Catégorie : Etudes Créoles

Dictionnaires créoles, français-créole, anglais-créole : les grands défis de la lexicographie haïtienne contemporaine

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’article de Michel Feltin-Palas paru le 13 décembre 2022 dans le magazine l’Express publié à Paris, « Complot », « cluster », « lanceur d’alerte » : les dernières trouvailles du lexicographe Alain Rey », met en lumière « l’histoire des mots », l’une des caractéristiques majeures de l’immense chantier lexicographique élaboré durant des décennies, au creux de la plus haute rigueur scientifique, par le linguiste Alain Rey (30 août 1928 – 28 octobre 2020). Réputé chroniqueur linguistique au magazine l’Express depuis plusieurs années, rédacteur de l’infolettre « Sur le bout des langues », Michel Feltin-Palas est un vulgarisateur talentueux qui invite à la réflexion sur la langue française, sur les langues régionales de France ainsi que sur des faits de langue aussi bien inusités qu’inconnus. Parmi les qualités de son récent article –consacré à la dernière mise à jour aux Éditions Le Robert du « Dictionnaire historique de la langue française » élaboré par le lexicographe Alain Rey–, se décline son souci d’accompagner le lecteur sur le vaste archipel de l’étymologie des mots et cela mérite assurément le déplacement.

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Lettre ouverte à la Linguistic Society of America

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

M. John Baugh
President
Linguistic Society of America
Washington University in St. Louis
Professor Emeritus of Education and Linguistics, Stanford University
Montréal, le 1er décembre 2022.

OBJET / Complément d’informations factuelles sur l’appui public du linguiste Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste en Haïti.

PERSPECTIVE ANALYTIQUE / AVANT D’ACCORDER UNE QUELCONQUE « DISTINCTION » OU UN COMPLAISANT « FELLOWSHIP » AU LINGUISTE MICHEL DEGRAFF, LA LINGUISTIC SOCIETY OF AMERICA DOIT IMPÉRATIVEMENT EXAMINER SA CRÉDIBILITÉ SCIENTIFIQUE ET CITOYENNE.

M. le Président,

J’accuse réception de votre courriel du 10 octobre 2022 et je vous en remercie hautement. Permettez-moi de soumettre à votre appréciation, en versions anglaise et française, les deux rappels suivants assortis d’un complément d’informations factuelles sur l’appui public du linguiste Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste en Haïti.

  1. RAPPEL / INVALIDITÉ SCIENTIFIQUE DU « GLOSSARY OF STEM TERMS FROM THE MIT – HAITI INITIATIVE »

La communauté des linguistes haïtiens a appris avec étonnement que la Linguistics Society of America s’apprête à attribuer à Michel Degraff, le 6 janvier 2023, le statut de « Fellow » (« Michel DeGraff named Fellow of the Linguistics Society of America », Bulletin du MIT School of Humanities, Arts and Social Sciences, octobre 2022).

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Le naufrage prévisible de « l’unilatéralisme créole » en Haïti 

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologuel—

Est-il nécessaire aujourd’hui en Haïti de contribuer au débat public sur la « question linguistique haïtienne » en général et sur certaines de ses zones conflictuelles en particulier ? Si oui, à quelles conditions et selon quelles modalités faut-il le faire afin qu’il soit porteur de changements véritables ? Pour que le débat d’idées soit un débat objectif, documenté et argumenté, il est nécessaire d’en situer le contexte et les idées exprimées, d’identifier les documents pertinents, de les lire avec attention et d’exercer son esprit critique-analytique avec clarté. Le débat d’idées objectif, argumenté et documenté s’oppose au « voye monte » comme au « chire pit », et le libre exercice de l’esprit critique-analytique est au fondement de l’enrichissement du débat d’idées. Ainsi, l’épineuse « question linguistique haïtienne » est depuis plusieurs années un lieu de débats au sein duquel s’expriment, souvent avec passion, des non-linguistes qu’il faut pourtant écouter avec attention. En dépit du fait qu’un relatif consensus s’est installé en Haïti quant à l’impérieuse nécessité de l’usage du créole dans la transmission des connaissances dans tous les apprentissages scolaires, d’importantes différences d’analyse et de points de vue se manifestent parmi les linguistes, parmi les enseignants et plus largement parmi les locuteurs créolophones.

