Catégorie : Education Formation

Etudiant(e)s de Gaudeloupe et de Martinique, nous voulons la sérénité!

Motion du Conseil des Élu(e)s Étudiant(e)s de l’UA

sereinNous, les élus des étudiants du Pôle Guadeloupe et du pôle Martinique, de manière unanime, déplorons les évènements que nous traversons actuellement au sein de l’UA. Nous ne prnons part à aucun conflit, àa aucun préavis degrève, et à aucune motion signée par l’intersyndicale qui pourraient par la suite handicaper notre vie étudiante. Nous EXGEONS que les choses s’améliorent et que les étudiants soient plus concertés sur l’avenir institutionnel de notre !université. Notre but n’est pas politique mais il est motivé par notre envie de défendre avant tout l’intérêt des étudiants de notre institution.
Nous sommes tout à fait conscients de la qualité des formations qui nous sont délivrées au sein des pôles, et nous louons les compétences d’enseignement dont font preuve nos divers enseignants.
Nous tenons à réussir, nous tenons à notre éducation et nous tenons à notre Université. Notre objectif est d’étuduer dans une ambiance sereine avec l’objectif de nous insérer professionnellement.
Nous demandons à être reçus par la Gouvernance de l’Université, les Présidents des Régions et Madame Najat Vallaud-Belkacem, Ministre de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, dans les plus brefs délais.

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L’égalité en marche : filles et garçons dans l’académie de Martinique

ecoliers-2Le CIO de Fort-de-France organise une manifestation autour du thème  » les hommes et les femmes dans les métiers du soin et du social » jeudi 12 mars de 8H30 à 11H

Dans l’académie de Martinique les filles et les garçons ont des parcours scolaires qui traduisent un niveau de réussite relativement différencié.
Ce constat s’observe dans les décisions d’orientation prises à la fin de la 3ème et dans la proportionnalité filles/garçons tout au long des années lycée. Il est aussi la traduction d’un investissement scolaire marqué par une appartenance liée au sexe des intéressés.
Les choix de poursuites d’études sont significatifs de représentations très stéréotypées dans toutes les filières analysées dans le présent document.

A l’issue de la 3ème, les filles ont un taux de passage en 2nd GT bien meilleur que celui des garçons (71,1% contre 53,6%).

Le taux de passage plus élevé des filles vers la 2nde GT est significatif d’un meilleur niveau de performance des intéressées à tous les niveaux de scolarité dans le second degré.

De manière concomitante, les garçons s’orientent plus manifestement vers la voie professionnelle.

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De Gouges face aux goujats…

— Par Cécile Bertin-Elisabeth —

olympe_de_gougesLaissez-moi vous conter une histoire, celle de la Révolution et des droits de l’homme…
Liberté, égalité, fraternité… Vous connaissez ?
Tiens, où sont passés les « E » : LibertéE, égalitéE, fraternitéE, masculinisés ? Virilisés ou étouffés ? Guillotinés eux aussi, sacrifiés à l’autel d’un masculin qui se prend pour le divin ?
Université, sans E aussi ? Une université, deux îles : Guadeloupe et sa Vierge de Guadalupe, Martinique de Matinino, l’île aux femmes, une Guyane et le coeur de Soeur Javouhey ?… Tous ces féminins Unis Amis Grandis.
Liberté, égalité, fraternité… Vous connaissez ?
*1789. Oui, bien sûr, la Révolution française et surtout la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Qui ne connaît pas ? Qui se soucie que les femmes ne votent pas ?
*1791 : La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. D’où me sortez-vous ça ? Connais pas…
Mais si, rappelez-vous : Olympe de Gouges, celle qui a eu l’audace d’affirmer : « La femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également le droit de monter à la tribune » …
Cette phrase, vous la connaissez, vous qui semblez l’inverser en ces temps troublés où vous criez à gorge déployée « Haro sur Mencé!

