dimension pleinement factuelle du monde qu’il pose sous forme d’idée appellative, le concept refuse les pièges d’une immersion dans la factualité des êtres qui empêcherait le recul de l’entendement interrogateur et connaissant.

Conceptualiser, c’est intelliger en abstrayant.

Le concept incarne la stratégie de l’entendement abstractif en quête d’appréhension des principes du substratum des étants qu’il pose en objet de son analyse ou considère en sujet de sa réflexion.

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L’erreur et l’illusion : l’objectif et le subjectif mentaux qui dévient la saisie du monde.

— Par Camille Loty Malebranche —

L’erreur est involontaire et ponctue la condition de mésinformation sur un sujet donné, c’est soit une production de l’esprit qui n’a point toutes les données sur ce qu’il aborde; soit le fait de mal appréhender ce qu’on aborde et d’en altérer inconsciemment le sens par paroles ou par maniements. Autrement, ce n’est pas de l’erreur, mais la volonté de tester ou de tromper en désinformant l’interlocuteur selon les occurrences.

L’erreur est une contrevérité, un fourvoiement mais jamais un mensonge, lequel est toujours volonté de tromper pour sciemment tromper afin de tirer conséquence ou profit aux dépens d’un autre.

L’illusion est un univers factice où vit l’illusionné et c’est seulement en changeant de grille d’analyse, son champ de perception et de conception qu’il peut être tiré de son environnement d’illusion.

On commet une erreur soit par une mésinterprétation ou un mésusage, c’est toujours un errement dans l’interprétation ou l’usage de quelque chose, en tout cas, c’est toujours le résultat d’une faille méthodologique ou d’une faute d’attention. L’erreur est donc une distorsion de l’attention, une déviation de l’analyse où notre intelligence mésinterprète ou mésuse de ce que nous considérons.

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Subjectivité, ipséité et identité.

— Par Camille Loty Malebranche —

 Pour parler de la subjectivité, il nous faut commencer par définir le concept même de sujet et de sa consistance que nous appelons la subjectalité. Le sujet est essentiellement la dimension d’une conscience de soi qui s’assume pour soi en rapport à des êtres qui peuvent être tout autant d’autres sujets que des non sujets, animaux, choses etc… Le sujet est donc soit un humain soit un suprahumain individuel ou collectif qui se manifeste par pensée, parole et action.

La subjectivité est justement la mise en acte de la subjectalité – cette nature constituant l’état de sujet – par la pensée, la parole et l’action comme signature de son être particulier, son ipséité.

Si nous avons dit que le sujet peut être suprahumain, c’est que nous présumons – au long de l’atemporalité (avant le commencement du temps des créés), puis de l’histoire, à partir de l’avènement de l’univers et de plusieurs manifestations portées à notre évidence – que des êtres bien supérieurs aux hommes existent, ces êtres que la langue humaine appellera esprits qui, selon leur hiérarchie pressentie, sont désignés: Dieu, anges, génies… Les traditions spirituelles, notamment la tradition judéo-biblique est formelle: Dieu, en qui d’ailleurs, nous croyons, a pensé, parlé et agi et cela a généré ni plus ni moins que la Création, c’est-à-dire tous les connus et inconnus des mondes sensible et insensible.

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Un numéro d’Esprit sur le « travail intellectuel »

— Par Michel Herland —

« Nous disons des vertus que les unes
sont intellectuelles, les autres morales. »
Oresme, Éthique 32.


Il n’est pas trop tard pour se procurer le dernier numéro d’Esprit (janvier-février 2025) avec son dossier sur le devenir du travail intellectuel. Ce numéro est paru trop tôt pour rendre compte des ravages que le président nouvellement réélu des États-Unis d’Amérique entend exercer contre la liberté scientifique, néanmoins un article est déjà consacré à l’anti-intellectualisme dans ce pays, un article assez déroutant, au demeurant, dans la mesure où tous les exemples qu’il donne concernent les seules discriminations à l’encontre des tenants du wokisme (pour le dire vite), avant même la nouvelle ère Trump donc, et dans la mesure où l’auteur, Romain Huret, considère comme des « affabulations » toute critique à l’encontre de ce courant intellectuel, malgré les simplifications abusives, l’intolérance parfois dont il existe maints témoignages, de l’autre côté de l’Atlantique comme chez nous.

