Mois : juin 2014

Pas son genre : Chanter et rire à en pleurer

— Par Selim Lander —

Pas son genre4

Lucas Belvaux a porté au cinéma le roman de Philippe Vilain, théoricien de l’autofiction et romancier de l’amour, de ses joies et de ses peines, de ses essais et de ses erreurs. Un professeur de philosophie, Clément, à peine émoulu de l’université, est nommé à Arras pour son premier poste. Il est parisien, issu d’une famille bourgeoise et cultivée, il a déjà publié un livre, alors Arras… ! Trois jours par semaine dans une telle ville, même si l’on éprouve un certain plaisir à (s’écouter) enseigner, c’est « ennuyant ». Donc on se désennuie en allant se faire couper les cheveux, on remarque la jeune personne, Jennifer (!), qui coiffe, on revient la voir, on la séduit.Mais une coiffeuse provinciale et un intellectuel parisien « ça peut pas le faire », a priori. Le film raconte la descente aux enfers de Jennifer : elle n’en est pas bien sûre mais elle croit avoir trouvé l’amour de sa vie. Tandis que lui est totalement incapable de répondre à son amour comme elle le voudrait, non pas tellement à cause de la différence de milieu et de culture, mais à cause d’une incapacité – constitutive ou acquise, peu importe – de s’engager.

→   Lire Plus

Il y a vingt-cinq ans, le massacre de la place Tiananmen

Le poète Liao Yiwu : « La mémoire de Tiananmen ne s’effacera jamais »

tank_man
Le 4 juin 1989, le poète Liao Yiwu, vivant dans le Sichuan, à l’autre bout de la Chine, écrit en état de transe un poème intitulé « Massacre », en écho aux chars qui écrasent au même moment le mouvement démocratique de la place Tiananmen, au cœur de Pékin.

Il le paiera de quatre années de prison (1990-1994), qu’il a racontées dans un livre, « Dans l’empire des ténèbres », salué l’an dernier par Robert Badinter comme l’un des grands récits de la littérature carcérale, à côté de Soljenitsyne.

Vivant aujourd’hui à Berlin après d’être enfui de Chine, Liao Yiwu vibre chaque année à l’approche de la date du 4 juin, dont il dit qu’elle a changé sa vie à jamais.

En Chine aussi, les autorités sont nerveuses à chaque anniversaire, 2014 plus encore en raison d’un chiffre rond, le 25e anniversaire d’un massacre occulté, nié, effacé des mémoires. Cette année, un nombre record d’intellectuels, activistes, dissidents, ont été arrêtés et écartés le temps de cet anniversaire qui n’a pas le droit d’exister.

→   Lire Plus

Tsai Ming-liang « Après quoi courons-nous ? »

— Entretien réalisé par Dominique Widemann —

les_chiens_errants-2

 Photo Lee Yi-Cheng, Lee Yi-Chieh, Shi Chen

Tsai Ming-liang est l’un des grands cinéastes. La Cinémathèque française lui rend hommage par une rétrospective au moment où son film les Chiens errants sort 
en salles.

Comme à chacun de vos 
films, vous remettez en 
scène l’acteur Lee Kang-sheng, que vous avez filmé pour la première fois encore adolescent. Le voilà 
dans les Chiens errants 
père de deux enfants et dépossédé de tout. Que représente ce comédien 
qui prend de l’âge devant 
votre caméra ?

Tsai Ming-liang. Je crois que je suis impatient de continuer à le voir vieillir. Nous ne tournons pas énormément de films. Depuis Visage, le précédent, quatre ans ont passé. Les traits de Lee Kang-sheng, sa démarche se sont modifiés. Je montre cela à l’écran sans rien épargner, parfois en très gros plans. Dans la vie également je le vois évoluer comme être humain. Il poursuit une performance de marche au ralenti entamée en 2011 et que je souhaitais d’abord destiner à la scène. Il m’a tellement bouleversé que cela a donné lieu au tournage d’une série de courts métrages, des « expéditions au ralenti » réalisées dans différentes villes et qui associent cinéma et installations artistiques.