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Refus d’opposer jeunesse guadeloupéenne et martiniquaise!

nilorQuestion du député Jean-Philippe Nilor à Najat Vallaud-belkacem, Ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Madame la ministre, j’associe les députés Alfred MARIE-JEANNE et Bruno Nestor AZEROT à ma question. La récente mise sous tension du pôle universitaire Guadeloupe témoigne de l’exécution des menaces de démantèlement proférées dans cet hémicycle lors de l’examen du projet de loi relatif à l’Université des Antilles.

Le mode opératoire est identique à celui précédant l’amputation du pôle Guyanais, avec une ministre ou un ex-ministre aux manettes qui manipule les chiffres, excite les syndicats, attise les rivalités pour provoquer l’éclatement.

Résultat, la répartition du budget de l’ordre de 60% pour la Guadeloupe et 40% pour la Martinique, qui avait fait l’objet d’une large concertation et qui permettait aux deux pôles de vivre, est aujourd’hui dénoncée par un pôle Guadeloupe chauffé à blanc.

Reconnaissons que la proposition du « ticket à trois »*, votée par le Sénat et validée par notre commission des affaires culturelles est lumineuse, même si elle vient de la droite. Elle favorise l’unité, la cohérence et l’apaisement au sein de l’Université des Antilles.

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L’UA, encore et toujours dans les limbes

— Par Michel Tondellier —
campus_shoelcherLe 18 février, plusieurs organisations syndicales publiaient en urgence un commu- niqué de presse visant à alerter la communauté universitaire, les élus et la populations sur les risques que faisait courir à la future Université des Antilles le vote de transformation de l’UAG en UA, plus un mois et demi après la création officielle de l’Université de Guyane. L’introduction d’amendements de dernière minute à propos desquels personne n’avait été informé était de nature à susciter nos pires craintes. Les débats du lendemain au sein de l’hémicycle de l’Assemblée nationale ont démontré que la vérité dépassait largement ces craintes…
Que s’est-il passé à Paris en janvier-février ? Un travail de veille syndicale mené sur le suivi de cette loi avait permis de « débusquer » une série d’amendements déposés à la faveur de l’article 88 du Règlement de l’Assemblée. Autrement dit, alors que le texte de loi qui avait été validé à l’unanimité par le Sénat puis par la commission des affaires culturelles et éducatives n’attendait plus que le vote des parlementai- res de l’Assemblée nationale pour créer – enfin!

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Quel avenir pour l’enseignement supérieur et la recherche aux Antilles ?

— Par Fred Constant —
campus_shoelcherAlors que les députés et sénateurs débattent du texte législatif qui permettra en place l’Université des Antilles, il nous a paru nécessaire, en tant qu’anciens membres du conseil d’administration de l’Université des Antilles et de la Guyane, d’apporter notre contribution à la réflexion sur l’avenir de l’enseignement supérieur et la recherche aux Antilles.
Née en 1982, l’Université des Antilles et de la Guyane (UAG) traverse une profonde crise. Après un mois de grève, le pôle universitaire de la Guyane a obtenu sa séparation avec l’UAG.
Dans le débat général sur l’université française, l’éclatement de l’UAG apporte une expression exemplaire de la nécessité de trouver un point d’équilibre entre l’autonomie de chaque établissement – ou pôle régional – et la mutualisation des expériences et des ressources. L’enjeu est de savoir comment atteindre cet objectif aujourd’hui : en privilégiant le droit commun ou en poussant plus avant son adaptation ?
On avait pensé avoir trouvé les termes de cet équilibre, hors du droit commun, avec l’ordonnance n°2008-97 du 31 janvier 2008 d’adaptation de la loi relative aux Libertés et aux Responsabilités des Universités à l’UAG.

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A l’école, les garçons restent moins performants que les filles

— Par Aurélie Collas—

laureateDes filles plus littéraires et studieuses, des garçons plus scientifiques et moins scolaires… Le rapport annuel « Filles et garçons sur le chemin de l’égalité », publié par le ministère de l’éducation nationale vendredi 6 mars − deux jours avant la Journée internationale des droits des femmes −, montre que ce ne sont pas là que des poncifs.

