Bernardo Bertolucci, le cinéaste de la transgression, est mort


Il avait réalisé Le Dernier Empereur, Un dernier à tango à Paris ou encore 1900. Le cinéaste italien Bernardo Bertolucci est mort, lundi 26 novembre, à Rome, à l’âge de 77 ans des suites d’un cancer, a confirmé son attachée de presse, Flavia Schiavi, à franceinfo. Une cérémonie devrait se tenir au Campidoglio, dans la capitale italienne, dans les deux prochains jours, a ajouté l’attachée de presse.

Bernardo Bertolucci est le fils aîné du poète Attilio Bertolucci et le frère de Giuseppe Bertolucci. Il commence à écrire dès l’âge de 15 ans et est récompensé pour son travail peu de temps après. Il reçoit notamment le Premio Viareggio. Il se rend ensuite à Rome pour ses études et devient l’assistant de Pier Paolo Pasolini sur Accattone. Il travaille aussi plus tard avec Sergio Leone et Dario Argento sur le scénario d‘Il était une fois dans l’Ouest. Son second film, Prima della rivoluzione, inspiré de La Chartreuse de Parme de Stendhal, est acclamé par la critique et marque le renouvellement du cinéma d’auteur italien des années 1960. Le thème de l’ambiguïté politique et sexuelle est illustré par une mise en scène revendiquant un certain gongorisme dans sa sophistication visuelle et son style chorégraphié.

Dans les années 1970, il tourne pour la télévision La Stratégie de l’araignée, d’après Borges. Le Dernier Tango à Paris, interprété par Marlon Brando et Maria Schneider, provoque un scandale en Italie à cause d’une relation très sulfureuse entre un homme mûr et une jeune femme, incluant une scène de sodomie et une séquence où le héros insulte le corps de sa femme défunte. Il apparaît dans un documentaire en trois parties, Les écrivains italiens et l’Italie des écrivains : ombres et questions, dans l’émission Italiques pour parler des relations entre le cinéma et la littérature en 1973 et 1974. Son cinéma à venir se veut fidèle à un certain regard politique. Il reflète en ce sens une vision épique et romanesque mais sans concession de l’histoire italienne (1900, Le Conformiste). La Luna évoque une relation difficile entre une cantatrice et son fils et La Tragédie d’un homme ridicule est une fable pessimiste qui vaut à Ugo Tognazzi le prix d’interprétation masculine à Cannes en 1981. Bertolucci a été l’invité de l’Été Cinéma des Rencontres cinématographiques de Digne-les-Bains, à l’initiative de Jean-Pierre Castagna, en 19885.

Le Dernier Empereur, tourné en grande partie dans la Cité interdite à Pékin, évoque le destin tragique du tout dernier empereur chinois issu de la dynastie mandchoue : Pu Yi, placé sur le trône à l’âge de 3 ans. Triomphe international, le film obtient 9 Oscars dont ceux du meilleur film et du meilleur réalisateur en 1988. Il est le premier volet d’une trilogie spirituelle et orientale complétée par Un thé au Sahara et Little Buddha.

Il reçoit, des mains de Gilles Jacob, la Palme d’or d’honneur à Cannes en 2011 pour l’ensemble de son œuvre.

Bernardo Bertolucci a présidé le 43e Festival de Cannes où le jury décerna la Palme d’or à Sailor et Lula de David Lynch. Il fut également président du jury de la Mostra de Venise à deux reprises : la première fois en 1983 (sous sa présidence, le Lion d’or fut attribué à Prénom Carmen de Jean-Luc Godard), et la seconde en 2013 (son jury couronna du Lion d’or le documentaire Sacro GRA de Gianfranco Rosi).

En 2013, il avoue dans une entrevue vidéo ne pas avoir prévenu Maria Schneider, lors du tournage du Dernier Tango à Paris, du déroulement de la scène qui fera scandale, parce qu’il voulait capturer sa réaction « en tant que fille et non en tant qu’actrice. » Elle exprimera alors son sentiment d’avoir été « un peu violée », tout en précisant qu’il s’agissait d’une scène de sodomie simulée.

Il meurt d’un cancer le 26 novembre 2018 à 77 ans.