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De la simultanéité de l’aménagement du créole et du français en Haïti

Un choix de société conforme à la Constitution de 1987

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Simultanéité « Caractère de ce qui a lieu en même temps » (Dictionnaire de l’Académie française) ; « Fait d’appartenir au même acte, au même ensemble ; fait de constituer un seul acte, un ensemble » (Ortolang – Dictionnaire du Centre national de ressources textuelles et lexicales de France).Toute société, tout pouvoir public, toute instance régalienne qui intervient dans le domaine de l’aménagement des langues le fait à partir de paramètres historiques, d’une vision de la configuration linguistique au sein d’une communauté de locuteurs ou des rapports entre plusieurs langues sur un territoire donné. Dans tous les cas de figure, il s’agit d’un choix de société, d’un parti-pris aménagiste où s’agrègent le politique, l’idéologique, le social et l’Histoire. Le réputé site du sociolinguiste québécois Jacques Leclerc, « L’aménagement linguistique dans le monde », consigne la description des « situations et politiques particulières de 400 États ou territoires [ou régions] répartis dans les 195 pays (reconnus) du monde ». Il exemplifie différents types de politique linguistique : politiques d’assimilation, de non-intervention, de valorisation de la langue officielle, de multilinguisme stratégique, d’internationalisation linguistique, de bilinguisme (ou de trilinguisme), de statut juridique différencié (fondé sur les droits personnels sans limite territoriale ou sur les droits personnels territorialisés, ou sur les droits territoriaux).

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« Observations préliminaires à propos de la réfutation, par le romancier Lyonel Trouillot, de l’appui du linguiste Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK en Haïti »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Le romancier, poète et essayiste Lyonel Trouillot, l’une des voix majeures de la littérature haïtienne contemporaine, s’est fait l’écho d’un large secteur de la société civile haïtienne en dénonçant, dans un texte récent diffusé d’abord par courriel le 18 octobre 2022, l’appui public du linguiste Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK en Haïti. Artisan d’une œuvre littéraire forte et singulière élaborée dans les deux langues officielles du pays, le créole et le français, l’auteur de « Bicentenaire », de « Antoine des Gommiers » (Actes Sud, 2004 et 2021) ainsi que de « Pwomès » (poésie) et du roman « Agase lesperans » (C3 Éditions, 2014 et 2016), est également un éditorialiste lucide et courageux dont la parole analytique est attendue et entendue en Haïti. Lyonel Trouillot est aussi l’auteur d’une réflexion de premier plan sur la situation linguistique haïtienne, « Ki politk lengwistik pou Ayiti ? », parue dans Le Nouvelliste du 7 juillet 2005. La dénonciation, par Lyonel Trouillot, de l’appui de Michel DeGraff au cartel politico-mafieux du PHTK en Haïti a été publiée sur les sites suivants entre le 18 et le 21 octobre 2022 :

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Créole haïtien / Lettre ouverte à la Linguistic Society of America

— Par Robert Berrouët-Oriol; linguiste-terminologue —

Linguistic Society of America
Comité exécutif – 2022
522 21st St. NW, Suite 120
Washington, DC 20006-5012
USA

–President : John BaughWashington University in St. Louis
–Vice President/President-Elect : Anthony C. WoodburyUniversity of Texas at Austin
–Immediate Past President : Laurence R. HornYale University
–Secretary-Treasurer : Frederick J. NewmeyerUniversity of Washington, University of British Columbia and Simon Fraser University

Objet : Pour bien comprendre le naufrage de la lexicographie créole au MIT Haïti Initiative dirigé par Michel DeGraff

Montréal, le 6 octobre 2022

Chers collègues de la Linguistic Society of America,

La communauté des linguistes haïtiens a appris avec étonnement que la Linguistics Society of America s’apprête à attribuer à Michel Degraff, le 6 janvier 2023, le statut de « Fellow » (c.f. Bulletin du MIT School of Humanities, Arts and Social Sciences : « Michel DeGraff named Fellow of the Linguistics Society of America », octobre 2022). Dans son édition du 4 octobre 2022 paraissant en Haïti, le journal Le Nouvelliste en fait état au moyen d’une entrevue de Michel Degraff intitulée « Akademisyen Michel DeGraff eli manm selèk Linguistic Society of America ».

