« Travail, Famille, Patrie » ?

Par Maurice Laouchez

Les débats en cours sur le mariage homosexuel et la procréation médicalement assistée interpellent sur les véritables valeurs de la République.
La Révolution française a imaginé la devise qui devait faire le tour du monde et, à tort ou à raison, a désigné la France comme LE pays des droits de l’Homme. Liberté, Egalité, Fraternité. Or, de nombreuses attitudes montrent que nous sommes davantage dans la défense du travail, de la famille et de la patrie que dans la mise en oeuvre concrète de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.
La formule de « l’Etat Français » , Travail, Famille, Patrie, trouve son origine dans les pleins pouvoirs accordés au Maréchal Pétain le 10 juillet 1940 par des Parlementaires issus des élections de 1936.
En ce temps-là, la France était occupée par les troupes nazies. Il s’agissait d’obtenir d’une population vaincue et humiliée l’Obeissance à l’ennemi vainqueur et au gouvernement qui avait accepté de collaborer avec lui.
La devise « Travail, Famille, Patrie » correspondait à cette situation-là, dans ce lieu-là.
Travailler et obéir à l’employeur, s’occuper de sa famille et obéir au père de Famille, servir la Patrie en respectant les instructions venues de dirigeants asservis et de leurs maîtres étrangers : telles étaient les raisons profondes de la nouvelle devise nationale.
Dans le contexte d’aujourd’hui, il n’y a pas d’occupation armée. La place du travail a besoin d’une totale réévaluation. La famille n’est plus ce qu’elle était. Composée, décomposée, recomposée, c’est peu de dire qu’elle a besoin d’être réinventée en intégrant Google, Facebook, la télévision et le téléphone portable.
Quant à la Patrie, elle résiste mal à notre société mondialisée.
LE BIEN VIVRE ENSEMBLE
C’est dans ce contexte que l’on doit dire aux homosexuels si oui ou non les mêmes droits leur sont reconnus qu’aux hétérosexuels.
La donnée de base, c’est que l’on ne choisit pas plus d’être homosexuel que d’avoir les yeux marrons ou d’être gaucher. L’homosexualité est une donnée de la nature, qu’il faut ou non assumer.
Il existe de nombreuses personnes qui ont constaté, au plus intime de leur être, des pulsions homosexuelles qu’elles ont cherché longtemps à combattre. Hommes ou femmes, elles ont du céder aux appels irrésistibles de leur propre corps. D’autres ont très vite assumé, notamment lorsqu’elles ont été comprises par leur entourage. Mais, pour tous, il faut tous les jours combattre des préjugés et des violences qui ont parfois conduit à des meurtres. Il y a cinq fois plus de suicides chez les adolescents homosexuels que chez les hétérosexuels.
Le but ultime des sociétés est bien l’épanouissement de chaque personne, le bien vivre ensemble, le recul de toutes les violences et de toutes les souffrances.
L’égalité des hommes et des femmes, indépendamment de leurs orientations sexuelles, relève d’une saine application de la devise de la République, même si elle heurte des principes pluriséculaires qui ne sont exempts ni de mensonges, ni de violences.
Dans les débats actuels parviendra-t-on à éviter d’inutiles souffrances à des hommes et à des femmes, au demeurant peu nombreux, qui méritent, comme tous ceux que la nature a faits hétérosexuels, Liberté, Egalité et Fraternité ?
Maurice Laouchez