→   Lire Plus

« Les chiens errants » : la beauté du désespoir

les_chiens_errants

 Il est le cinéaste des limbes, de la solitude urbaine, du désespoir moderne. Né en 1957, héritier revendiqué de la Nouvelle Vague française, petit frère des grands maîtres taïwanais Hou Hsiao-hsien et Edward Yang, qui ont placé, au milieu des années 1980, la petite île rebelle au cœur de la planète cinéphile, Tsai Ming-liang a pensé que ce nouveau long-métrage serait peut-être son dernier.

Gravement malade quand il en conçut le projet, au point qu’il pensait ses jours en danger, il avait rompu avec le cinéma, découragé par l’énergie démesurée que demande, aujourd’hui, la continuation d’une œuvre comme la sienne, mue par la seule croyance dans les puissances de son art. Cette condition n’a pas contribué à donner aux Chiens errants une tonalité riante, mais elle éclaire l’ambition de ce film sublime, qui organise la circulation entre le monde des vivants et celui des morts, entre espace physique et espace mental, entre rêve et réalité.

→   Lire Plus

CEREGMIA : clair soutien du Ministère à la présidente de l’UAG

ceregmiaDans un courrier adressé à Corine Mencé-Caster, présidente de l’UAG, Geneviève Fioraso la Secrétaire d’État à l’enseignement supérieur et à la recherche, prend clairement position dans ce qui apparait être le scandale financier qui traverse le pôle martiniquais de l’université. Elle lui adresse un courrier à la fois administratif, politique, et personnel. Administratif  parce qu’en félicitant la présidente d’avoir suspendu de leurs fonctions de direction Fred Célimène et son adjoint le Ministère semble considérer le référé en annulation du décret de suspension utilisé par la défense comme une simple argutie juridique, politique parce que Geneviève Fioraso, au-delà des procédures judiciaires en cours prend franchement position en affirmant qu’il y a bien eu des malversations financières et personnel en se déclarant aux cotés de Corine Mencé-Caster face aux intimidations et  menaces qui  l’assaillent.

→   Lire Plus

“Night Moves” : en vert et contre tous

Des militants écolos à l’assaut d’un barrage. Le film noir de la brillante réalisatrice d’”Old Joy” et “Wendy et Lucy”. A Madiana

— par Jean-Baptiste Morain —

nightmovesNouveauté dans le travail de l’un des meilleurs cinéastes américains indépendants, Kelly Reichardt (Old Joy, Wendy et Lucy, La Dernière Piste), Night Moves est un film noir. Mais un film noir d’aujourd’hui, à la sauce Reichardt, avec ce style si singulier qui tient dans la rigueur du cadre et du rythme, dans l’expression maximale avec les moyens cinématographiques les plus réduits.

Josh (Jesse Eisenberg, génial quand il joue la peur) est un jeune militant écologiste. Il travaille dans une ferme bio de l’Oregon. Le soir, on se réunit avec d’autres pour regarder des documentaires, parler de la destruction prochaine de la planète, des moyens de protestation qui s’offrent au citoyen pour réveiller les consciences.

→   Lire Plus

La démocratie sans les femmes ?

— Par Huguette Bellemare et George Arnauld, Membres de l’association féministe Culture Égalité —

parite_hom_femLe combat pour la parité a arraché en France, depuis une quinzaine d’années, quelques avancées, même si nous les jugeons encore insuffisantes. Nos machistes ont bien été obligés de reculer sous la lutte des partisanes et partisans de l’égalité des droits politiques entre hommes et femmes. Dans les élections municipales (et ceci a été récemment élargi aux communes de 1000 à 3000 habitants) ainsi que dans les conseils régionaux, on a acté des listes paritaires (un homme/une femme). On a obtenu aussi que les bureaux des municipalités alternent les postes d’adjoints à parité entre les hommes et les femmes. Ce sont des progrès appréciables.

