Pesticides : passer du discours aux actes!

— Par Florent Grabin Président de P.U.M.A.

Lettre ouverte à Monsieur le Directeur général de l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail,

La Préfecture nous a informés de votre venue en Martinique et de votre participation au COPIL du 1er juillet 2019, c’est avec le plus grand intérêt que nous souhaitons avoir votre regard sur la pollution chimique aux pesticides.

C’est avec insistance que nous persistons à ne pas être caution de la logique de l’Etat qui consiste à ne travailler que sur la molécule Chlordécone, sans tenir compte des autres pesticides organochlorés, qui sont présents dans la nourriture importée ou produite localement, sans occulter la molécule Glyphosate qui représente 41,5% de la préparation Roundup Pro 360 et en constitue la substance active, tandis que le composé d’ammonium quaternaire en représente 9,5%.

Dans le même temps, l’annexe VI du règlement n°1272/2008 classe la Glyphosate dans la catégorie H411 « toxique pour les organismes aquatiques – Entraîne des effets néfastes à long terme. » et la fiche de sécurité du Roundup Pro 360 indique que le composé d’ammonium quaternaire a une « toxicité chronique aquatique ». Pourquoi ces derniers sont-ils mis à l’écart dans le débat actuel ?

Au vu de la décision du 15 janvier 2019, par laquelle le Tribunal Administratif de Lyon stipule dans son : Article 1er :

‘’La décision du 6 mars 2017 par laquelle le directeur général de l’agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail a autorisé la mise sur le marché du produit phytopharmaceutique Roundup Pro 360 par la SAS Monsanto est annulée’’.

Par exemple, les cancers reconnus en justice comme liés à l’utilisation du Roundup se sont révélés trente ­années ou plus après le début de l’exposition.

Nous sommes inquiets et interpellés par les travaux qui sont actuellement en cours sur la Chlordécone, d’autant plus, que dans la population il y a certaines personnes qui s’imaginent que ce pesticide est encore utilisé ; de nombreux agitateurs patentés ont fait du sujet Chlordécone leur fonds de commerce, ce qui vient polluer la connaissance scientifique.

Afin de ne pas tromper l’attente de la population, nous espérons de vous la production de l’autorisation de mise sur le marché qui a été prise pour la vente du KEPONE, à base de Chlordécone et de la Glyphosate du Roundup. C’est avec ce document que l’on pourra avoir tout l’éclairage sur les composants à base de résidus de pétrole et les adjuvants se trouvant dans ces pesticides.

Nous nous permettons d’attirer votre attention sur le fait que le Tribunal de l’Union Européenne (UE) a rendu le 7 mars 2019 un jugement indiquant que les études confidentielles sur la toxicité du Glyphosate doivent être rendues publiques.

En annulant une décision de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA), le Tribunal a confirmé que l’intérêt du public à accéder aux informations en matière d’environnement était supérieur aux intérêts commerciaux.

Concernant les autres molécules chimiques, au nombre de 375, qui composent le biofilm, à l’interface des tuyaux de transport de l’eau de boisson et qui revient au robinet du consommateur, tel indiqué dans un document de la Préfecture en réponse à notre demande du 6 juin 2008.

Nous avons fait parvenir à Monsieur le Préfet notre proposition ‘’PUMA Zéro pesticide’’ et espérons qu’avec le plan 4, nous pourrons répondre aux exigences du Gouvernement qui réaffirme, dans le 3e plan ‘’Ecophyto’’, sa volonté d’atteindre les objectifs de réduction de l’utilisation des produits chimiques de synthèse, de moitié d’ici à 2025 et de sortir du Glyphosate pour une majorité des usages d’ici fin 2020.

Les ‘’interprofessions végétales’’ qui rassemblent les producteurs et transformateurs de céréales, légumineuses, oléagineux, vigne, légumes et fruits ont été informées de cette nouvelle réglementation. La poursuite des efforts consentis par la filière banane avec le retrait de plus de 70 % de pesticides dans leur production devra être prise en compte, afin d’accompagner la profession dans la recherche de méthodes alternatives à l’usage des molécules chimiques.

Il va sans dire, que nous devrons être très exigeants sur la qualité des petits pots pour bébés, quand on sait que les agriculteurs français sont les plus grands utilisateurs de pesticides au monde et que de très nombreuses études confirment la présence de résidus pesticides dans cette production.

Avec ces éléments factuels, nous ne devons pas alimenter nos bébés en les gavant de molécules et autres perturbateurs endocriniens, qui à terme vont contribuer à la survenance de pathologies lourdes et de cancers.

Le temps représente un enjeu décisif avec lequel les firmes de l’agrochimie jouent pour commercialiser des pesticides, qui du fait de leur toxicité, sont retirés les uns après les autres pour y substituer d’autres molécules, ou des mélanges variés, ouvrant à de nouvelles études… et de nouveaux profits. La course est sans fin entre les firmes, les agences de sécurité, les chercheurs toxicologues, et les politiques qui n’ont pas, le plus souvent, les connaissances pour discerner le vrai du faux. Un fongicide, comme l’époxiconazole, mis en cause en 2013, enfin retiré par l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail), est déjà remplacé par une molécule sœur !

Persévérer dans cette voie, en ne prenant pas en compte toutes ces données scientifiques confirmées par des experts indépendants et des décisions judiciaires, nous ne devrons pas regarder nos enfants en leur disant : ‘’JE VOUS AIME’’.

Face aux dégâts déjà constatés sur la nature et à l’incertitude menaçante pour l’Homme, nous attendons de cette rencontre des décisions fermes, d’autant que les opinions publiques seraient sans doute aujourd’hui favorables à l’application immédiate du principe de précaution.

Selon nous, il faut concentrer les moyens pour cultiver et protéger autrement, comme l’affirme le programme prioritaire de recherche gouvernemental, passer du discours aux actes et stopper l’usage des pesticides au plus vite.

Les débats sur les pesticides se concentrent souvent sur les risques qu’ils font peser sur la santé et l’environnement. ‘’Deux tiers des résidus présents dans l’alimentation européenne sont le fait de molécules suspectées d’être des perturbateurs endocriniens’’, révèle une enquête de l’ONG Générations futures publiée mardi 4 septembre 2018 ; pourtant, l’utilisation des pesticides perdure, pour le comprendre, il faut saisir le rôle que jouent ces produits dans notre agriculture, encore aujourd’hui très dépendante.

Nous tenons à rappeler que nous ne sommes en compétition avec personne, nous n’avons aucune envie de jouer le jeu d’être mieux que quiconque, nous essayons seulement d’être meilleurs que nous ne l’étions hier, à charge pour la classe politique, toutes tendances confondues, de prendre toutes ses responsabilités Pour Une Martinique Autrement.

Pour l’association écologique P.U.M.A

Le Président, Florent Grabin