L’Organisation Internationale du Travail ( O.I.T.) met en garde les Antilles contre « le chaos qui vient « .

— Par Jean-Marie Nol —
Actuellement se déroule en Suisse 🇨🇭 une grande conférence de l’O.I.T., (organisation mondiale du travail) où une quarantaine de chefs d’État et de gouvernement se penchent sur l’avenir du marché du travail soumis selon les dires du secrétaire général de l’organisation à des changements dramatiques. Dans le monde, le marché du travail connaît de profondes transformations dues à la technologie. L’Organisation internationale du travail s’y intéresse de près et insiste sur la nécessité de dispenser de la formation tout au long de la vie.
Il y a cent ans, l’Organisation internationale du travail naissait sur les ruines de la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, elle célèbre un siècle d’existence à un moment critique. Jamais le marché de l’emploi n’a connu d’aussi profondes transformations en raison d’avancées technologiques fulgurantes. S’il nécessite ici ou là des réformes de fond pour assurer une prospérité synonyme d’emplois, il est aujourd’hui profondément bousculé par la 4e révolution industrielle, l’intelligence artificielle et la robotisation. Aujourd’hui au centenaire de l’O.I.T. est organisé une conférence , avec des enjeux qui nous concerne nos îles Antillaise au premier chef.

Comment allons nous travailler demain ? Quel avenir pour le salariat ? Comment l’intelligence artificielle va-t-elle modifier les marchés du travail ?
Tels seront les thèmes abordés lors de la quinzaine de l’OIT qui fête ses 108 ans. Vénérable institution qui a aujourd’hui pour mission de porter la dimension sociale de la mondialisation.
Cette conférence annuelle sur le Travail qui a démarré lundi à Genève doit aboutir sur deux textes majeurs: une Convention sur le harcèlement au travail et une Déclaration sur l’avenir du travail face aux nouveaux défis comme le changement climatique et les nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle. Et le problème est qu’en Guadeloupe voire en Martinique , les dangers à terme d’une économie sous perfusion publique sont occultés par nos responsables politiques. L’OIT met d’ores et déjà en garde les petits pays comme la Guadeloupe et la Martinique trop dépendants des emplois du secteur tertiaire. Ces derniers emplois sont d’après L’OIT virtuellement menacés de déclassement par la numérisation et la robotisation d’ici une décennie.
La Guadeloupe et la Martinique sont menacées du fait d’une trop grande vulnérabilité aux emplois du secteur tertiaire.
Les financements publics extérieurs, l’État et les institutions publiques représentent près de 90% du PIB de la Guadeloupe et de la Martinique selon l’AFP. L’économie dépend des fonds publics par le biais des dépenses d’investissement, des dépenses de solidarité et des salaires des agents publics. Ceci est d’autant plus vrai que l’activité primaire et secondaire en est elle-même largement dépendante. Nous réitérons le fait que les transferts publics de la sur-rémunération des fonctionnaires en provenance de l’Hexagone tirent vers le haut les prix, alimentent l’assistanat, et empêchent la diversification vers une économie de production parce que le système subventionne de la consommation et non pas de l’investissement . Tout l’enjeu est non pas de dépenser moins mais de rediriger l’argent en direction de l’investissement au lieu de surpayer les fonctionnaires. Cet argent public doit donc être fléché vers le secteur de la production. L’on constate ainsi qu’il existe peu d’emplois par rapport à la population en âge de travailler et surtout des emplois moins productifs.

Les secteurs à forte valeur ajoutée étant peu développés en Martinique et Guadeloupe , les emplois sont moins productifs . En fait , les emplois actuels en Guadeloupe et Martinique ne sont pas à forte valeur ajoutée et donc risque de disparaitre à la fin de la décennie à venir. Désormais, il faut arrêter de tergiverser et prendre acte que nous ne pouvons plus faire reposer la croissance, le progrès, notre avenir sur les contingences du passé de la départementalisation . Nous devons donc remettre en question nos certitudes et changer de modèle de société. La révolution robotique et singulièrement numérique qui nous attend va remplacer en Guadeloupe comme en Martinique près de la moitié de la population active par des machines à horizon 2030 . Un bouleversement potentiellement catastrophique qui aggravera la pauvreté et les inégalités aux Antilles . Lors de nos nombreux articles sur la question, nous n’avons eu de cesse d’insister sur la nécessité de s’adapter au monde en mutation dans lequel nous vivons. Que ce soit au niveau mondial, national, régional et local. Pour nous, la Guadeloupe et la Martinique sont ainsi face à de nombreux défis à relever, pour lesquels elles n’ont malheureusement pas beaucoup d’atouts. Je suis totalement dubitatif pour l’avenir , car le monde a changé d’échelle et ça les Antillais ne l’ont pas encore compris. Demain, un grand nombre de travailleurs seront laissés au bord du chemin, du fait de la révolution numérique et l’intelligence artificielle . Il s’agit de ceux qui se situent au milieu de la hiérarchie sociale.Les conséquences sociales, et on le voit aujourd’hui politiques, de ces transformations seront radicales. Les classes moyennes se sentiront déclassées, car elles ne pourront capter qu’une part infime de la valeur qui sera créée ces prochaines années. Qui plus est, le blocage de l’ascenseur social ne permettra pas une projection sur les générations qui suivent et donc appauvrissement attendu de nos territoires. Les hommes politiques de nos territoires se doivent de réagir avant qu’il ne soit trop tard et pour ce faire, ils doivent impérativement anticiper le chaos annoncé du marché du travail aux Antilles.

Jean-Marie Nol