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Une atteinte à la mémoire de l’esclavage !

— Par Sylvie Glissant, Loïc Céry, Louis Sala-Molins —

institut_tout-monde_logoParis, le 11 octobre 2016

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Avis de l’Institut du Tout-Monde sur la célébration des mémoires de l’esclavage

Le 5 octobre 2016, c’est à l’unanimité d’une poignée de députés que l’Assemblée nationale a adopté, dans le cadre de la première lecture du projet de loi sur l’Égalité réelle outre mer, un amendement modifiant la loi du 30 juin 1983 relative à la commémoration de l’abolition de l’esclavage. Pour être définitivement ratifié, cet amendement devra faire l’objet de l’adoption définitive de la loi, actuellement en voie de navette parlementaire.

Le 7 octobre, l’Institut du Tout-Monde a rendu publique sur Mediapart une tribune s’opposant à cet amendement, et lancé une pétition visant à en obtenir le retrait (voir liens indiqués en annexes). Nous avons été rejoints depuis par plusieurs associations dont le Collectif du 10 mai et MIR France, demandant aux parlementaires français de réexaminer cette modification de la loi que nous estimons dangereuse à plus d’un titre.

Cet amendement procède à la rupture d’un équilibre qui avait été trouvé au sein de la législation française à propos des mémoires de l’esclavage, en vertu des dispositions inhérentes à la loi dite Taubira du 21 mai 2001 portant reconnaissance de l’esclavage comme crime contre l’humanité et du décret pris le 30 mars 2006 par Président de la République, faisant du 10 mai la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.

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Halte au bricolage législatif autour de la mémoire de l’esclavage

— Par Sylvie Glissant, Loïc Céry et Louis Sala-Molins —

memoire_esclavagePour tous ceux qui ont à cœur d’accorder à l’histoire tragique de la traite transatlantique la place qui lui revient dans l’histoire de France, pour tous ceux qui œuvrent depuis des années à la perpétuation de la mémoire qui s’y rattache, l’annonce par le Président de la République dans son discours du 10 mai 2016, lors de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, de l’élaboration d’une fondation nationale dédiée à ce passé, avait représenté un tournant crucial à plus d’un titre. Le Président de la République réaffirmait ainsi l’engagement de l’État dans le projet de cette institution nationale qui avait été formulé voilà déjà dix ans de cela. Il y a maintenant une décennie, le Président Jacques Chirac avait demandé à l’écrivain Édouard Glissant un rapport officiel (publié sous le nom de Mémoires des esclavages, Gallimard / Documentation française, 2007) qui en donnerait l’inspiration et en dessinerait les contours. Nous étions alors en mars 2006, et le Comité pour la mémoire de l’esclavage (devenu Comité national pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage) voyait le jour sous la présidence de Maryse Condé.

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Le « Code Noir » est bien une monstruosité

— Par Louis Sala-Molins * —

code_noir-2Parmi d’autres, deux lectures de l’histoire de la codification de l’esclavage des Noirs sont en cours. Accompagnant dans Le Code Noir, ou le calvaire de Canaan l’exhumation en 1987 (PUF, l’édition en cours est la douzième) du Code Noir, l’une d’elles confronte cette codification aux idéologies de son temps, Grand Siècle, Lumières, Droits de l’homme et du citoyen, Révolution, République, Empire, Restauration et j’en oublie, en analyse et pondère chaque article, s’attarde sur les comportements des maîtres, insiste sur la licité scandaleuse de l’esclavage, la condamne en bloc et parle de « monstruosité juridique ».

L’autre la renvoie à l’histoire de la production des lois, en souligne les bienfaits – le Code Noir « établit une médiation entre le maître et l’esclave » (Dahomay, Dorigny, Harouel, dans Le Monde du 11 juillet et, par ailleurs, Niort) -, en observe les rigueurs, mais déplore surtout les effets pervers de son irrespect par les colons : « Ce n’est pas tant la loi – y compris celle du Code Noir – qui pose véritablement problème, mais la difficulté qu’elle a eue à exister effectivement et à être respectée dans les faits et les pratiques », écrivait l’historien Jean-François Niort en 2013.

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