La parité dans nos communes?

Nos combats sont ils terminés ? L’étude des trois différents bureaux des Communautés des communes est édifiante.

→   Lire Plus

Les Jardins de Martinique

j-d-m_entree

— D’après « Rendez-vous aux jardins » *—

Les parcs et les jardins martiniquais sont les reflets de la culture métissée qui fait toute la richesse des habitants de cette île des Petites Antilles. Qu’ils soient  d’agréments ou vivriers, ils ont en commun une diversité botanique extraordinaire constituée de plantes et d’arbres originaires de tous les continents, Amérique, Afrique, Inde, Océanie, Europe.

Au-delà de cette parenté, chaque jardin, expression de la personnalité particulière de celui qui l’a trace, planté, entretenu, est unique. Avec patience et vigilance, le terrain et le matériau vivant qu’est le végétal, sont travaillés pour faire une œuvre qui affirme une identité forte. Près de la maison d’habitation de ville ou de bourg, les jardins de plaisance naissent de l’alliance des couleurs, des formes et des ports variés des fleurs tropicales et des arbres d’ornement , autour de la maison de maître de l’ancienne habitation sucrière, s’inscrit souvent un parc dessiné en conjuguant la référence au style classique adopté par l’aristocratie métropolitaine au 17 et 18ème siècle avec les essences du territoire d’implantation (longues allées structurantes, parterres réguliers, jardins en terrasses, avec ou sans éléments d’architecture tels que balustrades et nymphée) ; en milieu rural, le jardin créole héritier du jardin de case, est à la fois potager avec « légumes pays » et « légumes France », médicinal, condimentaire ; quant aux jardins de collection botanique ils sont époustouflants de richesse.

→   Lire Plus

Le Parc Naturel de la Région Martinique ( PNRM)

pnmrJusqu’au 30 août, le PNRM ouvre ses portes pour des animations « Grandes vacances » .
Au programme : ateliers artistiques et d’initiation à des techniques artisanales, randonnées, promenades, visites d’exploitation, déjeuners aux saveurs locales, animations musicales et bien d’autres… Plusieurs thématiques sont proposées :
les ateliers du parc,
les balades découvertes,
les randonnées pédestres, les nocturnes du Dubuc,
la famille en fête au Domaine d’Emeraude,
une journée pique-nique à Vatable
les courses de mulets et de chevaux sur la plage,
les balades en calèches, à dos d’âne ou de mulet,
les visites des sites du PNRM,
les animations au moulin de Val d’Or, à Sainte-Anne,
les visites guidées de la ville d’art et d’histoire, Saint-Pierre,
les sorties en bateau.

– Contact : 05.96.64.56.45. E-mail : animation@pnr-martiniquecom. Plus d’infos : www. pnr-martinique.com.

→   Lire Plus

Où sont les jazzwomen?

La chercheuse Marie Buscatto a enquêté.

— Par Fara C. —

jazz_womenMalgré leur succès croissant, mis en lumière par Jazz à Saint-Germain-des-Prés et Jazz’Hum’ah notamment, les femmes du jazz peinent à obtenir la reconnaissance qu’elles méritent. Interview avec Marie Buscatto, auteure de l’édifiant livre « Femmes du jazz »
Le bilan de l’édition 2014 de Jazz à Saint-Germain-des-Prés confirme, année après année, le succès des femmes artistes que ce festival s’attache à mettre à l’affiche : concerts à guichets fermés (ou quasiment) pour Tricia Evy, Kellylee Evans, Sofie Sörman, Youn Sun Nah, Eliane Elias, Natalia M. King… De même, les rencontres publiques programmées et animées par Helmie Bellini (voir vidéo ci-dessous), par ailleurs talentueuse chanteuse, ont pour la plupart rempli la salle mise à disposition dans le cadre d’un partenariat par le café Les éditeurs.