Si les inégalités de réussite, de niveau d’études et d’orientation entre les sexes se sont réduites au cours des dernières décennies, de forts écarts persistent. D’abord, les garçons réussissent moins bien que les filles. Le rapport du service statistique du ministère est formel : globalement, les filles obtiennent de meilleurs résultats. 87 % d’entre elles réussissent le brevet, contre 82 % des garçons. Elles sont 89 % à décrocher le baccalauréat, contre 85 % des garçons, et même 23 % à obtenir une mention « bien » ou « très bien » (contre 19 %).

Outre les résultats aux examens, d’autres chiffres viennent attester de l’avantage des filles tout au long de la scolarité : elles redoublent moins, décrochent moins, sont scolarisées plus longtemps et finissent par être plus diplômées : 31 % d’entre elles obtiennent un diplôme allant de la licence au doctorat, contre 24 % des garçons.

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Université : ce que nous défendons!

—Texte collectif —

campus_shoelcherNotre établissement a accordé sa confiance et son soutien à Madame la présidente Corinne Mencé-Caster depuis le 25 janvier 2013, en l’élisant démocratiquement et réglementairement à la présidence. Elle dispose d’une expérience professionnelle solide et d’une vision claire, construite et réaliste pour l’Université des Antilles.
A ses côtés, nous, universitaires, conformément à notre mission de service public, nous oeuvrons au quotidien pour la promotion d’un établissement moderne et attractif, délivrant des formations de qualité et dont la recherche innovante contribue au savoir universel.
Aussi, enseignants-chercheurs, personnels administratifs et techniques et usagers de l’université, nous nous sentons particulièrement avilis par la campagne de dénigrement sévère qui met régulièrement en cause la présidente de notre institution et son équipe et, à travers eux, non seulement toute la communauté universitaire mais aussi la population, dont nous recevons régulièrement les témoignages de soutien.

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Histoire de fessée

fessee-1La fessée a longtemps été utilisée pour punir les agissements considérés comme inacceptables, qu’il s’agisse des erreurs de conduite des enfants ou des adultes jugés par leurs parents ou leurs supérieurs hiérarchiques. S’agissant des enfants, les ethnologues nous apprennent que dans les sociétés humaines primitives, ils étaient d’autant plus battus que ces sociétés étaient plus guerrières (Montagu, Prescot). La fessée des enfants semble être un acquis culturel qui, s’il s’est développé parallèlement à d’autres violences telles que les rites d’initiation ou les sacrifices, a fait une carrière beaucoup plus longue.

La Bible évoque maintes fois ce sujet mais de façons quelque peu contradictoires, ainsi dans l’Ecclésiastique on peut lire « celui qui aime son fils lui donne souvent le fouet » mais dans « Les Proverbes » on note « un reproche fait plus d’effet à un homme intelligent que cent coups à un sot ».

N’oublions pas qu’à cette époque, le pater familias romain pouvait mettre à mort son fils sans avoir à fournir aucune justification, les peines se déclinant pour les adultes en crucifixion, noyade, pendaison, bûcher, jetée aux loups…, mœurs qui ne s’adoucirent qu’au début de l’ère chrétienne : la fessée fait pâle figure auprès de ces violences punitives !

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Jeunes issus de l’immigration : quels obstacles à leur insertion économique ?

La maîtrise du français, facteur clé de l’insertion des enfants d’immigrés

immigration-3— Par Pierre-Yves Cusset, Hélène Garner, Mohamed Harfi, Frédéric Lainé et David Marguerit —

« Les inégalités se creusent dès la maternelle et compromettent l’accès aux filières les plus favorables à la poursuite d’études supérieures »

Alors que la France s’interroge sur les fractures qui traversent son modèle de société, et que le gouvernement prépare des mesures visant à favoriser la participation des habitants des quartiers prioritaires à la citoyenneté et à l’activité économique, il est indispensable de partir d’une analyse qui démêle les multiples causes des difficultés d’insertion économique que rencontrent les « jeunes issus de l’immigration ».
Ces difficultés sont identifiables en matière d’éducation, d’emploi, de conditions de vie et de logement ; elles sont particulièrement marquées pour certaines catégories de population, dont les enfants ayant deux parents immigrés, les descendants d’immigrés d’Afrique, les garçons. Ces difficultés reflètent d’abord la situation socioéconomique de ces jeunes et de leurs parents, exposés aux défaillances de nos politiques publiques : obstacles à l’entrée sur le marché du travail des jeunes et des peu qualifiés, réussite scolaire tributaire de l’origine sociale, absence de fluidité du marché du logement, existence de discriminations.