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Stigmatisation du créole, Code noir et populisme linguistique

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Stigmatisé par certains, méprisé ou dévalorisé par d’autres à tous les étages de la société haïtienne, le créole est depuis fort longtemps l’objet de préjugés tenaces, de clichés borgnes, de poncifs et de stéréotypes recyclés où le babillage sentencieux, côtoyant le « voye monte », sert souvent à masquer l’ignorance. Alors même que le créole est langue co-officielle depuis l’adoption à forte majorité de la Constitution haïtienne de 1987, et bien qu’il ait été introduit –avec de lourdes lacunes sur le plan didactique–, dans le système éducatif national par la réforme Bernard de 1979 au titre de langue d’enseignement et de langue enseignée, le créole a, en un paradoxe apparent, ses défenseurs et ses pourfendeurs tant parmi les locuteurs unilingues créolophones que parmi les bilingues créoles-français. L’observation de terrain révèle que depuis un certain temps, en Haïti comme en outre-mer, l’aménagement du créole est discrédité par les errements des « créolistes » fondamentalistes qui ont partie liée avec les pourfendeurs du créole au sens où dans leurs écrits comme dans leur approche de la « défense » du créole –approche bien des fois caricaturale et souvent sectaire et dogmatique–, ils alimentent le rejet stigmatisant du créole dans l’École haïtienne et dans le corps social.

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La « fétichisation » du créole sous la plume de Daly Valet, une voie réductrice et sans issue

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Journaliste et éditorialiste applaudi par certains pour l’élégance et la vigueur tonique de sa plume, décrié par d’autres pour ses homélies « nationalistes » passéistes, les prises de position de Daly Valet passent rarement inaperçues en Haïti. Le 11 septembre 2022, sur sa page Facebook, il nous a livré ses états d’âme sur les rapports du locuteur francocréolophone qu’il est, et qui écrit en français, face à « la langue française qui [le] fatigue ». C’est son droit, et sa parole mérite d’être écoutée même s’il n’est pas linguiste et ne prétend pas s’exprimer à l’aune d’un argumentaire documenté et crédible adossé aux sciences du langage. Daly Valet, homme de culture réputé ouvert au dialogue, est un journaliste aguerri qui a un certain temps chaussé les espadrilles de l’expert-consultant politique comme en fait foi l’article d’Yves Lafortune paru sur le site Aybopost le 23 février 2017, « Pour un acte fondateur au-delà des larmes de Daly Valet ! ». L’auteur de cet article, au paragraphe « Le brassage du vide », interpelle Daly Valet en mentionnant son appartenance politique, en 2017, dans les termes suivants : « Le gouvernement de facto en place et avec lequel tu collabores est arrivé au pouvoir avec un cahier de charges et un momentum politique très limité »…

Lu sur la page Facebook de Daly Valet :

« Français et créole !

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Le « Dictionnaire de l’écolier haïtien », un modèle de rigueur pour la lexicographie en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Dans le contexte de la rentrée scolaire 2022 en Haïti, la présentation analytique du « Dictionnaire de l’écolier haïtien », l’un des outils lexicographiques accessibles sur le marché du livre scolaire, vise à contribuer à remettre cet ouvrage sous le feu des projecteurs en raison de ses caractéristiques lexicographiques. Cette présentation s’adosse à un examen objectif de l’ouvrage afin qu’il soit davantage utile aux enseignants, aux directeurs d’école, aux rédacteurs de manuels scolaires ainsi qu’aux cadres du ministère de l’Éducation nationale qui travaillent à des mises à jour curriculaires. En quoi consiste ce dictionnaire ? Par qui a-t-il été élaboré ? À quel public s’adresse-t-il et quels sont ses objectifs spécifiques sur le plan de l’apprentissage scolaire ? Les enseignants doivent-t-ils de manière constante apprendre aux élèves à utiliser un tel dictionnaire généraliste unilingue au titre d’un outil de connaissance et également dans le but d’accompagner adéquatement l’apprentissage de la langue elle-même ?

La présentation descriptive du « Dictionnaire de l’écolier haïtien » se situe dans le prolongement de nos précédentes publications de nature lexicographique1 parues en Haïti dans Le National et également sur plusieurs sites outre-mer.

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La lexicographie créole à l’épreuve du « kreyòl machòkèt » en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Tenu en présentiel et en ligne le 19 août 2022 et organisé par le Cidihca à Montréal, le « Séminaire » animé par Jean Marie Théodat1, agrégé de géographie de la Sorbonne, avait pour thème « Les enjeux de la reconstruction en Haïti ». Le géographe-conférencier, au cours de ce « Séminaire », a brièvement évoqué la dimension linguistique de tout processus de reconstruction en Haïti, et il a employé à plusieurs reprises une expression créole qui interpelle la réflexion : « kreyòl machòkèt ». Jean Marie Théodat intègre dans sa démarche scientifique d’enseignant-chercheur une essentielle réflexion sur la problématique linguistique haïtienne. En témoigne son article « Haïti, le français en héritage » / Perspectives haïtiennes de la francophonie (revue Hermès n° 40, CNRS, 2004/3, Paris), qui consigne un éclairage de premier plan sur l’historicité de la langue française en Haïti. Au chapitre de sa réflexion sur l’aménagement du créole en Haïti aux côtés du français, Jean Marie Théodat est l’auteur d’un remarquable article ayant pour titre « Jewografi  kreyòl » paru en octobre 2017 sur le site berrouet-oriol.com

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La « pathologisation » du débat d’idées en Haïti selon le sociologue du PHTK Louis Naud Pierre : le dessous des cartes

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« Pathologisation » [n.] : Fait de rendre pathologique.

