Non à l’expulsion inhumaine des frères haïtiens !

Rassemblement le samedi 5 décembre à 10hsur la place de la Victoire de Pointe à Pitre

Malgré le contexte sanitaire, nous avons appris que la préfecture de la Guadeloupe organise un vol spécial groupé le 7 décembre pour expulser une trentaine de femmes, d’hommes haïtiens dont certains sont retenus au Centre de rétention administratif (CRA). Parmi eux se trouvent des parents d’enfants français, des personnes malades, de futurs parents, des personnes vivant en Guadeloupe depuis plusieurs années et des personnes arrivées en Guadeloupe avant leur majorité.
Or, depuis le mois de mars, il n’y a aucun vol commercial direct entre Guadeloupe et Haïti.
Dans ces conditions, l’ensemble des associations franco-haïtiennes dont Tet Kolé, la fédération d’associations franco-haitiennes de la Guadeloupe, Lakay Concept, Family Band, CODIGH, tous les amis de la communauté haïtienne de Guadeloupe et tous ceux qui sont épris de justice et de dignité vous appellent à un grand rassemblement le samedi 5 décembre à 10h sur la place de la victoire de Pointe à Pitre, en face de la sous-préfecture pour dire :
NON !!
Un seul message sur les pancartes : NON !!

Signataires :
Amnesty International Guadeloupe
Association TetKolé
Association des Travailleurs et des Peuples de la Caraïbe
CGTG banane
Collectif vigilance Citoyenne
Combat ouvrier
Comité International des Peuples Noirs
Fédération de la ligue des droits de l’homme Guadeloupe
Journal Rebelle !
La Cimade Guadeloupe
Parti de Gauche Guadeloupe
UPLG Union Pour la Libération de la Guadeloupe

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Non au charter vers Haïti – Oui à la solidarité avec nos frères Haïtiens !

Expulsion collective vers Haïti depuis la Guadeloupe : la préfecture organise un charter pour contourner l’absence de vols commerciaux

Les lignes aériennes commerciales qui relient les Antilles et Haïti sont fermées depuis le début de la pandémie de COVID ; qu’à cela ne tienne, la préfecture de Guadeloupe organise un charter pour assurer la poursuite des expulsions vers Haïti !

Ce vol, spécialement affrété pour expulser une trentaine de personnes, doit partir le 7 décembre 2020. Nos associations dénoncent l’organisation de ce charter, dans un contexte sanitaire mon dial toujours fragile et vers un pays où une crise politique continue de sévir.

Parmi les personnes enfermées au centre de rétention administrative (CRA) de Guadeloupe et susceptibles d’embarquer à bord de ce vol, se trouvent des parents d’enfant français, des personnes malades nécessitant un suivi médical lourd et indisponible en Haïti, des futurs parents ou encore des personnes vivant en France depuis plusieurs années, pour certaines arrivées avant leur majorité. Une personne attend que le juge se prononce sur la légalité de son refus de séjour. Toutes ont tenté de prendre un rendez-vous sur internet pour régulariser leur situation, sans y parvenir.

Alors même que la France se trouve toujours sous état d’urgence sanitaire, le CRA connait paradoxalement une activité forte ces dernières semaines. Si la distribution de masques et de gel a été organisée au CRA, la promiscuité des lieux et le fonctionnement par nature d’un CRA rendent la poursuite des placements très décalée des enjeux actuels de santé publique.

Cette expulsion interviendrait par ailleurs en totale contradiction avec les recommandations du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères qui déconseille fortement de se rendre en Haïti. En effet, le pays connaît depuis plusieurs mois un contexte de violences généralisées du fait de l’implantation de gangs armés dans plusieurs zones du pays. Le risque d’enlèvement et d’agressions y est très important et la prise en charge médicale contre la pandémie de Covid-19 n’est que relative.

Nos associations dénoncent une politique d’enfermement et d’expulsion acharnée et qui expose la sécurité et la santé des personnes étrangères.