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Faut-il développer l’enseignement laïc du fait religieux ?

— Par Esther Benbassa Directrice d’études à l’Ephe (Sorbonne), sénatrice EELV Catherine Robert Professeur de philosophie au lycée Le-Corbiusier d’Aubervilliers et Philippe 
Gaudin Agrégé 
de philosophie, directeur adjoint 
de l’IESR —

le_fait_religieuxFavoriser une meilleure compréhension

par Esther Benbassa Directrice d’études à l’Ephe (Sorbonne), sénatrice EELV.

295448 Image 2Il a fallu les meurtriers attentats islamistes de janvier pour remettre soudain ce sujet à l’ordre du jour de nos décideurs politiques. Et pourtant, l’affaire n’est pas nouvelle. En 2002, Jack Lang, ministre de l’Éducation nationale de l’époque, commandait déjà à Régis Debray un rapport intitulé : « L’enseignement du fait religieux dans l’école laïque ». Son auteur y évoquait « l’ignorance où nous sommes du passé et des croyances de l’autre, grosse de clichés et de préjugés ». J’y ajouterais pour ma part l’ignorance, par chacun, de son propre passé et de ses propres (ex-)croyances. Preuve en est l’inculture religieuse de départ des jeunes djihadistes de notre temps. Où ont-ils puisé leur savoir tout neuf ? Sur des sites Internet, ou de la bouche de prédicateurs autoproclamés. Objectivation, distanciation, sûreté de l’information : un enseignement laïc du fait religieux à l’école est assurément un des moyens de dépassionner le sujet et de se garder des dérives.

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Permettre à l’Université des Antilles d’être attractive, crédible et solide.

— Par Jean Philippe NILOR —
dotation_univ_antillesMonsieur le Président, Madame la Ministre, Monsieur le rapporteur, Chers collègues,

Si nous nous réunissons aujourd’hui, c’est bien pour mutualiser nos capacités de réflexion et d’anticipation, afin de reconstruire, à partir des vestiges de l’Université des Antilles-Guyane, la nouvelle Université des Antilles.

Il nous appartient d’ériger des piliers solides, afin de prévenir les rivalités stériles qui ont émaillé l’histoire de l’Université des Antilles-Guyane et qui ont eu pour conséquences la détérioration de notre image collective et l’effondrement brutal en moins de 30 jours, avec la bénédiction du gouvernement, de ce qui avait été patiemment bâti en plus 30 ans.

Notre objectif doit être aujourd’hui de permettre à l’Université des Antilles d’être attractive, crédible et solide, pour rétablir les conditions favorables à l’apprentissage et l’épanouissement de nos étudiants .

En effet, le vieillissement rapide des populations de nos régions, la baisse démographique qui nous frappe et le fait qu’un jeune sur deux qui quitte nos territoires ne revient pas y vivre après son parcours de formation, sont autant de facteurs qui sinistrent davantage nos territoires tant socialement qu’économiquement.

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Il est temps de mettre fin aux suppressions de postes

