Nou anrajé !Yo anrajé !

— Par Manuéla Amable-Potiron, Présidente de l’AUTM —

Depuis presque 5 mois, les usagers n’en peuvent plus.  Yo anrajé !
Certains usagers qui travaillent avec des personnes âgées ne sont plus capables de se rendre sur leur lieu de travail, d’une part car ils sont fatigués, d’autre part manque de moyen financier et manque de transport.

Quand certains automobilistes s’arrêtent c’est pour culpabiliser nos usagers par leurs remarques:

L’emploi que vous occupez nécessite un véhicule
Il faudrait que les usagers passent le permis.
Yo pa ni fwè, sè….
Des remarques désobligeantes qui poussent les usagers à faire la route à pied.

Toutes et tous souffrent :
Fatigue
Vertiges
Le soleil
Dépression
Diminution de volonté
Surmenage, il faut partir plus tôt Peur d’arriver en retard
Des blâmes pour retards successifs voir des licenciements
Non renouvellement de contrats

On comprend que les usagers soient dégoûtés, à bout, peu motivés et ne croient pas à la mobilisation,

Tou sa pou an transpô bililik !

Pour d’autres :
-La solution miracle en dépit des conséquences financières ; l’achat d’un véhicule
-Ne rien faire et attendre que cela s’arrange Les usagers victimes de ce blocage sont fragilisés physiquement, moralement, financièrement.
Comment voulez-vous qu’ils réagissent à cette prise en otage d’un pays où il y a 3 véhicules dans une famille voir plus.

203 525 c’est le nombre d’immatriculations de véhicules particuliers en 2018.Plus de 5% d’augmentation des ventes de véhicules en 2019.

En ce moment Il fait bon d’être concessionnaire automobiles !
Sans rentrer dans le cadre juridique,  je rappelle qu’une absence d’un salarié pour cause de transport,  grève…peut-être considéré comme une faute grave et validée par le tribunal si l’employeur prouve que le salarié n’a pas tenté de solutions alternatives.
Certains employeurs peuvent appliquer des retenues sur salaire.Ce sont encore les plus démunis qui souffrent.
Si certains usagers voyaient leur emploi comme un épanouissement une valorisation, aujourd’hui cela devient un handicap pour eux.
Cette situation devient  intolérable  grotesque,

Sortir de cette impasse, sortir de ce conflit, nous voulons nos bus, nos navettes

La médiation c’est une urgence,
Nou koumansé ni asé  !
Que tous les protagonistes de cette catastrophe se réunissent pour sortir la Martinique de cette léthargie.
Lé usajé ka soufè  !

Fort de France, le 4 avril 2019
La présidente Manuéla Amable-Potiron