Des caissières aux automates : bientôt le grand remplacement ?

— Jean-Christophe Catalon —

Si les statistiques montrent que les caisses automatiques sont encore très loin de se tailler la part du lion, la multiplication des expérimentations de magasins sans caissiers soulève des inquiétudes sur la pérennité de ce métier.

Scanner soi-même ses articles au rythme du « bip » de la machine devient une habitude pour certains consommateurs. Les caisses automatiques sont de plus en plus en répandues en France, près de six supers et hypermarchés sur dix en sont désormais équipés, selon le cabinet Nielsen. Si la part des clients qui les utilisent est loin d’être majoritaire – moins d’un sur cinq les a déjà testées, dont 7 % passent désormais exclusivement par elles –, elle n’en reste pas moins significative pour ces enseignes, dont 10 % du chiffre d’affaires est encaissé par ces machines.

Les automates se sont installés dans le paysage, mais semblent encore loin de se substituer aux caissières. Plus de huit consommateurs sur dix passent uniquement par elles pour régler leurs courses. L’évolution des effectifs sur la décennie ne fait pas état d’une hémorragie : en 2018, on compte 168 000 caissiers (dont 90 % de femmes) tous secteurs confondus (commerce alimentaire, cinéma, péages…), en baisse de 4 % par rapport à 2010, tout en sachant que la grande distribution traverse une crise.

« Les caisses automatiques ont été pensées pour gérer les pics de fréquentation », retrace Daniel Ducrocq, directeur du service distribution de Nielsen. L’objectif est de permettre aux clients venus pour de petites courses d’accéder plus vite aux caisses, au lieu de faire la queue entre deux chariots remplis à ras bord. Le panier moyen de ceux qui utilisent les automates contient en effet 40 % d’articles de moins qu’un panier classique. « La technologie n’est pas calibrée pour les clients qui viennent faire leurs courses pour la semaine et ont une centaine de références à passer en caisse », estime Daniel Ducrocq. « Les chariots connectés ou les puces RFID1 seront sans doute une menace plus sérieuse pour l’emploi, mais ces technologies n’arriveront pas avant 20 ou 30 ans », poursuit-il.

En définitive, la fin des caissières ne serait pas pour demain. Seulement voilà, des expérimentations menées ces dernières années par des enseignes soulèvent de lourdes inquiétudes sur la pérennité immédiate de ce métier emblématique et de la situation à venir des personnes qui l’exercent.

Source : Alternatives Economiques