11 novembre 1831. Le jour où l’esclave rebelle Nat Turner est pendu en Virginie

Le 11 novembre 1831, l’esclave Nat Turner est pendu à un arbre. Quand son cadavre se balance enfin au bout d’une corde, une féroce clameur s’élève de la foule blanche. Des enfants s’approchent pour jeter des bananes… Des hommes surexcités décrochent le cadavre. Ils lui arrachent ses haillons. Certains commencent à l’écorcher. D’autres arrachent des lambeaux de chair qu’ils mettent à fondre dans un chaudron pour en tirer de la graisse. Au moyen d’un grand couteau, un homme découpe la tête avec laquelle il repart, fier comme Artaban.

Nathaniel dit Nat Turner, né le 2 octobre 1800 et mort pendu le 11 novembre 1831, est un esclave afro-américain. En 1831, il conduit une révolte dans le comté de Southampton en Virginie. Cette insurrection sanglante d’esclaves entraîne une répression, légale et illégale, encore plus sanglante, et l’émergence de nouvelles lois dans les États du Sud, plus contraignantes encore pour les esclaves.

Enfance

Le 11 février 1831, voyant en une éclipse annulaire de soleil le signe divin qu’il attendait, il décide de mener une action contre les propriétaires d’esclaves. Initialement prévue pour le 4 juillet, jour de fête nationale, la révolte est repoussée pour des raisons d’organisation. Un second événement stellaire intervient le 13 août 1831, jour où le soleil se teinte d’une ombre verdâtre, sans doute due aux suites d’une éruption volcanique géante du mont Saint Helens[2] : Turner y voit un signe déclencheur et la révolte éclate une semaine plus tard, le 21 août 1831.

La révolte de 1831:

Cette révolte dure deux jours, pendant lesquels sa bande, qui comporte jusqu’à 70 hommes, massacre une soixantaine de blancs, hommes, femmes ou enfants[3]. Une milice deux fois plus puissante que la faction d’esclaves révoltés finit par mettre fin à ses agissements. Toutefois, Nat Turner n’est capturé que le 30 octobre. Il est jugé le 5 novembre dans la ville de Jerusalem en Virginie et pendu le 11 novembre avec dix-huit de ses compagnons, son corps étant ensuite mutilé[2]. Avant son exécution, l’homme de loi Thomas Ruffin Gray l’interroge et recueille ses paroles dans un ouvrage ensuite publié sous le nom de Confessions de Nat Turner[4] et qui constitue un document historique essentiel pour mieux comprendre le personnage de Turner.

Conséquences

Les craintes d’une révolte des esclaves comme celle de Saint-Domingue s’exacerbent au sein des élites esclavagistes du Sud et les relations inter-raciales se durcissent. Les autorités du Sud se montrent de plus en plus réticentes aux doctrines plus libérales des Nordistes vis-à-vis de l’esclavage, ce qui constitue une pierre d’achoppement importante dans les événements qui mèneront quelques décennies plus tard à la guerre de Sécession.
Bibliographie

Confessions de Nat Turner (récit autobiographique recueilli en prison par l’avocat de Nat Turner, Thomas R. Gray), Allia, 2017, (ISBN 979-10-304-0473-9).
Les Confessions de Nat Turner, roman de William Styron, Gallimard, 1969, (ISBN 2-07-037425-4).

 

Sources: LePoint.fr et Wikipedia