« Pathologique » [adj.] : 1. Relatif à la pathologie, considéré sous l’angle de la pathologie. 2. Relatif à la maladie, qui est dû à une maladie. 3. Qui concerne des troubles, des dérèglements d’ordre psychique, qui s’écarte de la normalité. 4. Qui concerne les troubles, les états maladifs ou morbides liés à des phénomènes de société » (Ortolang, Centre national de ressources textuelles et lexicales du CNRS/Université de Nancy, France.)

Quelles sont aujourd’hui, en Haïti, les caractéristiques de certaines instances discursives du débat d’idées ? Contribuent-elles à la réflexion sur l’édification d’un État de droit au pays ? Sont-elles documentées et rassembleuses, sont-elles parfois habitées par les « interdits de parole » hérités principalement de la dictature duvaliériste et singulièrement formatées de nos jours par quelques « experts consultants » au service du cartel politico-mafieux du PHTK néo-duvaliériste ? La présente « Tribune » examine, à partir de sa mise en contexte, quelques idées-force contenues dans un récent texte du sociologue Louis Naud Pierre, chercheur associé à la Chaire de recherche du Canada en politiques étrangère et de défense canadiennes de l’Université du Québec à Montréal et coordonnateur du Réseau d’études sur Haïti (RES-HA à TI), Laboratoire d’analyse des problèmes sociaux et de l’action collective, (LAPSAC), Université Bordeaux 2.

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Les défis contemporains de la lexicographie créole et française en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

La parution en Haïti, dans Le National du 21 juillet 2021, de notre « Essai de typologie de la lexicographie créole de 1958 à 2022 » a retenu l’attention d’un lectorat divers découvrant pour la première fois que le créole haïtien avait fait l’objet d’un si grand nombre de dictionnaires et de quelques lexiques ces soixante dernières années. Issu d’un ample travail de recherche documentaire, l’« Essai de typologie de la lexicographie créole de 1958 à 2022 » est le premier inventaire général de la production lexicographique créole couvrant cette période. Ce travail de recherche, par la consultation de nombreuses sources documentaires en des lieux distincts, a permis d’identifier 64 dictionnaires et 11 lexiques, soit un total de 75 ouvrages. Pourtant, en dépit de leur nombre élevé, ces ouvrages sont majoritairement très peu connus voire inconnus en Haïti, notamment dans le système éducatif national où le dictionnaire, idéalement, est censé être un indispensable outil d’accompagnement de la transmission des savoirs et des connaissances. Dans le prolongement de l’« Essai de typologie de la lexicographie créole de 1958 à 2022 », le présent article éclaire davantage la catégorisation des ouvrages recensés et il aborde les défis actuels de la lexicographie haïtienne tant au plan institutionnel et professionnel qu’à celui de la méthodologie de la lexicographie instituée comme domaine scientifique de production dictionnairique.

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Essai de typologie de la lexicographie créole de 1958 à 2022 

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

À la mémoire de Pradel Pompilus,
pionnier de la lexicographie créole contemporaine
et auteur, en 1958, du premier « Lexique créole-français » 
(Université de Paris).
À la mémoire de Pierre Vernet,
fondateur de la Faculté de linguistique appliquée
de l’Université d’État d’Haïti et précurseur du partenariat créole-français
en Haïti.

Le droit à l’enseignement en langue maternelle créole et l’aménagement du créole dans le système éducatif haïtien –aux côtés du français et en conformité avec l’article 5 de la Constitution de 1987–, fait aujourd’hui l’objet d’un consensus grandissant chez nombre d’enseignants et de directeurs d’écoles. De la réforme Bernard de 1979 (réforme inaboutie et mise en coma en 1987) à la co-officialisation du créole et du français dans la Constitution de 1987 puis de 1987 à nos jours, des enseignants (à titre individuel), des linguistes, des rédacteurs-créolistes d’horizons divers, des institutions d’enseignement (les Frères de l’instruction chrétienne par exemple) et des éditeurs de manuels scolaires ont élaboré ces dernières années des outils pédagogiques et didactiques en créole ou destinés à l’apprentissage du/en créole. Parmi ces outils figurent des ouvrages thématiques destinés à l’enseignement des matières scolaires ainsi qu’un nombre relativement élevé de dictionnaires et quelques lexiques ciblant le créole, notamment deux dictionnaires unilingues créoles, des lexiques bilingues et de nombreux dictionnaires bilingues français-créole et anglais-créole confectionnés au fil des ans.

