19 janvier : Grève pour nos retraites

— Le n° 281 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Voici un appel de la CDMT que nous diffusons

Mantè pa ni mémwa. En 2019, Macron expliquait : « il ne faut pas reculer l’âge de la retraite. Ce serait hypocrite. Arriver à 55 ans ce n’est déjà pas facile. Vous ne retrouvez déjà pas un emploi quand vous avez perdu votre travail. Alors après 62 ans ».

Aujourd’hui, il prétend reculer à 64 ans non pas « parce qu’on vit plus vieux », mais parce qu’il veut continuer à siphonner la sécurité sociale au profit du très grand patronat du CAC 40 ! Pendant ce temps, les salarié.e.s au bas de l’échelle devront toucher des retraites encore plus minables, puisqu’ils, et surtout elles, n’auront pas le nombre d’annuités exigé. Yo lé fè nou mâché kon kribich ! La productivité du travail augmente, les richesses produites augmentent, mais les petits doivent encore perdre des droits et vivre plus mal ! C’est une honte, une scélératesse. Nou ka di non, twa fwa non !

Malgré toutes leurs ponctions au profit des gros, la sécu peut payer des retraites décentes aux générations qui produisent la richesse sociale ! Pour améliorer les petites retraites, il suffit d’augmenter les salaires et donc les sommes versées à la Sécu, de développer l’emploi des jeunes comme des adultes pour les mêmes raisons !

Les emplois utiles à créer sont innombrables : dans la santé et le social (au lieu de brimer les non vaccinés), dans les multiples tâches de réparation du chlordécone (au lieu d’exonérer les coupables), dans la transition énergétique (au lieu d’aggraver les problèmes de pollution et de climat), dans le transport public, pour les mêmes raisons.

Défendre les retraites, c’est défendre la vie d’aujourd’hui et de demain, c’est défendre un mode de vie pour l’épanouissement de tous et toutes, et non pour le profit d’une poignée de voraces !

RÉUNISSONSNOUS EN MASSE LE 17 À 18H À LA MAISON DES SYNDICATS

TOUS ET TOUTES EN GRÈVE LE 19 POUR PRENDRE LA RUE !

CHLORDÉCONE :

UNE NOUVELLE PHASE DE LA LUTTE EST POSSIBLE, NÉCESSAIRE, URGENTE !

En dépit de son caractère très prévisible, l’annonce du non-lieu dans l’affaire du chlordécone, a porté l’indignation et la colère à un niveau jamais atteint jusquelà. Que de chemin parcouru depuis 2018, année où ce terrible sujet refaisait surface dans la foulée du Forum Social sur le chlordécone et autres pesticides ! À l’époque, la grande majorité des gens rencontrés dans les actions de popularisation menées par le tout nouveau Lyannaj Pou Dépolyé Matinik, nous reprochaient de réveiller un cadavre qu’il valait mieux, sans jeu de mot, laisser enterré !

Aujourd’hui, tout le monde se fend de son communiqué révolté, l’exigence de justice et de réparation est unanime, et on ne trouve personne pour défendre l’État ! Même les Macronistes voudraient bien qu’on n’accuse que les prédécesseurs !

Mais, le problème demeure colossal. On nous raconte que le pourcentage de personnes chlordéconées ne serait plus que de 25% ! Ne s’agitil pas simplement du pourcentage des personnes dont le taux dépasse les 5 microgrammes par litres de sang ? On nous raconte que les circuits officiels de vente sont sûrs, mais le critère de sécurité ne se base pas sur la seule exigence juste : celle du zéro chlordécone ! Sans compter que pour être rassuré dans la durée, il nous faut la garantie de pouvoir nous alimenter sans nouveau chlordécone, et sans remplacement par des importations ellesmêmes bourrées de pesticides en tous genres.

Dans son passage impromptu dans ses colonies antillaises, le ministre s’est révélé clairement sur la défensive. L’an dernier, il déclarait à une délégation de la CDMT, qu’il n’y avait plus de sujet chlordécone, que tout était sous contrôle, et qu’en 24 heures de sa présence, seule la CDMT lui avait encore parlé de la question. Aujourd’hui, il déclare comprendre l’indignation, s’interroge ouvertement sur l’insuffisance des moyens pour la réparation et souhaite à haute voix que cette tragédie criminelle ne soit évoquée que sur place, et qu’on ne vienne pas polluer le parlement français avec nos cris de colère.

