17 septembre et après ?

— Le n°268 de « Révolution Socialiste », journal du G.R.S. —

Le rassemblement du 17 septembre (18h à la maison des syndicats) convoqué par des syndicats (C.D.M.T., C.G.T.M., F.O., U.G.T.M.), des associations (KAP Caraïbe, Culture Égalité, U.F.M.), des organisations politiques (C.O., G.R.S, INSOUMIS de Martinique, PALIMA, PÉYIA), a pointé les problèmes cruciaux du moment, sous le vocable global de la misère sociale et de son aggravation.

L’initiative se veut ouverte, tant dans sa composition que dans la définition des revendications et des échéances de lutte. L’essentiel est de se mettre en mouvement. C’est peu de dire que la situation l’exige.

La Guadeloupe, dans une configuration unitaire plus forte, est depuis des mois dans un calendrier de puissantes manifestations à répétition.

En France, la mobilisation du personnel de Total est le signe et l’accélérateur d’une extension de la combativité qui marche sur les traces du réveil du mouvement ouvrier anglais.

Au mouvement social martiniquais de construire son unité dans la lutte et de répondre aux besoins ressentis dans la population. Des esprits chagrins évoquent déjà, ce qu’ils présentent comme un spectre : Février 2009 ! Lorsqu’il s’agit des Profiteurs et de leurs mercenaires, leur frisson nous comble de joie. Lorsqu’il s’agit de militant-e-s du peuple, nous devons leur dire de ne pas répéter la défaillance principale du grand, beau et légitime mouvement de 2009 : nous nous devons de nous impliquer dans une préparation indispensable sur les revendications, sur les modalités d’organisation et les stratégies.

Or la répétition de cette lacune nous pend au nez, d’abord parce que la plate-forme longuement élaborée dans la chaleur de cette puissante lutte est restée, depuis dans les tiroirs, au lieu d’être à la fois popularisée et actualisée. Si les dirigeant-e-s du mouvement social portent la responsabilité principale dans cette lacune, les critiques d’aujourd’hui ne sont pas sans reproche. Il suffit de leur poser une question simple mais terrible : Que faites vous pour corriger les choses ? Vous y ajouterez le supplément suivant : Où est votre pression sur les responsables ? Où est votre aide à ceux qui ressassent le problème ? Où est votre tentative de proposer une alternative crédible ?

Dans un moment, où chacun perçoit bien les urgences tant au niveau de la Martinique, des dernières colonies de la France, de la France elle-même, et du monde, il serait bon de se rappeler les paroles du poète : «car la vie n’est pas un spectacle ! et un homme qui crie, n’est pas un ours qui danse ! ».

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Démocratie ou privation du débat 


L’esprit du marché plane sur le monde capitaliste globalisé.
Il est partout. Il est dans la
« tarification à l’acte » imposée dans la gestion de l’hôpital public. Il est dans la volonté macronienne de remplacer les lycées d’enseignement professionnel par l’apprentissage généralisé dans le secteur privé. Il est dans l’adulation de la « culture d’entreprise », comme religion dans les collectivités publiques. Et, le voici maintenant gangrenant le « débat » que la C.T.M. organise autour du congrès des élu-e-s !

Contournant les structures que les masses se sont données pour agir (syndicats, associations, partis, mouvements citoyens), abdiquant leur propre rôle dans le débat politique avec le peuple, les dirigeants de la C.T.M. ont préfèré faire appel à une officine privée, pour concevoir et conduire les débats. L’émasculation qui en résulte se fait au nom de l’expertise, de l’objectivité, etc.

Ainsi donc, des a priori idéologiques douteux privent le « débat » de la C.T.M. de l’expérience accumulée au cours de dizaines d’années par des centaines d’actrices et d’acteurs sociaux engagé.e.s, avec les masses et en leur sein, dans les combats de la vie. La légitimité de « la rue » est niée.

La priorité est donnée à l’expression individuelle, atomisée au hasard des bonnes volontés présentes dans lesdites réunions. Aucune vraie confrontation d’idées, aucun engagement collectif ne peuvent naître dans un tel contexte. Avec le Pouvoir, la C.T.M. veut « négocier ». Avec la population, réduite aux réunions dont nous parlons, pas question de négocier, on décide pour elle.

En fait, il s’ agit juste de se donner les moyens de pouvoir dire demain que le peuple a été écouté, pas de lui donner vraiment la parole, et de lui permettre de peser sur ses destinées. Regrettable, que le front des élu-e-s dignes et du mouvement social, ne soit pas à l’ordre du jour de ce scénario !

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Traitement de déchets ou vache à lait ?

Le SMTVD (syndicat martiniquais de traitement et de valorisation des déchets) a fonctionné comme un lieu d’accumulation d’abus de biens sociaux, de favoritisme, de recrutements illicites, de ventes irrégulières, de promotions illégales, de pratiques frauduleuses et autres dysfonctionnements.

Le rapport de synthèse de la chambre régionale des comptes de 81 pages, que nous avons lu, montre, entre 2014 et 2020, un aperçu de la corruption, du népotisme, du clientélisme chez une bonne poignée d’élu.e.s et de l’aveuglement (sinon du soutien ?) d’une partie de l’appareil d’État. Tout ceci met à bas l’intérêt général. Les médias en ont parlé, et les réseaux sociaux ont diffusé le long double commentaire de Karl Paolo.

Nous reviendrons sur les détails de ce méga-scandale et sur les propositions démocratiques que le camp du progrès doit avancer.