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Le traitement lexicographique du créole dans le « Diksyonè kreyòl karayib » de Jocelyne Trouillot

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Haïti comprend la plus vaste communauté de locuteurs du créole au monde (environ 11 millions d’habitants) et, selon différentes sources, entre 1,5 et 4 millions d’écoliers sont scolarisés dans le secteur public (+/- 20% de l’offre scolaire) et dans le secteur privé (+/- 80% de l’offre scolaire). Le secteur de l’éducation en Haïti mobilise d’énormes ressources comme en témoigne le Partenariat mondial pour l’éducation informant que 200 000 enseignants oeuvrent dans 20 000 écoles à travers le pays. Objet d’une évaluation diagnostique à tous les étages depuis de nombreuses années par des experts nationaux et internationaux, le système éducatif national connaît de graves problèmes de gouvernance, de sous-financement par l’État, de corruption (le scandale du PSUGO entre autres), d’échec scolaire et depuis plusieurs mois l’insécurité affecte le fonctionnement d’un grand nombre d’écoles. Bernard Hadjadj, spécialiste de l’éducation et ancien représentant-résident de l’UNESCO en Haïti, est l’auteur du rapport « Education for All in Haiti over the last 20 years : assessment and perspectives » (UNESCO Office, Kingston, décembre 2000). Dans ce rapport, il expose qu’« En 2000, 53% des enseignants du secteur public et 92% des enseignants du secteur privé étaient non qualifiés ». 

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L’aménagement du créole dans l’École haïtienne : de la nécessité de dépasser la récitation des slogans miraculeux

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Étudiante finissante en troisième année à l’École normale supérieure de l’Université d’État d’Haïti, Rachel X s’interroge, dans un récent courriel, sur l’épineuse question de l’usage du créole dans l’apprentissage scolaire en Haïti. Elle témoigne ne pas être véritablement au courant des différents aspects de cette problématique alors même qu’elle est à la veille de débuter dans l’enseignement. Au terme de trois années d’études universitaires elle pense à s’inscrire au nouveau programme de « Master de didactique du français en milieu créolophone » officiellement lancé en 2020 à l’École normale supérieure sans être certaine, en raison du Covid notamment, que ce programme est opérationnel. Elle se sent démunie face à ce qu’elle perçoit comme « un état d’urgence didactique » au pays : n’ayant pas reçu une formation spécifique en didactique, elle se demande si elle sera capable d’enseigner en créole et d’enseigner le créole, selon quel modèle didactique elle devra dispenser son enseignement et de quels ouvrages didactiques de référence en créole elle pourra disposer. Et elle s’interroge : existe-t-il aujourd’hui à l’échelle nationale un référentiel modélisé –en particulier dans les récents documents d’orientation du ministère de l’Éducation–, pour l’apprentissage scolaire en langue créole aux côtés du français ?

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Le créole et le français dans l’École haïtienne : faut-il aménager une seule langue officielle en faisant l’impasse sur l’autre ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Aux yeux de plusieurs analystes et intervenants du système éducatif national, la question de l’aménagement des langues de transmission des connaissances dans l’École haïtienne n’a toujours pas reçu de réponse satisfaisante. Elle demeure à la fois complexe et explosive, elle donne lieu à des réactions passionnées, certaines fois virulentes, et elle ne cesse d’interpeller la « fibre patriotique » d’un nombre indéterminé de personnes. Alors même qu’Haïti (environ 11 millions d’habitants), seul État officiellement bilingue de la Caraïbe, comprend la plus forte population mondiale de locuteurs dont la langue maternelle est le créole, sa minorisation institutionnelle continue de se déployer sur l’ensemble du territoire et singulièrement dans les écoles du pays où prédomine encore l’apprentissage en français des matières scolaires. Quel est aujourd’hui l’état des lieux de l’aménagement des deux langues officielles d’Haïti, le créole et le français, dans l’École haïtienne ? Quelles sont les principales visions en présence : faut-il aménager simultanément les deux langues de notre patrimoine linguistique historique puisqu’elles ont le statut de langues co-officielles dans la Constitution de 1987 ? Est-il fondé de promouvoir l’aménagement d’une seule langue officielle dans l’École haïtienne, le créole, en faisant l’impasse sur l’autre, le français ?