Cet article incite à accorder une attention particulière à celui qui suit, de Jean-Yves Pourchère, portant sur la « neutralité axiologique » du chercheur.

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L’esprit, le corps et les affects dans « L’Éthique » de Spinoza

Par Michel Pennetier

Parcours des livres 2, 3 et 4 de l’Éthique

Je commencerai par une comparaison qui vous paraîtra peut-être un peu bancale et bizarre. Pendant que je m’efforçais de comprendre les livres 2,3 et 4 de l’Éhique, j’entendais à demi consciemment le battement régulier de mon horloge comtoise qui a bien deux cents ans et peu à peu son tic-tac se mêla dans mon esprit à ma lecture et rythma le défilement des concepts et des démonstrations sur les pages de mon livre ( de mes livres car je me suis servi de trois traductions) . L’horloge a un corps qui évoque le corps humain, le cadran serait la tête et le boîtier du balancier qui s’évase à mi-hauteur évoque quelque peu les hanches d’une femme. Le cadran et les deux aiguilles indiquent l’heure et à chaque demie heure et heure pleine elle sonne vigoureusement, le tic-tac régulier m’indique le temps qui passe. Si je la remonte chaque semaine à midi pile, son balancier ne s’arrêtera jamais. L’horloge dit le temps et l’éternité. Elle me transmet un message.

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Edgar Morin : « Le Front populaire a besoin de formuler une voie nouvelle »

Par Edgar Morin —

Pour l’ancien résistant et créateur du concept de « pensée complexe », qui aura 103 ans en juillet, les élections législatives déclenchées par le président Macron ont conduit à un confusionnisme généralisé, mais aussi à une revitalisation politique.

Cet article est une tribune, rédigée par un auteur extérieur au journal et dont le point de vue n’engage pas la rédaction.

La dissolution de l’Assemblée nationale est un pari pascalien et pokérien.

Pascalien, pour donner foi en sa présidence ; pokérien en offrant sa carte maîtresse au hasard. Les risques courus par le président sont considérables ; mais ne pas dissoudre aurait conduit à la décomposition du macronisme et, à terme, au risque fatal d’une élection présidentielle en faveur du Rassemblement national (RN).

Pensée novatrice

La dissolution a suscité de façon inattendue une sortie de léthargie, une revitalisation politique et une nouvelle configuration : à gauche, à partir d’un émiettement politique, la constitution d’un Front populaire. A droite et à l’extrême droite, c’est la crise des Républicains, de Reconquête, et la polarisation autour du RN. Deux blocs tendent désormais à écraser le centre macronien.

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Michel Foucault : l’intellectuel rebelle

« Michel Foucault, le philosophe et le poisson rouge », de Lise Baron (Fr., 2024, 53 min). Vendredi 21 juin 2024 à 23h42 sur France 5
— Par Hélène Lemoine —
Dans la collection « Rebelles ou l’art de bousculer », nous plongeons dans la vie fascinante de l’un des philosophes les plus influents de la fin du XXe siècle : Michel Foucault. Le documentaire « Michel Foucault, le philosophe et le poisson rouge » diffusé sur France 5 le vendredi 21 juin en troisième partie de soirée, nous offre un voyage inédit à travers l’existence tourmentée et engagée de cet intellectuel hors du commun.

Un voyage inoubliable en Californie

En 1975, Michel Foucault, figure emblématique de la philosophie contemporaine, s’apprête à vivre une expérience marquante en Californie. Avec deux jeunes Américains à ses côtés et du LSD dans la boîte à gants, il part en direction de la Vallée de la Mort. Cette aventure psychédélique illustre la dimension initiatique et pop de son parcours, depuis ses débuts à Poitiers jusqu’au prestigieux Collège de France, en passant par les événements de mai 68 en Tunisie et les luttes pour les droits des prisonniers en France.