— Par Jocelyn Jaubert, CSTM-Education & Patrick Jean-Baptiste, UGTM-Education —

suppression_postesMadame la Ministre,

Vos déclarations, « l’origine sociale, l’environnement culturel et le niveau de vie des parents pèsent sur la réalité scolaire des enfants » – « …j’ai voulu que les critères sociaux et territoriaux soient désormais pris en compte l’attribution des moyens… » , soulignant l’impact des inégalités sociales sur les inégalités scolaires, comme nos syndicats l’affirment depuis plusieurs années, nous ont fait espérer un changement réel dans les moyens alloués à notre académie de Martinique.
Malheureusement, l’annonce de la suppression de 27 postes d’enseignant dans le 1er degré et de 44 dans le secondaire, sous le prétexte éculé de diminution des effectifs, portant ainsi à un millier le nombre total de suppressions de postes sur ces dix dernières années, vient contredire vos discours.
S’il est vrai que nous avons perdu de nombreux élèves ces dernières années, pour des raisons historiques sur lesquelles nous reviendrons, il n’est pas moins vrai que notre situation économique, sociale et éducative est catastrophique et aurait dû au moins entraîner l’arrêt de ces suppressions, voire même l’augmentation du nombre de postes pour faire face aux besoins réels et urgents de notre pays la Martinique (…).

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La prise en otage des enseignants ou l’instrumentalisation de l’école publique

— Par Saïd Bouamama —

tricot_cerveauIl est fréquent d’imputer à l’école publique la réparation des dégâts que les politiques économiques libérales produisent. Plus de trois décennies de paupérisation, de précarisation, de destruction des services publics, ont eu des effets catastrophiques sur la vie quotidienne des classes populaires (et plus récemment sur celui des couches moyennes). Et l’on voudrait dans ce contexte que l’école puisse être un « sanctuaire » protégé des bruits et nuisances d’un environnement social en crise multiforme.
Les orientations que le gouvernement vient d’adopter comme conclusion de son analyse sur les attentats meurtriers qui ont endeuillé notre pays ajoutent de nouvelles responsabilités et tâches aux enseignants. Ils ne sont plus seulement responsables de l’échec, du décrochage scolaire et du chômage par la préparation insuffisante au marché de l’emploi, mais également d’une citoyenneté et d’un civisme « insuffisant » des élèves, d’un apprentissage défaillant de la « laïcité », de la méconnaissance des « principes républicains » et de l’irrespect des symboles nationaux, notamment. 

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Contre l’intégrisme, choississons la respiration laïque

penser_la_laiciteVoici plusieurs années que Catherine Kintzler tente d’élaborer une construction philosophique du concept de laïcité. Elle en a proposé en 2007 (Qu’est-ce que la laïcité?, éd. Vrin) une exposition raisonnée de type « académique ». Il s’agit ici pour elle d’exposer et de reprendre cette réflexion de manière plus ample, tout particulièrement en la jugeant à l’aune de l’actualité. En effet, on doit pouvoir attendre d’une théorie qu’elle soit capable d’élucider le plus grand nombre possible de phénomènes entrant dans son champ, et qu’elle soit en mesure soit de prévoir de manière détaillée des phénomènes inédits, soit d’y faire face de manière tout aussi détaillée s’ils se présentent.

Dans cet esprit, plusieurs « questions » et « fausses questions » laïques qui ont jalonné de manière décisive les deux dernières décennies sont abordées comme autant de défis où la pensée est mise en demeure et où la théorie est mise à l’épreuve. Qu’est-ce que l’extrémisme laïque ? Pourquoi ajouter un adjectif au substantif « laïcité » (ouverte, positive, raisonnable, plurielle..) ? Comment se justifie la laïcité scolaire, peut-on l’étendre à l’enseignement supérieur ?

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La France doit sortir de l’«apartheid scolaire»

— Par Nathalie Mons (Professeur de sociologie à l’université de Cergy-Pontoise et présidente du Conseil national d’évaluation du système scolaire) —
apartheid_scolaireOui il existe en France des « black schools » qui scolarisent majoritairement des élèves issus de l’immigration. Notre système scolaire produit du séparatisme ethnique et social. Dans leur ouvrage sur L’Apartheid scolaire (Seuil, 2005), les sociologues Georges Felouzis, Françoise Liot et Joëlle Perroton ont levé ce tabou. Nous sommes en 2005, les statistiques ethniques n’ont pas droit de cité. La ségrégation ethnique n’est toujours pas mesurée de manière officielle.