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« La dot de Sara / Yon eritaj pou Sara » de Marie-Célie Agnant

Parution au Canada de la version bilingue du roman de Marie-Célie Agnant, « La dot de Sara / Yon eritaj pou Sara »

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Entrevue exclusive avec la romancière Marie-Célie Agnant à l’occasion de la parution à Montréal, le 23 juin 2022, de l’édition bilingue du roman « La dot de Sara / Yon eritaj pou Sara ». Annonce spéciale aux lecteurs d’Haïti : en vertu d’une collaboration exceptionnelle, la version bilingue de « La dot de Sara / Yon eritaj pou Sara » sera sous peu disponible en Haïti en coédition entre Les Martiales et Legs Éditions.

Mise en contexte, par Robert Berrouët-Oriol / La parution à Montréal, le 23 juin 2022, de la version bilingue du roman « La dot de Sara / Yon eritaj pou Sara » de la romancière Marie-Célie Agnant est un événement littéraire de premier plan tant pour la littérature québécoise que pour la littérature haïtienne contemporaine. Il n’est pas fortuit que ce roman paraisse en édition bilingue à Montréal : cette ville, dont la population est majoritairement francophone et qui abrite des locuteurs issus de plus d’une cinquantaine de communautés ethnoculturelles différentes, a été au cours des années soixante celle de la rencontre fertile entre l’avant-garde poétique québécoise (Gaston Miron, Paul Chamberlan, Nicole Brossard, etc.)

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La didactique du créole haïtien sous la loupe d’un éditeur de manuels scolaires, les Éditions Henri Deschamps

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue,

Entrevue exclusive avec Peter Frisch,

Directeur général de la Maison Henri Deschamps

L’impératif de la didactique du créole est d’une brûlante actualité en Haïti. Elle concerne aussi bien les enseignants et leurs associations, les directeurs d’écoles, le ministère de l’Éducation nationale que les rédacteurs et éditeurs de manuels scolaires. Pour mieux en mesurer l’amplitude, il est essentiel d’être à l’écoute des différents intervenants de la chaîne de transmission des connaissances dans l’École haïtienne.

Robert Berrouët-Oriol (RBO) – M. Peter Frisch, vous dirigez depuis plusieurs années une grande institution éditrice de manuels scolaires et dont l’histoire séculaire se confond avec celle de l’instruction publique en Haïti. Voulez-vous dresser un portrait succinct des Éditions Henri Deschamps, de ses débuts à aujourd’hui ?

Peter Frisch (PF) – La Maison Henri Deschamps est une entreprise haïtienne de 125 ans et compte donc parmi les plus anciennes firmes du pays. Mais la Division des éditions a vu le jour en 1941, durant la Deuxième guerre mondiale. Jusque là, la quasi-totalité des manuels scolaires en usage dans les écoles venait de France.

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Le linguiste Renauld Govain, créoliste érudit et arpenteur avisé de la francophonie haïtienne

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

 

Entrevue exclusive avec Renauld Govain

Doyen de la Faculté de linguistique appliquée de l’Université d’État d’Haïti

Mise en contexte, par Robert Berrouët-Oriol – Connu dans les milieux universitaires haïtiens et internationaux pour son affabilité, sa grande rigueur intellectuelle, ses travaux de recherche et son souci de dispenser un enseignement de qualité, Renauld Govain est docteur en sciences du langage de l’Université Paris VIII (2009). Il a procédé, le 1er premier juin 2022, à l’Université Paris VIII, à la soutenance en vue de l’« Habilitation à diriger des recherches » (HDR) en sciences du langage. Le titre de cette soutenance postdoctorale était « La question linguistique haïtienne : histoire, usages et description » et l’entrevue qu’il accorde aujourd’hui au National vise à présenter cette exceptionnelle étape de son parcours académique. Exceptionnelle, car il faut savoir que l’Habilitation à diriger des recherches (HDR) —que détient l’historienne Gusti-Klara Gaillard-Pourchet, enseignante à l’Université d’État d’Haïti–, est une qualification universitaire extrêmement rare parmi les diplômés du corps enseignant haïtien, et il en est de même pour l’agrégation (Jean Marie Théodat est agrégé de géographie et feu Mario Alvarez était agrégé de médecine).