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« L’Éthique », de Spinoza

— Par Michel Pennetier —

Introduction

C’est l’œuvre majeure de Spinoza dans laquelle il a réuni l’ensemble de ses idées sur Dieu, la nature, la place de l’homme au sein de cette nature et sa destinée. Cette œuvre n’a été publiée qu’après sa mort et a suscité dès sa parution et dans tout le cours du XVIIIe siècle d’immenses polémiques notamment en Allemagne où les esprits se sont divisés entre Leibniz et Spinoza. Goethe a manifesté son adhésion à la conception spinoziste de la nature et toute son œuvre poétique en est le reflet. Cependant la pensée moniste de Spinoza ( dans le sens où la réalité est constituée d’une seule substance) n’a pas eu de descendance comme si l’Éthique était une œuvre tellement achevée et sans faille qu’il fallait pour continuer à penser partir sur de nouvelles bases, sous un angle différent ainsi Kant, Hegel ou Nietzsche. Ainsi on ne peut polémiquer avec Spinoza, on le met de côté comme un monument indestructible et solitaire de la pensée occidentale. Or il se trouve aujourd’hui que la pensée de Spinoza provoque un regain d’intérêt de la part notamment des neuro-biologistes en ce qui concerne les rapports du corps et de l’esprit : en effet on ne peut trouver de lien causal entre l’activité biologique des cellules du cerveau et la pensée qui l’accompagne ( ce serait absurde puisque ce sont deux domaines différents de la réalité, deux essences différentes).

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Spinoza : un bloc philosophique indépassable?

1re conférence : Spinoza en son temps

— Par Michel Pennetier —

Hegel disait : «  Tout philosophe a deux philosophies : celle de Spinoza et la sienne », comme si la pensée de tout philosophe après Spinoza devait repartir sur de nouvelles bases selon les préoccupations de son temps et son propre tempérament sans pour autant faire fi ou ignorer ce bloc philosophique qui se dresse comme un rocher solitaire à l’orée de la modernité. Rien ne symbolise mieux cette présence absolue et solitaire de la doctrine spinoziste que la statue gigantesque du philosophe, un homme vêtu d’un ample manteau qui se dresse sur une place d’Amsterdam, sa ville natale.

Cependant ce serait ne rien comprendre à la doctrine de Spinoza que de croire que cette pensée serait née uniquement d’une réflexion solitaire. Spinoza est tributaire d’une part de ses origines juives ibériques ( les « marranes »), d’autre part des controverses politiques et religieuses très vives au sein des provinces unies des Pays Bas qui viennent de se libérer de la tutelle espagnole. C’est au sein de la diversité culturelle que s’élabore une pensée originale.

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« Qui a peur d’Angela Davis ? », une série documentaire de Sébastien Thème

Angela Davis, née en 1944 en Alabama, est une figure majeure des combats pour la justice sociale et l’égalité. Devenue une militante communiste et une intellectuelle renommée, elle met en lumière les formes de domination, de racisme et d’injustice. Son engagement politique s’est développé dès son enfance, influencé par le racisme et l’injustice qu’elle a constatés dans son environnement.

Elle est connue pour sa pensée radicale, recherchant les racines des inégalités et des discriminations. Ses écrits, tels que « Femmes, race et classe » et « Blues et féminisme noir », explorent les enjeux de race, de genre et de classe aux États-Unis et dans le monde. Elle prône un changement global du système, critiquant le capitalisme et l’impérialisme comme sources d’oppression.

Angela Davis a été confrontée à des défis majeurs, notamment son implication présumée dans une prise d’otages à la prison de Marin County, ce qui l’a conduite à une incarcération. Cependant, elle a été acquittée en 1972 et est devenue une icône de la lutte pour les droits civils et la justice.

En France, son nom a suscité des débats politiques.

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Passer des beaux discours au tumulte de la rue !

— Le n° 307 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

La tribune de Serge Letchimy dans le journal Le Monde, audelà de ses envolées littéraires, est un acte politique révélateur des limites de « l’appel de Fort-de-France » lancé par les responsables des collectivités territoriales de Guadeloupe, Guyane, Martinique, Saint-Martin, et Réunion, à l’initiative du même.

 Il apparaît clairement que la stratégie s’appuie fondamentalement sur « le poids des élus » qui l’ont signée ou validée.

Ce poids serait suffisant pour provoquer la « sagesse » supposée du colonialisme, sermonné par la force de l’héritage césairien surabondamment convoqué par Serge Letchimy.

Ainsi, nous obtiendrions du gouvernement, selon l’auteur, l’application de principes fondamentaux (droit à la différence et principe dégalité), dont le contenu concret reste assez vague pour le commun des mortels.