Coïncidence, un diagnostic sur la mixité sociale vient d’être commandé pour la première fois aux responsables locaux de l’éducation nationale. Cette ségrégation ethnique croise, bien sûr, la ségrégation sociale dans nos écoles. Elles résultent de ségrégation résidentielle mais aussi de stratégie d’évitement dans le choix de l’établissement de la part des parents.

Ces ségrégations ne sont neutres ni pour l’école ni pour notre société, comme le montrent un champ riche de recherches conduites dans divers pays (Etats-Unis, France, Belgique, Irlande, Inde…).

Plus les écoles sont ségréguées, plus les problèmes de santé des jeunes, leur consommation de stupéfiants, les incivilités, les maternités précoces, l’intolérance vis-à-vis de l’étranger ou plus généralement de l’altérité… progressent.

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Fanatisme, barbarie et hypocrisie

— Par Eric Vincent et Gabriel Jean-Marie, SMPE-CGTM —

guerre_religions« Ni rire, ni pleurer, comprendre » Spinoza
« Il n’y a qu’un pas du fanatisme à la barbarie » Diderot.
« Il n’existe que deux choses infinies: l’univers et la bêtise humaine, mais pour l’univers je n’en n’ai pas la certitude absolue ». Einstein
« Le monde est plein d’idées chrétiennes devenues folles » Chesterton
C’est l’ignorance, et non la connaissance, qui dresse les Hommes les uns contre les autres”. Kofi ANNAN

Laquelle de ces citations pourrait le mieux illustrer les évènements tragiques qui viennent de se dérouler en France. Toutes certainement. Mais on pourrait encore trouver des dizaines d’autres pour résumer ces faits qu’ont vécu des millions de personnes après le massacre opéré par deux frères au siège de l’hebdomadaire Charlie Hebdo, et par un autre homme dans un magasin d’alimentation tenu par des commerçants juifs. Des actes abominables commis par des jeunes délinquants, paumés, vulnérables. Et tout cela à Paris.
Un immense gâchis. Qu’on en juge.
20 morts se décomptant de la manière suivante :
3 policiers dont une martiniquaise de 26 ans, policière municipale stagiaire, originaire de Sainte-Marie et qui, moins d’un mois avant sa mort tragique, passait les fêtes de fin d’année 2014 dans sa famille en Martinique.

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« Soumission » et « L’Esclave » : deux romans semblables de M.H.

— Par Michel Lercoulois —

Le déferlement inouï d’articles de presse consacrés au dernier livre de Michel Houellebecq avant même sa parution (1) devrait plutôt décourager toute nouvelle critique mais, en réalité, les articles publiés, pour la plupart obnubilés par le « pitch », ne s’intéressent pas à l’écriture. Il est donc légitime d’examiner Soumission d’un peu près. La tentation est d’autant plus grande qu’un autre roman, L’Esclave, publié quelque temps auparavant par Michel Herland, un collaborateur de Madinin’Art, traite d’un sujet très semblable. La ressemblance des thèmes se retrouve-t-elle au niveau de la forme ? On ne voit pas a priori pourquoi il en irait ainsi. La comparaison révèle pourtant de nombreuses proximités sur ce plan-là également.

Les deux auteurs imaginent que la France passera sous la coupe des islamistes : chez M. Houellebecq, ce serait pour demain (2022), chez M. Herland pour après-demain (2090). Le narrateur est dans les deux cas un universitaire, professeur de littérature chez Houellebecq, de philosophie chez Herland. La différence principale, ici, tient à la place du narrateur. Chez Houellebecq il s’exprime à la première personne, il vit les événements qui portent un musulman à la présidence de la République et les changements qui en résultent pour le pays et pour lui-même.

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« Charlie », Dieudonné… : quelles limites à la liberté d’expression ?

— Par Damien Leloup et Samuel Laurent —
liberte_expression« Pourquoi Dieudonné est-il attaqué alors que Charlie Hebdo peut faire des “unes” sur la religion » ? La question est revenue, lancinante, durant les dernières heures de notre suivi en direct de la tuerie à Charlie Hebdo et de ses conséquences. Elle correspond à une interrogation d’une partie de nos lecteurs : que recouvre la formule « liberté d’expression », et où s’arrête-t-elle ?

