— Par Florent Grabin, présient de l’Association ecologique P.U.M.A. —
Avec le changement climatique, la montée des eaux est l’une des conséquences qui va toucher les communes du littoral Martiniquais dans leur partie basse. Selon les services de l’État, il y a environ dix mille maisons et immeubles concernés (particuliers, entreprises et collectivités). Dans ce patrimoine bâti, il y a des constructions précaires et des occupants sans titres qui devront faire l’objet de solidarité afin de permettre à ces habitants d’être relogés et régularisés.
Le Ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ainsi que le Ministre de la Culture ont été interrogés sur les difficultés posées par le recul du trait de côte, notamment sur l’indemnisation liée à l’érosion côtière et sur la protection du patrimoine archéologique.
Indemnisation liée à l’érosion du trait de côte.
Pour ce qui est de l’indemnisation – des propriétaires lésés par le recul du trait de côte – jugée inégale et incompréhensible. Ce, selon que le bien soit menacé par une érosion rocheuse ou sableuse, ou que l’effondrement soit survenu à cause de la houle ou de l’infiltration des eaux ; ces derniers peuvent en effet être indemnisés ou abandonnés à leur sort.
La réponse ministérielle consiste à dire que seules les acquisitions par expropriation et à l’amiable de biens exposés à un risque naturel majeur menaçant gravement les vies humaines, ainsi que les mesures de sauvegarde et de protection des populations vis-à-vis de ce risque, sont prises en charge par le fonds de prévention des risques naturels majeurs (Fonds de Prévention des Risques Naturels Majeurs (FPRNM), dit ‘’fonds Barnier’’ ). Il en résulte que le FPRNM n’est pas mobilisable pour un bien uniquement exposé à l’érosion côtière, qui est un phénomène inéluctable, anticipable et qui ne revêt pas le caractère de risque naturel au sens donné par le Code de l’environnement. Un abattement sur la valeur du bien est pratiqué pour tenir compte de la durée limitée restant à courir avant sa disparition du fait de l’érosion mais il n’y a pas d’abattement lié à la prise en compte du risque majeur.
Le texte de loi est clair. Il va laisser sur le carreau tous les précaires. Ce qui devra impérieusement nécessiter une intervention non négligeable de nos Parlementaires afin de l’adapter à la réalité locale. Pourquoi dans le plan national d’adaptation au changement climatique ce volet ne figure pas ?
Nous avons constaté que la nature progresse inexorablement pendant qu’entre les climato-attentistes et climatosceptiques il y a un débat qui perdure localement. Il y a urgence à se déterminer pour lancer les études sur la protection de la Baie de Fort-de-France qui est le point stratégique de la Martinique.
Ne rien anticiper sera impardonnable.
Nous PUMA, avons commencé à sonder différentes personnes pour avoir leur avis sur la fermeture de la baie par une digue avec une écluse pour le passage des bateaux. Notre base de réflexion s’articule sur le fait que nous n’avons pas suffisamment de recule, ni de temps pour réinstaller toutes les activités structurantes (aéroport, port, usine de production électrique et toutes les zones d’activités économiques). Concernant l’habitat des particuliers et les Sociétés HLM il y a une étude socio-économique à mener pour éviter cette catastrophe prévisible qui va générer inévitablement des réfugiés climatiques.
Concernant les autres communes du littoral, attendons-nous à ce qu’il soit impossible de prévoir des digues ou enrochements ! Ce qui imposera comme conséquence le recul vers l’intérieur des terres. Cette situation exigera un chantier titanesque qui devra prendre en compte incontestablement les réseaux routiers, électriques, téléphoniques, assainissements et eaux potables.
Un fait est certain, PUMA, est inquiet du fait des lenteurs administratives et politiques. Pour preuve nous évoquons les victimes de Fond Saint Jaques à Sainte-Marie qui sont toujours en attente de solution, suite à la destruction de leur maison après la rupture de la canalisation de transport de l’eau en novembre 2020. Nous avons échangé avec différents élus et administratifs pour constater que nous dérangeons avec le sujet de l’élévation du niveau de la mer.
Visiblement, avec des situations ingérables, l’endormissement de certains donnera un brutal réveil général de la population. Sommes-nous prêts à relever ce défi que la nature nous lance ? Rassurez-vous nous faisons confiance au réveil collectif qui se mettra en œuvre pour faire exécuter tout ce qu’il faut.
Au regard du coût des opérations et de l’absence de volonté politique, nous ne serons pas surpris de voir l’État abandonner purement et simplement certains biens vouer à devenir des épaves le tout générant une nouvelle pollution.
Concernant les matériaux pour les enrochements dont le volume sera considérable, ne faut-il pas envisager de les récupérer dans le sous-sol où il n-y-a pas de problème de foncier ? Et pourquoi ne pas envisager une dorsale sous forme de tunnel pour contourner le réseau routier impacté par l’engloutissement sous les eaux ?
Ce sera un grand chamboulement dans l’aménagement de notre territoire qui dispose un potentiel humain prêt à relever ce chalenge et écrire une nouvelle page environnementale, Pour Une Martinique Autrement.
Pour l’association écologique PUMA
Le Président
Florent GRABIN