— par Janine Bailly—
Il semblerait qu’une mode sévisse actuellement au théâtre, comme si l’on était en manque d’œuvres originales à mettre en scène. Avec plus ou moins de bonheur, on « revisite » les œuvres du répertoire — sous certaines plumes il m’a même été donné de lire ce vilain verbe de « dépoussiérer » —, on les adapte, on les change d’époques et de costumes, de lieux et de langages, on les résume et les allège ou les surcharge, on leur fait dire ce qu’au grand jamais elles n’auraient cru dire, irai-je jusqu’à écrire qu’on les triture et les tord et les malaxe en tous sens ? C’est là donc que se serait réfugiée une part essentielle de la créativité ? Ne boudons pas notre plaisir, ces manipulations font partie du jeu, et il est bel et bon que le metteur en scène prenne un point de vue qui lui soit propre, qu’il nous donne à voir le texte sous un angle singulier, et sous un éclairage qu’il aura privilégié, ceci à la condition que ce texte ne devienne pas qu’un simple prétexte.