→   Lire Plus

« Le métro fantôme » de Amiri Baraka

Adaptation et mise en scène de José Alpha avec Elisabeth Lameynardie, Eric Bonnegrace et Frédéric Philippy

— Par William ROLLE Sociologue, Professeur de Lettres au Lycée Lumina Sophie —
le_metro_fantome_rolle-2

Adaptation et mise en scène de José Alpha avec Elisabeth Lameynardie, Eric Bonnegrace et Frédéric Philippy

On ne dira jamais assez que le théâtre doit être consommé vif, comme les huîtres .Ce vif s’entend cependant de plusieurs sortes : la lecture à voix haute, l’exercice d’une mise en scène pour mettre en situation et surtout la représentation théâtrale, dans un lieu, qui a toute son importance.

Être dans le métro dans un petit théâtre à l’italienne foyalais, et en perspective de la mise en scène de José Alpha les stations, les quais du métro parisien qui défilent sur un écran ; arrêt, marche, monter descendre, apparaissent les anonymes voyageurs aussitôt qu’ils disparaissent des regards, d’une fenêtre à l’autre, la rame reprenant son immuable déplacement. Juste parfois le fugace sentiment qu’une brève rencontre aurait pu avoir lieu.

C’est ce qui se joue sur la scène entre deux personnages, Lula, une femme métis, et Clay, un homme noir ; mais là, dans cette violence des gestes et des paroles lors d’une étrange parade funèbre on croit saisir que chaque station, où il serait possible de descendre , n’est qu’illusoire.

→   Lire Plus

Le grand bond… en arrière !

— Par Félix Relautte —

syndicatSans coup férir, la CDMT est passée de la deuxième à la première place des centrales et confédérations syndicales martiniquaises. Et pourtant, militant CDMT et ancien secrétaire général de cette centrale, cela ne me réjouit pas. Pour la bonne raison que cette première place résulte en réalité d’un curieux choix de la CGTM : comme si elle voulait fêter d’une façon très paradoxale le cinquantième anniversaire de la transformation en 1963 de l’Union Départementale de la CGT (U.D. CGT) en CGTM. Ainsi, la centrale de Ghislaine Joachim-Arnaud vient de décider, sans congrès, de faire le chemin inverse, c’est-à-dire de se …ré affilier à la CGT de France. Toute plaisanterie mise à part, cette façon de revendiquer l’héritage de Walter Guitteaud et Victor Lamon en faisant le contraire de leur geste de véritable fondation du syndicalisme martiniquais autonome, est une défaite idéologique grave du mouvement ouvrier, du fait même de la place historique et numérique de la CGT dans le paysage syndical de notre pays.

→   Lire Plus

Le Jardin des Ombrages : deux témoignages

— Par Myriam Barthélémy et Claire Palmiste —

les_ombrages-5

Une visite inattendue au Jardin des Ombrages

— Par Claire Palmiste —
Le hasard fait bien les choses, dit-on. Ce fut un bonheur de vérifier ce vieil adage. Une banderole en guise de panneau éveille la curiosité du visiteur, pressé de découvrir les trésors que peut abriter ce jardin botanique discret. Les Ombrages, comme son nom l’indique, est tapi à l’ombre de la forêt tropicale. Situé à Ajoupa- Bouillon, il bénéficie d’un climat humide, à l’origine de sa végétation luxuriante. Sa singularité tient de la cohabitation paisible entre la bâtisse de l’ancienne distillerie datant du 19e siècle et la végétation, mais également de l’ingéniosité de celui qui veille sur lui.
Au début de la visite, les plantes « la misère » longent le « chemin des murmures » et tapissent les murs de l’ancienne distillerie Viviès, rappelant un pan sombre de l’histoire de l’île. Quelques pas plus loin, entraîné par le guide, Lucas, le visiteur a conscience de pénétrer dans un espace qui ne subsiste que grâce aux efforts d’un guide et aux bras généreux de ses amis.

→   Lire Plus