La liberté d’expression est encadrée
La particularité des réseaux sociaux
Le cas complexe de l’humour
Charlie, habitué des procès
Dieudonné, humour ou militantisme ?

1. La liberté d’expression est encadrée

La liberté d’expression est un principe absolu en France et en Europe, consacré par plusieurs textes fondamentaux. « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi », énonce l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme de 1789.

Le même principe est rappelé dans la convention européenne des droits de l’homme :

« Toute personne a droit à la liberté d’expression.

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Refonder le vivre ensemble par la pédagogie et la lutte contre les inégalités

— Par le Cégom —

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Le Cégom prend connaissance avec émotion de l’attentat survenu à Paris contre le journal Charlie Hebdo, qui a fait douze mort•e•s à cette heure (d’autres victimes se trouvant entre la vie et la mort). Nous présentons nos condoléances aux proches des journalistes, caricaturistes & autres personnes décédé•e•s.

Le Cégom, parfois saisi par des parent•e•s inquiet•te•s des fréquentations de leurs enfants, souhaite rappeler que la liberté d’expression est fondamentale dans notre démocratie: elle permet à des personnes de convictions diverses de vivre ensemble sans renoncer à ce qu’elles sont. C’est la Loi républicaine, impartiale & laïque, commune à tou•te•s, qui doit déterminer ses conditions d’exercice; c’est la Justice commune à tou-te-s qui doit être saisie lorsque ces conditions ne sont pas respectées.

Si chacun•e s’autorise à énoncer sa propre loi ou rendre sa propre justice, si l’on affirme que telle ou telle lecture de textes philosophiques ou religieux doit prévaloir, alors on s’engage dans une guerre civile où seule la force viendra décider.

Le sociologue Pierre Pastel, président du Cégom, a déclaré: «Je salue la décision du président de la République de faire du jeudi 8 janvier une journée de deuil national, notamment dans les établissements scolaires.

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Bibliothèques et évolution institutionnelle

— Par Lucien Pavilla* —
En 2015, la Martinique va faire face à une évolution institutionnelle majeure, la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) verra le jour. Cette collectivité cumulera les compétences du Conseil régional et du Conseil général, entre autres la lecture publique.
Si nous voulons atténuer la fracture numérique du « second degré » que subissent les populations et mettre en place un réseau de lecture publique dynamique, la question qui se pose et qui fait débat à laquelle les professionnels du livre et les pouvoirs publics devront répondre est de savoir comment les bibliothèques survivront dans cet environnement institutionnel.
La bibliothèque n’est plus uniquement un lieu de conservation du savoir, car l’inclusion numérique et le comportement des communautés agissantes bousculent les pratiques professionnelles. Elle a une mission fondamentale aujourd’hui qui est celle de l’apprentissage, de l’ouverture au monde et à la connaissance. Elle doit donc faciliter l’accès au savoir. Par conséquent, outil d’aide à la formation et à l’éducation, elle doit faire société et se placer comme levier du développement social de l’individu. Ainsi, après la famille et le travail, c’est le troisième lieu.

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Avons-nous vraiment besoin d’une Académie créole aujourd’hui en Haïti ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, Linguiste-terminologue —

akademi_kreyolL’Académie créole : « lobby », « ONG » ou Institution d’Etat sous mandat d’aménagement linguistique?

Avons-nous vraiment besoin d’une Académie [1] créole aujourd’hui en Haïti ? Cette question a été abordée par des gens de tous horizons au cours des dernières années et a suscité de l’intérêt. Suite aux démarches d’un comité dédié à l’établissement d’une telle institution, le sénat a voté en 2012 la loi sur l’Académie du créole haïtien et la chambre des députés l’a fait en 2013. Contraint, l’Exécutif y a donné mollement suite en publiant dans Le Moniteur du 7 avril 2014 la loi portant sur l’organisation et le fonctionnement de cette nouvelle institution. L’installation du conseil des 33 académiciens [2] de la langue créole était prévue le mardi 28 octobre 2014 lors de la Journée internationale de la langue créole.