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L’état des lieux de la didactique du créole dans l’École haïtienne, une synthèse (1979 – 2022)

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Dans une étude d’une grande amplitude analytique, « La didactique du créole en Haïti : difficultés et axes d’intervention », le linguiste haïtien Wilner Dorlus dresse un état des lieux similaire pour l’essentiel aux observations de terrain formulées quelques années plus tard par d’autres linguistes, notamment Renauld Govain (2013, 2014, 2021), Fortenel Thélusma (2018, 2021), Guerlande Bien-Aimé (2021), Bartholy Pierre Louis (2015), ainsi que Benjamin Hebblethwaite et Michael Weber (2012). L’étude de Wilner Dorlus a été élaborée en vue de sa participation aux Journées d’études sur la graphie et la didactique du créole organisées en 2008 par le CRILLASH (Centre de recherches interdisciplinaires en lettres, langues, arts et sciences humaines) de l’Université des Antilles en Martinique, et elle a été reproduite en 2020, avec l’aimable autorisation de l’auteur, sur le site www.berrouet-oriol.com. Professeur de communication créole au Lycée Anténor Firmin et enseignant-chercheur à l’Université d’État d’Haïti, Wilner Dorlus examine avec pertinence (1) « le contexte dans lequel a émergé [le créole] comme discipline dans l’enseignement haïtien » ; (2) « la façon dont l’enseignement de la discipline en question est défini par le curriculum de l’École fondamentale » ; (3) « le discours didactique à travers lequel passe cet enseignement, sans négliger l’imbroglio terminologique que reflète (…) « le champ conceptuel de la grammaire du créole en Haïti », alimenté par tous ceux-là qui, pour une raison ou pour une autre, s’estiment bien placés pour marquer de leur empreinte le domaine de la réflexion sur le créole ».

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La néologie scientifique et technique créole à l’épreuve des mirages du « monolinguisme de la surdité historique » en Haïti

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

L’article « L’aménagement du créole doit-il s’accompagner de « l’éviction de la langue française en Haïti » ? » (Robert Berrouët-Oriol, Le National, 10 mai 2022) expose que « Le « monolinguisme de la surdité historique » est (…) un monolinguisme de l’enfermement idéologique sur les plans patrimonial, littéraire et juridique. De la sorte, il promeut auprès de l’ensemble des locuteurs haïtiens une sorte de demi-citoyenneté, et c’est également sur ce registre qu’il faut situer son opposition au partenariat créole-français ainsi que son incapacité à œuvrer à la didactisation du créole et à l’élaboration d’outils didactiques et lexicographiques de haute qualité scientifique en créole. » Dans le même article, il est précisé que « Le statut et le rôle des langues dans l’apprentissage scolaire en Haïti constituent un sujet majeur de société et ils ne doivent pas être traités de manière biaisée et selon les paramètres réducteurs et aveuglants de l’enfermement idéologique qui caractérise les discours propagandistes des Ayatollahs du créole. » Cette manière d’éclairer le noyau central du discours des « créolistes » fondamentalistes sur la question linguistique haïtienne doit être davantage explicitée afin de conforter la nécessité du recours aux sciences du langage pour mieux apprécier les enjeux d’un débat qui se situe à la croisée de la linguistique, de la didactique et de l’éducation.

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L’aménagement du créole doit-il s’accompagner de « l’éviction de la langue française en Haïti » ?

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

Dans l’article « Réforme éducative ou coup d’État linguistique ? » (Le National, 5 mai 2022), un texte adossé à son ample connaissance du système éducatif haïtien et qui s’avère également courageux sur le plan politique, Patrice Dalencour –docteur en philosophie, enseignant de carrière et ancien ministre de l’Éducation nationale–, porte un regard critique sur des sujets qui interpellent. À travers cet article, Patrice Dalencour interroge avec à-propos deux réalités du paysage sociolinguistique et éducatif haïtien qui méritent d’être bien comprises. L’auteur interpelle en effet (1) l’une des plus récentes dérives politico-administratives de l’actuel ministre de facto Nesmy Manigat relative au financement des manuels scolaires ; (2) le chimérique mantra des Ayatollahs du créole ciblant l’éviction de la langue française en Haïti et/ou sa relégation, dans le système éducatif national, au rang d’une langue étrangère aux côtés de et avec le même statut que l’anglais et l’espagnol. Il y a lieu de souligner que Patrice Dalencour est le second ex-ministre de l’Éducation qui ose –en dépit du climat d’insécurité généralisée lié au cartel politico-mafieux du PHTK–, faire entendre publiquement une parole critique cohérente sur des sujets relevant à la fois de l’éducation formelle et de la gouvernance politique de l’éducation dans ses rapports avec la question linguistique en Haïti.

