
Sens Mêlés
Nathalie HAINAUT / Commissaire d’exposition, critique d’art / Mars 2011
« Chaque artiste comme chaque créateur, doit exprimer ce qui est propre à sa personne. Chaque artiste, comme enfant de son époque, doit exprimer ce qui est propre à cette époque. Chaque artiste, comme serviteur de l’art, doit exprimer ce qui, en général, est propre à l’art « .
Vassily Kandinsky, Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier.
Sens mêlés, c’est avant tout les effets d’une rencontre. Celle de deux artistes peintres, l’un, autodidacte cultivé et investi dans la peinture, Olivier D, l’autre plasticien acharné et reconnu sur la scène internationale des arts visuels, Richard-Viktor SAINSILY CAYOL. Une rencontre et surtout la fusion des arts plastiques autour de la toile vierge pour deux hommes, deux enfants des îles de la Guadeloupe et de la Martinique qui revendiquent leur identité de « sang-mêlé » et font le libre choix d’unir leurs forces créatrices, en croisant les pinceaux pour en démontrer l’extrême fulgurance.
Sens mêlés, c’est ensuite une première, une exposition-événement pour laquelle ces deux plasticiens ont partagé un atelier dans le quartier de Paintini à Saint-Domingue, produit une série d’œuvres à quatre mains avant de poursuivre dans le même esprit, chacun de leur côté, avec une série de toiles de leur propre «cru».







Édouard Glissant est né en 1928 à Sainte-Marie, en Martinique. Il entreprend des études de philosophie à la Sorbonne en 1946 et vivra à Paris jusqu’en 1965. Docteur ès lettres, il fonde l’Institut martiniquais d’études et une école selon un système alternatif d’éducation. Son premier recueil de poèmes, Un champ d’îles, paraît en 1953. Il publie dès lors régulièrement des pièces de théâtre, des poésies, des essais et des romans. La Lézarde (1958) lui vaut le Prix Renaudot. Il collabore à de nombreuses revues, Présence africaine, Critique, Les Lettres nouvelles. En 1971, il fonde la revue Acoma. De 1982 à 1988, il dirige le Courrier de l’Unesco. Il vit à New York où il tient une chaire de littérature. 







Cette phrase de Jean-Paul Sarte à propos des « Mains sales » s’applique assez bien au théâtre de Marivaux (1688-1763) qui invite le spectateur à réfléchir sur l’inégalité sociale, sans pour autant réclamer un changement politique. Marivaux n’est pas révolutionnaire. Dans le langage moderne, tout au plus serait-il « réformiste ». Moraliste est semble-t-il le mot le plus adéquat. Dans l’Ile aux esclaves, qui nous est présentée le 28 janvier à 20 h 30 dans la salle Frantz Fanon du CMAC-ATRIUM, il fait appel sinon à l’humanisme des personnages, tout au moins à leur humanité, à leur raison, ce en quoi il préfigure le siècle des Lumières sans en avoir les audaces politiques. Résumons l’intrigue. En un temps qui fait référence à la Grèce antique, mais que le vocabulaire de la pièce dément, et à la suite d’un naufrage, quelques survivants, maitres et valets, échouent sur une ile dans laquelle les rapports sociaux sont inversés. D’anciens esclaves ont pris le pouvoir et rééduquent les maîtres qui débarquent dans la République en leur imposant l’ancien statut d’esclave tandis que les anciens esclaves sont mis dans la condition de maître.