Bobo 1er, Roi de personne

Les 22 & 24 mars 2016

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Bobo n’est roi de personne. Il règne, cependant, sur un peuple imaginaire, dans un royaume sans trône, et se balade entre deux âges, entre deux mondes… Entre le « Short Message System » utilisé pour écrire à sa belle et son monde hâbleur de beloteurs de buvette, campagnards désargentés qui regardent le temps suivre son cours circulaire. Entre le monde du numérique et celui d’un autre temps, fleurant le souvenir d’odeurs encore terriennes et bien vivaces.

Un peu comme les peintres et les poètes, il se promène à la lisière de toutes les réalités, en se fabriquant une identité faite de bric et de broc. On devine les blessures de sa vie à travers sa gaucherie même, dans les interstices de son monologue baroque

Ce bougre-là n’est le roi de personne, mais comme il trouve que ça sonne bien, il s’est autoproclamé Bobo 1″. Juste parce qu’il aime les mots.

On redécouvre peu à peu I’humour et la grandeur des petites gens, la grâce et le burlesque de ces âmes méprisées par les élites…

Tu es mêlé, mon cher

Mêlé comme genmbo de chez chauve-souris, ouais : aujourd’hui tu montres tes ailes d’oiseau, demain tu montres ta tête et tes poils de rat et, Jinal de compte, tu
n’es personne.

Tous les jours je lui explique… Si kréyàl exerce sa vie rien qu’à montrer qu’il n’est pas français, c’est pas une vie. C’est en vérité français qui dans l’ombre lui dicte une telle conduite. Même-pareil si français ne sert qu’à touffer kreyôL… C’est pas un métier pour une langue d’emmerder les autres langues.

C’est-pour-la-cause que lorsque je dis mes trucs, même quand c’est en français ce n’est pas rrunfrançais… You understand ?… Sais même pas où est la France, sais même pas vraiment ce que c’est… Je dirai même que j’en ai rien à foutre asteure…

Je suis venu au monde en trouvant autour de moi des mots rangés à ma disposition dans deux sacs séparés et plein de poussières de mots entre eux… Eh bien, je me les ramasse tous pour enfaire ma cuisine à moi. J’en prends plus dans l’un ou dans l’autre, selon les situations ou bien jefais un panaché, selon la faim du
moment.

De Frantz Succab

Avec : Patrick Womba
Mise en scène : Guillaume Clayssen
Assistant à la mise en scène : Harry Baltus
Scénographie : Marielle Plaisir
Musique originale : Frantz Succab
Composition : Patrick Womba
Avec la complicité de Guy-Pierre Couleau
Costumes : Patrick Cassin (Cassking)
Lumières : Jacky Marcel

Production : L’Artchipel scène nationale de Guadeloupe dans le cadre de son projet Mythologies actuelles de Guadeloupe /14•15 Mythologies politiques – Résidence de création en février 2015
Coproduction : Comédie de l’Est, Etc_ caraïbe
Avec l’aide de : DAC Martinique

© crédit photo : Nicolas Yssap

© crédit photo : Philippe Virapin

Frantz Succab – 1947
Journaliste, auteur, parolier et dramaturge né en Guadeloupe, il est d’une génération d’auteurs qui considèrent l’écriture comme un outil de combat. Ses premiers écrits sont des articles militants et des poèmes en créole mais il entreprend peu à peu une démarche plus personnelle et libertaire… Il signe ici sa 6e pièce.