« Ma réflexion, aujourd’hui, portera sur la confusion des genres et l’amalgame des mandats dans le projet Académie créole : confusion entre l’objet réel institué (l’Académie) et le fait qu’elle n’est dotée dès le départ d’aucun pouvoir juridique d’intervention contraignante et normative à l’échelle de l’État, en particulier dans le domaine premier et pionnier de l’aménagement linguistique.

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La place des pères et des mères pour faire intégrer les limites aux enfants ?

— Par Jean Gabard —

La place du père et de la mère dans la famille a considérablement évolué depuis une cinquantaine d’années et ne paraît toujours pas évidente aujourd’hui : plus que jamais, en ce début de XXIème siècle, elle pose question !

Pendant des siècles, les rôles des hommes et des femmes ont été cadrés avec rigueur par la société patriarcale. La marche vers la démocratie a apporté, avec l’égalité en droits, des ouvertures. Aujourd’hui les hommes ne se sentent plus obligés de maintenir une posture rigide et acceptent de dévoiler leur sensibilité. Ils peuvent se permettre d’exprimer leurs sentiments et de participer à des tâches autrefois réservées aux femmes, sans pour autant sentir leur virilité défaillir. Ils sont même des papas beaucoup plus présents, plus proches, qui savent entourer leur famille de leur protection et de leur affection⋅

Si on ne peut que se féliciter du recul des comportements sexistes chez l’homme, celui-ci doit-il cependant devenir dans la famille « une femme comme les autres », une seconde maman ?

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En finir avec la fabrique des garçons

— Par Yves Raibaud et Sylvie Ayral —

fabrik_malesQuelque chose ne tourne pas rond chez les garçons. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au collège, ils représentent 80 % des élèves sanctionnés tous motifs confondus, 92 % des élèves sanctionnés pour des actes relevant d’atteinte aux biens et aux personnes, ou encore 86 % des élèves des dispositifs Relais qui ­accueillent les jeunes entrés dans un processus de rejet de l’institution scolaire. Tous ces garçons ont-ils des problèmes, des troubles du comportement et/ou de l’apprentissage ? Eh bien non, loin s’en faut. Des travaux récents1 montrent que leurs transgressions et leurs difficultés scolaires sont, le plus souvent et quelque soit leur milieu social d’origine, des conduites liées à la construction même de leur identité masculine.
L’injonction sociale à la virilité

Très jeunes et surtout pendant les années de collège, période où la puberté vient sexuer toutes les relations, les garçons se retrouvent en effet pris entre deux systèmes normatifs. Le premier, véhiculé par l’école, prône les valeurs de calme, de sagesse, de travail, d’obéissance, de discrétion, vertus traditionnellement associées à la féminité.

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Professeurs et Chefs d’établissement : dans les coulisses d’une relation professionnelle

— Par Jean-Marc Robin —

enseignantEntre souffrance et engagement
La souffrance des enseignants, du moins d’une part croissante d’entre eux, est une réalité(1). Elle est d’abord imputable à notre Ministère qui laisse s’engager dans une profession des jeunes collègues qui ne réussiront jamais face aux élèves; elle est imputable à une Institution qui est prisonnière de schémas pédagogiques anciens et d’une préoccupation uniquement quantitative: une classe pour 35 lycéens ou pour 30 collégiens. Pourra-t-on un jour imaginer qu’on peut obtenir de meilleurs résultats avec moins d’heures d’enseignement mais réalisées ?(2) dans de meilleures conditions Que dire encore de l’absence de formation continue digne de ce nom: les professeurs partent peu en stage alors qu’ils devraient consacrer au développement de leurs compétences au moins 15 jours par an comme les cadres des industries de pointe.
Notre Institution est, par ailleurs, incapable de penser « la deuxième carrière des professeurs » et d’accompagner les enseignants qui veulent quitter l’Ecole et se lancer dans un nouveau métier(3). Les Rectorats ne disposent ni des moyens humains – hormis quelques conseillers en mobilité trop occupés -ni des moyens financiers pour faciliter ces reconversions.

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