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L’aménagement du créole en Haïti et la stigmatisation du français : le dessous des cartes

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue

Édouard Glissant, philosophe et romancier martiniquais : « On ne peut plus écrire son paysage ni écrire sa propre langue de manière monolingue. Par conséquent, les gens qui, comme par exemple les Américains, les États-Uniens, n’imaginent pas la problématique des langues, n’imaginent même pas le monde. Certains défenseurs du créole sont complètement fermés à cette problématique. Ils veulent défendre le créole de manière monolingue, à la manière de ceux qui les ont opprimés linguistiquement. Ils héritent de ce monolinguisme sectaire et ils défendent leur langue à mon avis d’une mauvaise manière. Ma position sur la question est qu’on ne sauvera pas une langue dans un pays en laissant tomber les autres. » (Lise Gauvin : « L’imaginaire des langues – Entretien avec Édouard Glissant », revue Études françaises, 28, 2/3, 1992 – 1993, Presses de l’Université de Montréal, 1993.)

La récente cabale, sur fond de « duperie argumentative », lancée par l’un des principaux Ayatollahs du créole à l’encontre du linguiste Rochambeau Lainy est riche d’enseignements (voir mes articles « L’unilatéralisme « créoliste » sectaire et dogmatique du linguiste Michel DeGraff contesté par le linguiste Rochambeau Lainy : documents à consulter » (rezonòdwès, 14 avril 2022) et « Ayatollahs du créole : la « duperie argumentative » est un procédé toxique dans le débat sur la question linguistique haïtienne » (Le National, 21 avril 2022).

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Ayatollahs du créole : la « duperie argumentative » est un procédé toxique dans le débat sur la question linguistique haïtienne

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

« duper » (verbe transitif )

  • Faire prendre à quelqu’un le faux pour le vrai ; tromper, abuser, mystifier / Ses escroqueries ont dupé bien des naïfs. [Dictionnaire Le Larousse]

Débattre du créole dans la société haïtienne est-il un droit, une nécessité, un tabou ou une croisade passionnelle, me demande un correspondant dans un récent courriel ? J’entreprends de lui répondre aujourd’hui par l’exploration de quelques pistes de réflexion et en lien avec le sujet des échanges qui ont eu lieu il y a quelques jours entre deux linguistes haïtiens. Il arrive souvent que les débats sur le créole, et plus largement sur la question linguistique haïtienne, empruntent la voie de propos passionnels et subjectifs émis la plupart du temps par des non-linguistes et parfois par quelques rares linguistes lorsqu’ils cèdent aux sirènes borgnes de l’idéologie. Dans tous les cas de figure, dans un pays où la libre parole et le débat public ont été violemment confisqués par la dictature trentenaire des Duvalier, oser penser, s’attacher à élaborer une pensée analytique et critique est déjà un parti-pris citoyen au creux du vouloir-vivre ensemble dans un futur État de droit.

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Sanctuariser et sacraliser les reliques de la réforme Bernard, un évangile aventureux au mitan du système éducatif haïtien

— Par Robert Berrouët-Oriol, linguiste-terminologue —

En Haïti, la nouvelle n’est pas passée inaperçue parmi les enseignants, les directeurs d’école et les associations d’enseignants : « Pour marquer les 40 ans de la réforme entreprise en 1982 par l’ancien ministre de l’Éducation nationale, Joseph Charles Bernard, visant de grands changements dans le système éducatif (…) une cérémonie [commémorative a eu lieu] le lundi 4 avril 2022 au lycée national de Pétion-Ville ». Dans les propos officiels tenus durant cette commémoration, un hommage particulier à la réforme Bernard a retenu l’attention. Par cet hommage, l’on a notamment voulu « attirer l’attention sur l’importance de la « Réforme Bernard » considérée comme l’alpha de tous les actes de réforme entrepris dans le système éducatif haïtien depuis les années 80. Le ministre de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, en a profité pour souligner les différentes actions en cours et en perspective, liées aux 12 mesures qui suivent presqu’à la lettre la « Réforme Bernard » qui vise le redressement du secteur en vue d’une éducation de qualité, accessible à tous. » (Source : communiqué du Bureau de communication, ministère de l’Éducation nationale, compte Facebook officiel, 4 avril 2022 ; voir aussi l’article « Éducation : le Menfp célèbre les 40 ans de la réforme Bernard, pour un redressement du système éducatif en Haïti », AlterPresse, 5 avril 2022.)

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