On voit bien le vice fondamental de cette stratégie : elle ne s’appuie pas sur la mobilisation des masses. Cellesci n’ont pas été associées à la définition des contenus, pas plus quà la définition des tactiques.

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« L’Imposture du théologico-politique », de Géraldine Muhlmann

Présentation
Le « théologico-politique », c’est l’idée selon laquelle au « fond » des choses politiques, il y a toujours quelque chose de religieux : quelque chose ayant à voir avec notre rapport au sacré. Même à l’heure où la politique moderne s’est « sécularisée » (séparée des pouvoirs religieux) et où les références religieuses, parfois présentes en elle, ont infiniment moins de poids que par le passé, la pensée théologico-politique est formelle : le fond de l’affaire serait encore et toujours « religieux ».

Depuis une trentaine d’années, le théologico-politique est en plein triomphe dans la philosophie contemporaine. Très au-delà de la mode « Carl Schmitt », c’est une vague qui passe par Giorgio Agamben, Charles Taylor, le dernier Jürgen Habermas, le dernier Richard Rorty… et qui fait revivre, aussi, certaines œuvres du passé : celles de Jacob Taubes et d’Eric Voegelin, ou certains écrits de Karl Jaspers. Toute une myriade d’auteurs contemporains la nourrit (Gianni Vattimo, Marcel Gauchet, Luc Ferry…), non sans échos à un air du temps général (dont témoigne, par exemple, le succès des thèses de René Girard).

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« Il est grand temps de monter en compétence et de se former à ce qu’Edgar Morin appelle ‘la pensée complexe’ »

Nelly Pons, écrivaine et essayiste, autrice de « Océan plastique » et « Débuter son potager en permaculture », a répondu aux questions de WE DEMAIN sur l’urgence climatique.

Elle est l’autrice de Océan plastique et Débuter son potager en permaculture, tous les deux publiés chez Actes Sud. Depuis toujours, Nelly Pons entretien une vraie sensibilité pour l’environnement. Outre ses propres ouvrages, elle a également collaboré aux ouvrages Animal de Cyril Dion (2021) et Vers la sobriété heureuse de Pierre Rabhi (2010). À l’occasion de l’Université de la Terre, qui s’est tenue les 25-26 novembre dernier, WE DEMAIN a interrogé l’autrice sur la question de l’urgence climatique actuelle.

De votre point de vue et à titre professionnel, quelles actions devraient être menées en priorité face à l’urgence climatique et écologique ?

Nelly Pons : Au niveau individuel, il y a tant de choses à faire qui touchent à tant de domaines. J’invite chacun à aller vers ce qui a du sens pour lui, vers ce pour quoi il est doué. Viser le zéro déchet, revoir ses habitudes alimentaires, renouer avec le vivant, s’essayer à la permaculture… Je ne veux pas poser de hiérarchie entre les actions individuelles.

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Le désir et «Les Lumières » / Désir de lumière

— Par Michel Pennetier —

Wolfgang von Goethe (1749 Francfort, Weimar1832)

Illustration : Goethe dans la campagne romaine (Tischbein – 1786)

Goethe, né en 1749, est un enfant du Siècle des Lumières, celles de la Raison. Mais ses poèmes de jeunesse et tout le « Faust » exprime la puissance du désir ( à la fois celui de l’amour et celui de la connaissance absolue) qui dépasse les limites de la Raison et peut conduire au tragique. Toute son œuvre ultérieure tendra à concilier ces deux tendances en l’homme et à s’ouvrir à plus de « lumière » conjuguant celle du cœur et celle de la raison.

Son dernier roman «  Les années de voyage de Wilhelm Meister » (vers 1820 ) s’ouvre sur les transformations sociales, économiques, spirituelles du début du 19e siècle et sur les possibilités de nouvelles Lumières pour l’humanité.

C’est de cette œuvre dont il sera question à travers deux lectures ( celle de ma jeunesse et celle d’aujourd’hui). En conclusion : que peut nous apporter aujourd’hui la Lumière de l’esprit goethéen ?

Vous vous souvenez sans doute de la lapidaire définition de Kant dans son opuscule «  Was ist Aufklärung ?

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