La conclusion de notre analyse est simple : lorsque les victimes d’une abomination ne peuvent plus la supporter, lorsque l’État responsable ne peut plus faire la sourde oreille, alors les conditions sont remplies pour une action puissante et radicale afin d’imposer une solution. Lyannaj Pou Dépolyé Matinik, regroupement unitaire durable, dans lequel nos camarades militent à plusieurs titres, prend ses responsabilités. Après la manifestation de plus d’un millier de personnes appartenant à de nombreux mouvements de protestation contre la réquisition du non-lieu par le parquet représentant l’État, LPDM a eu un contact positif avec les Députés martiniquais, puis avec le président de la CTM.

En Guadeloupe, une démarche dans le même sens a eu lieu entre les assemblées, jusquelà peu audibles, et des organisations dont le Lyannaj pou dépolyé Gvvadloup (mouvement neuf mais composé d’organisations bien connues).

En France, un regroupement de syndicats et d’associations multiplie les communiqués qu’il reste à transformer en actes.

Tout cela indique qu’un nouveau changement d’échelle dans la protestation, et l’exigence de justice et réparation, est à portée de main. C’est le moment de mener cette mobilisation à la hauteur qui la conduira à des victoires concrètes, substantielles, indispensables.

Le toupet de Banamart

L’affaire mériterait un éclat de rire, si elle n’était pas aussi sinistre. Voici le groupement bananier qui vocifère contre l’État, qui a eu le front de se porter partie civile dans les plaintes chlordécone, et qui s’indigne qu’on mette en cause « les Békés ». À l’appui de leurs élucubrations, un énorme et insultant mensonge : « Nous avons été trompés par l’État. Nous ne connaissions pas la nocivité du chlordécone » etc. Quel culot ! Le cynisme de Yves Hayot était, si on peut dire, plus honnête.

Dans une interview que Martinique la 1ère devrait passer en boucle pendant tous les siècles que durera la pollution, ce chef béké interrogé sur sa responsabilité dans le crime répondit : « Que vouliezvous qu’on fasse ? C’était le seul moyen efficace qu’on avait pour lutter contre le charançon du bananier ! » Il ne tentait donc pas de nier qu’il savait la nocivité ! Ni de faire oublier sa pression sur les élus et l’État pour obtenir l’usage, puis la prolongation de l’usage du poison. Il disait plus crûment que ses profits valaient mieux que la santé et la vie des humains et de la nature.

Cette franche arrogance, ne vautelle mieux que l’actuelle hypocrisie de Banamart ? Que chacun prenne le temps désiré pour répondre.

Marcher séparément, frapper ensemble ?


La formule de Lénine, souvent reprise ici et là, nous convient parfaitement.

Le tout est dans la compréhension et dans l’application ! Comme on voit, elle comprend deux termes et l’équilibre est essentiel. L’un ne va pas évidemment, sans l’autre ! Marcher séparément est évidement le plus facile. À vrai dire, aucun effort n’est nécessaire, du moins pour celles et ceux dont nous avons baptisé le réflexe tenace d’un néologisme très martiniquais : le « chakbètaféisme ». Zot za sav ! chak bètafé…

Le frapper ensemble essentiel, demande un autre effort ! Du moins si on ne veut pas qu’il soit autre chose, que le résultat du hasard ou la simple réponse à une injonction venue d’ailleurs. Ainsi des syndicats n’agissant ensemble que lorsque une consigne vient « de la-bas », qui ne ressentent pas le besoin d’une réflexion propre sur la stratégie et les tactiques, ne se donnent pas les moyens de « frapper ensemble »! Ils n’arrivent qu’à frapper côte à côte, ce qui revient à une abdication stratégique fort éloignée de l’objectif ! On se doute bien que cette démission ne concerne pas uniquement les pratiques syndicales !