Nous demandons l’annulation de ce vol et la libération immédiate des personnes enfermées au CRA des Abymes.

Signataires du communiqué de presse

Amnesty International Guadeloupe

Fédération de la ligue des droits de l’Homme Guadeloupe

La Cimade

Tet Kolé

 

 

 

4 décembre 2020

Expulsion collective vers Haïti depuis la Guadeloupe : la préfecture organise un charter pour contourner l’absence de vols commerciaux

 

 

 

Non ! Pas en notre nom !

Ainsi, le Préfet de Guadeloupe a décidé d’affréter un avion spécial pour expulser un certain nombre d’Haïtiens de notre territoire. Quelle est l’urgence ? Quel est le danger ?
En vérité, il ne fait qu’appliquer le durcissement de la politique macroniste concernant l’immigration. Si on peut admettre que tout État doit pouvoir contrôler ses frontières notamment concernant le banditisme et le terrorisme, tous les immigrés ne sont pas des délinquants en puissance. Le durcissement du gouvernement macron concernant l’immigration est l’option politique de se rapprocher des idées d’exxtrême droite, tendant à dominer en France. En effet, le vocabulaire de l’extrême droite et du RN en particulier, a envahi l’ensemble du champ médiatique et politique français. On utilise comme allant de soi les expressions telles que « identité nationale » (qui apparaît pour la première fois avec Jean-Marie Le Pen). Ou encore le « communautarisme », l’ensauvagement », le « séparatisme ».
La problématique de l’identité propre à l’extrême droite n’est pas du tout celle d’une tradition authentiquement républicaine. Pour cette dernière, la nation est volonté, la nation est contrat et ne peut se réduire à l’identité culturelle, fût-elle majoritaire. Il faut donc distinguer entre intégration républicaine et assimilation culturelle.
Pour l’extrême droite, la nation, selon une longue tradition antirépublicaine issue de Barès, de Josph de Maistre puis de Maurras, est nation- ethnique et ainsi on a du mal à admettre la diversité culturelle. En ce sens, la France a du mal à reconnaître sa diversité culturelle (qu’elle vit comme une menace) c’est-à-dire sa réelle créolisation et ainsi a triomphé notamment avec Zemmour une conception de la nation comme un « Nous » s’opposant à un « Eux » posé comme ennemi. Hier ce fut le Juif, aujourd’hui c’est l’émmigré, Noir ou Arabe.
C’est donc dans un tel contexte politique dominant l’opinion et la politique gouvernementale en France, que le Préfet de Guadeloupe prend une telle décision d’expulsion. Or, pour nous Créoles, les Haïtiens ne sont pas nos ennemis mais nos frères. Issus du même bateau en quelque sorte. L’émigré haïtien sur notre sol ne réprésente aucun danger, ne développe ni délinquance ni terrorisme.
Non, nous n’oublions pas qu’Haïti est le premier pays, comme l’a dit Césaire, où la négritude se mit debout. Nous n’oublions pas que c’est où, dans l’hsitoire de l’humanité, c’est la première fois qu’a réussi une révolution anti-esclavagiste. Nous n’oublions pas Toussaint, Dessalines , Christophe et bien d’autres. Nous n’oublions pas que les Noirs, dans toute l’Amérique, au Nord, au Sud et dans toute la Caraïbe rêvaient de fuir l’esclavage et de réfugier en Haïti qui demeura un symbole pour beaucoup de Noirs.
La France, pays dit des Droits de l’homme, ne doit pas oublier qu’elle a imposé à Haïti une dette, censée réparer la libération de l’esclavage, que le pays de Toussaint à du payer jusque sous la IV° République. Un véritable scandale.
Si domine dans le monde un système néolibéral qui permet la circulation des marchandises et de la finance, nous n’oublierons jamais que les Haïtiens sont nos frères, comme tous ces peuples qui luttent sur la planète contre les dominations de toutes sortes.
En toute fraternité, soyons tous présents samedi Place de la Victoire.
Jacky Dahomay