Canada: vers l’indemnisation de milliers d’autochtones arrachés de leur famille

Au Canada, le gouvernement vient d’annoncer qu’il va bientôt indemniser des milliers d’autochtones qui ont été arrachés de leur famille et de leur communauté depuis 2006. Faute de services locaux de protection de la jeunesse, ces enfants ont été envoyés dans des centres pour jeunes ou des familles canadiennes qui n’avaient rien à voir avec leur culture. Après une quinzaine d’années de bataille judiciaire, le gouvernement canadien consent désormais à les compenser financièrement, tout en mettant sur pied de nouveaux services proches des communautés autochtones. 

Avec [la] correspondante  [de RFi] à Québec, Pascale Guéricolas

Dès 2006, des familles, dont les enfants ont dû aller vivre dans un milieu totalement différent de leur culture autochtone, ont porté plainte contre le gouvernement canadien. L’avocat Armand Mackenzie, lui-même Innu, l’une des communautés des premières nations, les a soutenus dans ce combat : « Malheureusement, ce qui arrive encore, c’est que les enfants sont amenés loin de leur village, loin de leur culture, loin de leur langue, et puis on ne les revoit plus, ces enfants-là, si ce n’est qu’après l’âge adulte. Ils reviennent à l’âge adulte, ils recherchent leur identité, ils veulent connaître leur famille, leur parenté, leurs cousins et tout ça. »

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Mettre fin à la discrimination

Plusieurs décisions judiciaires ont donné raison aux autochtones de contester des placements des enfants hors de leur milieu d’origine. Le gouvernement canadien a finalement accepté de débloquer des sommes pouvant aller jusqu’à une trentaine de milliards d’euros pour compenser les familles et favoriser des services locaux.

« Concrètement, cet investissement va permettre de mettre fin à la discrimination, pour s’assurer de ne pas reproduire le modèle d’intervention qui a arraché les enfants à leur famille, explique Marc Miller, ministre des Relations avec les autochtones. Tout cela un coût financier. Mais nous devons aussi réfléchir au prix que représente l’inaction. »

Les négociations doivent se poursuivre jusqu’au 31 décembre entre le gouvernement et plusieurs instances autochtones. 

Source : Rfi